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Réapparition du loup africain confirmée par des analyses génétiques

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Un canidé observé au Sénégal en 2008 a suscité des interrogations dans la communauté scientifique. Des analyses génétiques viennent de confirmer qu’il s’agit d’un loup africain (Canis lupus lupaster) coexistant avec des chacals. L’aire de répartition de cette espèce "redécouverte" serait gigant-esque, puisqu’elle s’étend de l'Éthiopie jusqu'au Sénégal.

Philippe Gaubert du Laboratoire de biologie des organismes et écosystèmes aquatiques (Borea, MNHN /CNRS / IRD /UPMC) a mené une étude en partenariat avec l'association Sylvatrop pour confirmer la possible existence du loup en Afrique, évaluer sa répartition actuelle et déterminer ses caractéristiques génétiques et démographiques. Pour ce faire, des échantillons de canidés ont été récoltés en Afrique du Nord et de l'Ouest.

Leur ADN mitochondrial, hérité de la mère, a ensuite été partiellement séquencé. Les informations récoltées devaient également permettre de déterminer les délimitations taxonomiques existant entre le loup africain et le chacal doré Canis aureus, ce dernier ayant été considéré comme le remplaçant écologique du loup en Afrique.

Cette étude, publiée dernièrement dans Plos One, a conduit à délimiter une nouvelle lignée mitochondriale de loups gris, correspondant à la sous-espèce Canis lupus lupaster, ou loup africain. Des procédures de classification taxonomique basées sur les séquences d'ADN mitochondrial ont permis d'identifier les canidés échantillonnés en Algérie, au Mali et au Sénégal comme étant des loups africains, ce qui étend l'aire de répartition de la sous-espèce à une large bande de 6.000 km allant de l'Éthiopie au Sénégal.

Les analyses génétiques ont également montré que le loup africain est une lignée relativement ancienne car présentant le niveau le plus élevé de diversité génétique au sein de l'espèce C. lupus et dont l'âge géologique est similaire à celui des loups holarctiques (Pléistocène). Les résultats obtenus suggèrent donc que le loup africain représente une lignée endémique à l'Afrique dont les effectifs sont probablement restés stables au cours du temps, tout au moins jusqu'à la période actuelle.

Des observations de terrain inédites, menées au Sénégal, ont permis aux chercheurs de dresser un premier diagnostic morphologique et comportemental du loup africain. Des éléments, tels qu'une tête plus large et une queue plus courte, ainsi qu'un collier blanc plus développé et un comportement solitaire, le distinguent clairement du canidé sympatrique qu'est le chacal doré. Cependant, les limites taxonomiques entre le loup africain et le chacal doré restent encore à clarifier, les résultats des analyses génétiques suggérant des événements d'hybridation entre C. I. lupaster et C. aureus au Sénégal.

Eu égard aux actes de destruction (tirs, piégeages, empoisonnements) auxquels sont sujets les canidés sur le continent africain, il apparaît urgent de caractériser le statut de conservation des populations de la lignée africaine du loup gris (C. l. lupaster), et de redéfinir les délimitations taxonomiques du chacal doré. Actuellement, des travaux menés par la même équipe de recherche sont en cours en Afrique de l'Ouest afin de caractériser plus finement les interactions entre ces deux canidés.


FUTURA SCIENCES 17/10/2012

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