Une nouvelle expédition lancée en Polynésie pour percer les secrets de l'île d'Eiao

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L'archéologue Michel Charleux, 67 ans, est parti le 18 février pour une septième mission de 105 jours, sur l’ile d'Eiao dans l'archipel des Marquises, en Polynésie française. Il va fouiller les lieux où travaillaient des artisans, il y a 800 ou 900 ans, à la recherche d’éléments sur les conditions d'existence de l'époque.

C’est dans l’ile d'Eiao dans l'archipel des Marquises, en Polynésie française, que le journaliste Georges de Caunes et son chien s'étaient isolés en 1962 pendant quatre mois, pour mener une vie de Robinson. C’est sur cette même île que l’archéologue Michel Charleux se rend pour une septième mission de trois mois (105 jours) accompagné de trois marquisiens, qui l'assisteront dans ses travaux.

Il s’agit pour le chercheur de poursuivre ses précédentes fouilles qui lui avaient permis de déterminer qu'une activité artisanale avait débuté à Eiao il y a 800 ou 900 ans, pour cesser vraisemblablement il y a un peu plus de 200 ans. Michel Charleux fouillera ainsi les lieux où travaillaient autrefois les artisans polynésiens, pour obtenir des datations et recueillir des éléments sur les conditions d'existence de l'époque. Il cherchera surtout à comprendre la technologie utilisée pour obtenir un outil, comme une herminette (hache à la lame perpendiculaire au manche), à partir d'un bloc de basalte.

"Il s'agira de recoller les éclats les uns avec les autres, pour voir sous quel angle l'artisan a frappé, pour reconstituer un puzzle en trois dimensions", a expliqué le scientifique à l'AFP. En effet, la pierre d'Eiao est un basalte à grains fins, ce qui permet la fabrication d'outils tranchants. Sa composition géochimique caractéristique est facile à identifier et a permis de prouver que ces outils ont été dispersés un peu partout dans cette région du Pacifique sud oriental. "On a retrouvé des herminettes ou des fragments d'herminettes issus d'Eiao dans toutes les Marquises, mais aussi à Mangareva, Moorea, Makatea, Tubuai, et même aux Kiribati, à 2.400 kilomètres d'Eiao", affirme Michel Charleux.

Pour passer trois mois isolé sur cette île, quatre tonnes de vivres, d’eau et de matériel vont être acheminées aux Marquises par un navire de la Marine nationale, Prairial, qui effectue une mission dans la zone. Elles seront ensuite déposées par hélicoptère au sommet d'Eiao. Pour économiser l’eau qui sera réservée à la boisson et à la cuisine, l'archéologue et ses assistants feront leur toilette à l'aide de lingettes pour bébés. Il est également prévu qu’au cours de la première semaine ils construisent un abri en bois, montent une grande tente pour le laboratoire et une autre pour la cuisine.

Trois autre petites tentes seront mises en place pour dormir et le campement sera alimenté en énergie par des panneaux solaires. Seul un téléphone Iridium leur permettra de rester en contact avec l'extérieur. La mission, estimée à 113.000 euros, est financée à la fois par des fonds publics et privés. Mais toutes les aides n'ont pas encore été versées. Michel Charleux conclut ainsi en souriant: "A mon avis, j'en serai une fois encore largement de ma poche".


MAXISCIENCES 24/2/2013