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Des particules de plastique envahissent les Grands Lacs d'Amérique du Nord

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Si le "continent plastique" dans l'Océan Pacifique, constitué de particules de plastiques regroupées par les courants océaniques, est relativement bien connu, les problèmes causés par ces particules dans les Grands Lacs nord-américains le sont nettement moins.

Une équipe de chercheurs de l'université du Wisconsin Supérieur vient pourtant de présenter des résultats assez inquiétants lors de la 245ème réunion annuelle de l'American Chemical Society. Il y aurait entre 1 500 et 1,7 million de particules plastiques par mile carré dans les grands lacs[1]. On s'imagine souvent un "îlot de déchets flottants" mais ces particules sont en réalité très petites (85% des échantillons recueillis étaient des microparticules, de taille inférieure à 0,5 cm[2]) et, même en quantités très importantes, elles ne sont pas forcément visibles à la surface. Les chercheurs ont pu mesurer que le nombre de particules plastiques dans les échantillons recueillis dans les Grands Lacs était 24% plus important que celui des échantillons recueillis dans le sud de l'Océan Atlantique.

Image satellite des grands lacs
©️ NASA / Jeff Schmaltz, MODIS Rapid Response Team au NASA GSFC


La petite taille de ces particules et leur grand nombre augmentent leur "surface totale effective" et donc, indirectement, la quantité de polluants dans l'eau.

En effet, une étude menée l'été dernier par une équipe de chercheurs de l'Université de New York et l'Institut 5 Gyres, un groupe environnemental qui étudie la pollution liée au plastique dans les océans (en particulier dans les gyres subtropicaux[3]), avait également montré des concentrations de toxiques chimiques très importantes.

Ils ont notamment remarqué la présence d'hydrocarbures aromatiques polycycliques, listés parmi les "polluants prioritaires" par l'EPA et l'Organisation Mondiale de la Santé, et des biphényles polychlorés, très toxiques, qui nécessitent plus de 50 ans pour se dégrader dans l'environnement et présentent une menace pour les espèces aquatiques ; ils font partis des Pollutants Organiques Persistants[4].

Ces espèces sont hydrophobes et se trouvent généralement dans les sédiments, mais, grâce à la présence des composés plastiques, avec lesquels elles peuvent "se lier" et être "adsorbées", elles peuvent flotter dans l'eau. Ce phénomène a également été étudié par une équipe de chercheurs de l'université de San Diego[5] qui ont mesuré les concentrations en polluants chimiques et en plastiques dans des baies proches de centres urbains sur une période de 12 mois. Ils ont pu montrer une relation entre la présence de particules plastiques et une concentration plus importante des polluants, en particulier pour certains types de plastiques (polyéthylène à haute et basse densité et polypropylène).

Cela présente donc un risque aggravé pour les poissons et le zooplancton, voire même pour les oiseaux, susceptibles de manger ces particules par erreur, ce qui peut causer des problèmes cardiaques ou neurologiques, voire des déformations.

Lorena Rios Mendoza, qui a présenté les résultats de l'étude de l'Université du Wisconsin, a indiqué avoir trouvé des particules plastiques dans les estomacs des poissons. Le problème n'est donc plus seulement la quantité de plastique qui se trouve dans les océans ou les Grands Lacs mais également la façon dont les particules plastiques interagissent avec les polluants chimiques. Le lien entre ingestion de plastiques, transfert chimique toxique et effet sur les espèces marines n'est pas encore clairement établi.

Tout d'abord, la présence de plastiques ne devrait pas en soi augmenter la présence de ces polluants toxiques dans les Grands Lacs, tout au plus ceux-ci pourraient-ils être déplacés depuis les sédiments, en cas de tempête par exemple. Par ailleurs, certains poissons des Grands Lacs possèdent déjà une certaine quantité de ces polluants dans leurs tissus et il faudrait donc que la concentration de ces polluants dans les particules plastiques ait une concentration supérieure pour réellement avoir un effet[1]. L'équipe du professeur Mendoza a prévu de continuer à analyser le contenu des estomacs et tissus cellulaires de poissons pour mieux quantifier ces risques. Enfin, les risques présentés par une éventuelle transmission de ces substances aux consommateurs (humains) sont encore à l'étude.

Les Grands Lacs constituent la plus grande réserve d'eau douce du monde, avec une surface de 244 160 km2 et un volume de 22 684 km3 en eaux basses[6]. C'est également un patrimoine culturel et environnemental, avec de nombreux parcs naturels et plusieurs millions de visiteurs chaque année. Alors que la production de plastique a augmenté de 500% depuis 1980[7], la protection des grands lacs semble devenir une nécessité.



Régulations mises en place aux Etats-Unis pour limiter l'usage des sacs plastiques, par Etat Crédits : National Conference of States Legislatures

Signe encourageant, de nombreux efforts ont été mis en place au niveau des Etats pour lutter contre la prolifération du plastique, notamment pour le recyclage et pour limiter l'usage des sacs plastiques (les Etats de Floride, Hawaii, Maryland, New Jersey, New York, Rhode Island, Vermont, Washington et le District of Columbia ont imposé une taxe, directe ou indirecte, sur les sacs plastiques, voire une interdiction de distribution, comme le montre la carte ci-dessus). Cependant, ces efforts doivent être généralisés et menés de concert avec le Canada, l'autre pays donnant sur les Grands Lacs, où des initiatives sont également en cours dans certaines villes, notamment à Toronto, ou dans certaines chaînes de magasins, comme Metro.

En savoir plus :


  • La Coordinated Science and Monitoring Initiative (CSMI) est un effort binational entre le Canada et les Etats-Unis pour faire avancer les connaissances sur les grands lacs. Tous les 5 ans, l'un des lacs reçoit des moyens renforcés pour assurer le suivi de ce lac et établir les priorités et les actions nécessaires, c'est l' "année du suivi coordonné". En 2011, le lac supérieur a été à l'honneur puis entre 2012 et 2014, les lacs Huron, Ontario et Erie feront tour à tour l'objet d'une attention particulière. Voir par exemple la page consacrée au lac Huron.
  • Le Great Lakes Fish Monitoring and Surveillance Program est un programme de suivi à long terme des grands lacs (depuis 30 ans) pour analyser notamment les espèces présentes et les niveaux de polluants.
Notes


  • "Toxic chemicals turn up in Great Lakes plastic pollution" -KOWALSKI, K. - Great Lakes Echo - 09/04/2013
  • "Polluting plastic particles invade the Great Lakes" - Communiqué de presse de l'American Chemical Society - 08/04/2013
  • Pour en savoir plus, consultez le site internet de 5 Gyres
  • "Toxic chemicals turn up in Great Lakes plastic pollution" -KOWALSKI, K. - Great Lakes Echo - 09/04/2013 et "The Great Lakes have some of world's most concentrated plastic pollution" - DAU, J. - Great Lakes Echo - 29/10/2012
  • "Long-Term Field Measurement of Sorption of Organic Contaminants to Five Types of Plastic Pellets: Implications for Plastic Marine Debris" - ROCHMAN, C. et al. - Environmental Science and Technologgy n°47[3] Décembre 2012 (payant)
  • "Physical features of the Great Lakes" - EPA Facts and Statistics
  • "Polluting Plastic Particles Invade the Great Lakes" - Science Daily - 08/04/2013

SOURCE : BE Etats-Unis numéro 328 (12/04/2013) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT -http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/72825.htm


NOTRE PLANETE INFO 16/4/2013

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