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Paludisme : on en sait plus sur le comportement des moustiques infectés

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Les moustiques contaminés par le paludisme changent leur comportement, ce qui favorise la propagation de la maladie. Une étude récente suggère que ce phénomène n’est pas sciemment orchestré par le parasite mais résulte de l’activation du système immunitaire lors de l’infection.


Les femelles moustiques sont dotées d’organes olfactifs puissants qui leur permettent de sentir la chaleur et l’odeur de leurs victimes. Elles perforent la peau à l’aide de leurs mandibules, infiltrent leur trompe dans un vaisseau sanguin, puis se servent copieusement en sang.


Un moustique se nourrit parfois sur une personne contaminée par un parasite comme Plasmodium falciparum, l’agent responsable du paludisme. Une fois dans le corps de l’insecte, ce microbe se différencie et se multiplie dans son système digestif. Il remonte ensuite dans ses glandes salivaires. Le moustique est alors prêt à infecter sa future proie humaine, et peut transmettre la maladie.


Les moustiques qui propagent le paludisme ont un comportement particulier. En temps normal, les femelles se nourrissent à nouveau dès que la digestion de leur dernier repas sanguin est terminée. En revanche, les femelles infectées attendent la migration des parasites dans les glandes salivaires pour piquer une nouvelle victime. C’est comme si les moustiques voulaient être sûrs de transmettre la maladie. Et le phénomène ne s’arrête pas là. Une équipe danoise a récemment montré, dans la revue Plos One, que les moustiques infectés étaient également plus attirés par l’odeur humaine que leurs congénères sains !


Plasmodium falciparum est le parasite occasionnant la forme la plus sérieuse de paludisme. ©️ Hilary Hurd, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0


Ces observations suggèrent que ce Plasmodium manipule son hôte moustique afin d’infecter plus efficacement les humains. Cependant, il est possible que d’autres mécanismes, indépendants de la volonté du parasite, entrent en jeu. Une équipe américaine de l’université d’État de Pennsylvanie vient de trancher sur la question. Leurs résultats, publiés dans les Proceedings of the Royal Society B, montrent que l’agent du paludisme ne manipule pas le moustique délibérément. Le comportement de l’insecte serait plutôt le résultat de sa réponse immunitaire face à l’infection.


Comme c’est souvent le cas en recherche scientifique, la découverte expliquée dans cette publication découle d’un résultat inattendu. Lors d’une expérience, les chercheurs avaient confirmé que les moustiques contaminés par le Plasmodium possédaient un sens de l’odorat plus développé. Cependant, ils se sont rendu compte en les disséquant que certains d’entre eux ne contenaient plus le parasite. Ce constat étonnant suggérait que Plasmodium falciparum n’était pas directement responsable de la perception olfactive accrue.



La même chose s’est produite pour le comportement alimentaire. Certains de ces moustiques censés être infectés, bien que dépourvus de parasites, ressentaient toujours le besoin d’attendre avant de piquer leurs prochaines victimes, comme le font les moustiques infectés possédant des Plasmodium falciparum. «Ces moustiques infectés [mais sansPlasmodium, NDLR], se comportent de la même façon que des insectes infectés [par le parasite, NDLR]», explique Lauren Cator, principale auteure de cette publication. Pour confirmer ces résultats, les scientifiques ont injecté des bactéries mortes non pathogènes à des moustiques entièrement sains. Bien que l’effet soit moins prononcé, ces moustiques infectés présentaient le même type de comportement que des moustiques contaminés par le paludisme et ayant des Plasmodium.


Le moustique Anopheles stephensi est l'un des vecteurs du paludisme. Lorsqu'il est infecté, ses habitudes alimentaires et son odorat changent, et ce comportement favorise la propagation du parasite. ©️ CDC, DP

Cette étude suggère donc que l’agent responsable du paludisme ne dirige pas volontairement le changement d’attitude du moustique. De nombreuses études restent à mener, afin de comprendre quels sont les mécanismes qui interviennent dans la modification de leur comportement.



FUTURA SCIENCES 24/5/2013

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