Admin-lane 0 Posté(e) le 6 juin 2013 Mardi 4 juin, l’association « Alofa Tuvalu » a présenté un rapport scientifique décrivant la biodiversité marine de Tuvalu, un archipel menacé par la montée des eaux. Localisation de Tuvalu sur une carte du pacifique. Crédit : Alofa Tuvalu-Farrah Diod"En dépit des alertes scientifiques et des efforts déployés par les acteurs de la préservation de l’environnement à travers le monde depuis au moins un demi-siècle, les indicateurs planétaires sont au rouge vif" commente amèrement Gilliane Le Gallic, fondatrice de l'association Alofa Tuvalu. Une organisation qui s'efforce d'oeuvrer pour la survie de cet archipel du Pacifique. Programme d'inventaire de la biodiversité marine de Tuvalu Thomas Vignaud /Alofa Tuvalu"Alofa Tuvalu fait sa part avec les moyens du bord. Mais l’inertie, le manque de vision des gouvernements et l’inefficacité des grandes institutions face à l’ampleur de la mutation à opérer sont accablants" lance-t-elle amèrement. L'île de Funafuti, la principale île de l'archipel de Tuvalu vue d'avion. Crédit : Sipa.Et pour cause, l'archipel qui ne représente qu'une "tête d'épingle sur la carte du monde" est en première ligne face à l'inexorable montée des eaux des océans. Tuvalu comporte 9 îles qui s'étendent sur 900 000 km2 de mer. Pourtant, la superficie totale des terres émergées ne représente que 26 km2 carrés. Soit à peine plus d'un quart de la surface de Paris. Cernée par les eaux qui chaque année grimpent un peu plus, Tuvalu pourrait être la première nation à disparaître toute entière du fait du changement climatique. En effet, selon les études, le niveau des mers pourrait s'élever de 50 cm à 2 m d'ici la fin du siècle. Un corail photographié durant le recensement des espèces marines sur l'Archipel de Tuvalu. Crédit : Thomas Vignaud / Alofa TuvalLes différents membres de l'association Tuvalu rencontrés par Sciences et Avenir estiment que la submersion de l'archipel pourrait survenir d’ici quelques dizaines d’années. Toutefois, les îles risquent de devenir invivables bien avant d'être englouties par les eaux.C'est dans ce contexte désespéré que l'association Alofa Tuvalu a mobilisé une équipe de biologiste afin de se lancer dans un méticuleux travail de bibliographie puis de plongées sur le terrain afin de produire ce qui ressemble à la bible de la biodiversité de Tuvalu. Un travail de longue haleine qui aura nécessité pas moins de 7 ans de recherche. Un poisson photographié durant le recensement des espèces marines sur l'Archipel de Tuvalu. Crédit : Thomas Vignaud / Alofa TuvaluCe document document appelé Tuvalu Marine Life, recense pas moins de 1526 espèces de poissons, d'invertébrés marins, de cnidaires (méduses, anémones...), d'algues, d'oiseaux, de mammifères, d'éponges ou encore de tortues. Parmi elles, 79 espèces figurent sur les listes rouges de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et 29 sont même classées comme vulnérables ou quasi menacées d’extinction. «C’est la première fois que les données sur la vie marine tuvaluenne sont ainsi réunies et complétées» se félicite Gilliane Le Gallic. "Notre publication ne va sans doute pas changer la face du monde, poursuit-elle, mais elle a toutefois le mérite d’aider Tuvalu à mieux gérer ses ressources marines. Les îles étudiées ont maintenant un point de référence des espèces et des stocks. Et les usagers locaux et les agents de pêche de Tuvalu ont bénéficié d’un renforcement de compétences avec la transmission de techniques d’évaluation et de suivi pour gérer de manière autonome leur patrimoine marin". Outre cet aspect pratique, l'idée de ce rapport est aussi de laisser une trace aux générations futures. "Dans la perspective tragique de voir les tuvaliens quitter leurs terres, cette publication représente un témoignage unique, la mémoire du patrimoine marin tuvaluen au début du XXIe siècle" précise tristement Gilliane Le Gallic. "Nous avons déjà un énorme problème avec l’eau de mer qui salinise les sols, au fur et à mesure qu’elle s'avance dans les terres, les rendant ainsi de moins en moins fertiles" confie Tine Leuelu, ambassadeur de Tuvalu en Belgique. La culture traditionnelle de tubercules comme le taro ou le pulaka devient de plus en plus problématique. Et les habitants sont aujourd'hui contraints d’importer du riz pour se nourrir. SCIENCES ET AVENIR 6/6/2013 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites