Admin-lane 0 Posté(e) le 11 août 2013 Arme fatale contre les pucerons, la coccinelle asiatique illustre les limites de la lutte biologique. Histoire d’une bête à bon Dieu à la voracité diabolique.Damnés pucerons ! Depuis que le potager existe, ces minuscules hyménoptères sont le cauchemar du jardinier. Mais comme la nature est bien faite, elle leur a collé sur le dos un redoutable prédateur, la coccinelle, dont l’insatiable appétit est capable de venir à bout de plus d’une centaine de ravageurs au quotidien. Le coléoptère compte environ une soixantaine d’espèces dans l’Est de la France, dont celles à deux ou à sept points sont les plus connues.Les coccinelles asiatiques ont l’uniforme écarlate, jaune ou sombre constellé de points rouges ou noirs. Elles sont aussi particulièrement fécondes, une femelle pond 2 000 à 3 000 œufs par an, d’où une relève générationnelle galopante. Photo AFPAvant le début des années 2000, l’insecte faisait son boulot d’auxiliaire utile sans problème. Seulement voilà, l’homme a décrété un beau jour que l’insecte n’était pas assez efficace. On est donc allé chercher dans le sud de l’Asie une cousine éloignée réputée boulimique.En 1982, Harmonia axydris, son patronyme scientifique, s’est ainsi retrouvée dans le laboratoire de la station de lutte biologique de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) d’Antibes où, malgré tous les efforts des scientifiques, le ressortissant chinois n’a jamais réussi à s’acclimater. Dans le Midi, il peut faire très froid en hiver. L’Inra abandonne la piste, mais pas les Belges et les Américains, qui inventent une coccinelle «aptère», incapable de voler, mais efficace sous serre. La bestiole est donc commercialisée. Seul ennui, on constate rapidement qu’elle a acquis la capacité à survivre aux conditions hivernales des États-Unis et du Canada. En quelques années, toute l’Amérique du Nord est colonisée.En 2000, c’est au tour de la Belgique : «Il lui a suffi de quatre ans pour envahir tout le pays avant d’arriver en France» , souligne l’entomologiste Laurent Godé, chargé de mission au Parc naturel régional de Lorraine. En 2004-2005, elle déboule en Alsace-Lorraine, puis en Franche-Comté. [b style="font-size: 13px;"]Aujourd’hui, cette dynamique concerne pratiquement tout l’Hexagone. «Elle s’immisce dans tous les milieux, dans les jardins, les roselières, les tourbières, partout»[/b] , ajoute Laurent. Plus gros et plus goulu, l’immigré chinois, à l’uniforme écarlate, jaune ou sombre constellé de points rouges ou noirs, est aussi particulièrement fécond. Une femelle pond 2.000 à 3.000 œufs par an, d’où une relève générationnelle galopante. Désarmées face à cet effet de masse, les autochtones ne font pas le poids, d’autant que leur cousin vorace s’attaque aussi à leurs œufs et à leurs larves.Prolifique et cannibale… «A terme, nos coccinelles pourraient disparaître. Aux États-Unis, plus de 60 % de la population de ce coléoptère est issue de la souche importée». En Lorraine, il ne se passe plus un hiver sans que des particuliers signalent une intrusion de plusieurs centaines, voire de milliers d’individus chez eux. Certes, ces concentrations sont inoffensives, «mais cette hibernation devient vite gênante car l’insecte macule les murs et dégage une odeur nauséabonde» , poursuit le naturaliste.Plus grave, on a constaté une évolution vers un statut alimentaire frugivore en automne quand la ressource pucerons s’étiole. De quoi inquiéter les viticulteurs. «Je n’ai pas de données pour les vignes du Toulois, mais des cas de grappes de raisins infectées sont apparus sur le vignoble alsacien et vu leur puanteur, quelques coccinelles peuvent réduire à néant toute une production de vin». Cette fragrance est liée à une toxine que l’insecte secrète pour écarter les prédateurs. Ceux-là même que la lutte biologique est incapable, du moins pour l’instant, d’inventer ou de trouver. «On ne peut plus rien faire contre elle, sinon d’arrêter de la vendre dans le commerce». Diabolique mais toujours rentable…Le Républicain Lorrain 11/8/2013 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites