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Le risque de paludisme accru par les canaux d’irrigation en zone aride

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Des centaines de millions de personnes sont contaminés par le paludisme dans le monde. Il s’agit de la plus importante parasitose, dont les risques de contamination sont amplifiés au voisinage des zones d’irrigation à grande échelle. Une nouvelle étude met l’accent sur la nécessité d’une irrigation artificielle raisonnée pour éviter la formation de nouveaux foyers d’infections.

Les agriculteurs des régions semi-arides sont régulièrement soumis à un choix cornélien. La mise en place de systèmes d’irrigation artificielle de grande échelle accroît le risque de contraction du paludisme pour la population environnante. Faut-il donc passer outre ce danger pour assouvir le besoin de nourriture ? Question dont la réponse est loin d’être simple, mais qui d’après une nouvelle étude publiée dans les Pnas doit être considérée de manière urgente.

D’après l’étude, la construction de canaux d’irrigation d’une telle ampleur doit être systématiquement accompagnée d’une surveillance sanitaire. L’équipe de recherche, menée par Mercedes Pascual, s’est intéressée de près aux changements d’utilisation des terres et aux risques de paludisme associés dans l’État du Gujarat, dans le nord-ouest de l’Inde. Cette région, particulièrement aride, connaît un plan de construction de canaux d’irrigation depuis des années. Il est attendu qu’à terme, 1,9 milliard d’hectares de terres soient irriguées. Cela sera bénéfique pour plus d’un million d’agriculteurs de la zone, mais créera probablement un nouveau foyer d’infection par la malaria.


En région désertique, nombre d'agriculteurs font appel à la technique du goutte-à-goutte, qui peut réduire jusqu'à 60 % la consommation en eau. ©️ THEfunkyman, Flickr, cc by nc nd 2.0


«Dans ces écosystèmes fragiles, secs, où la faible quantité d'eau de pluie disponible est le facteur limitant pour la transmission du paludisme, une infrastructure d'irrigation peut radicalement modifier l’abondance de la population de moustiques», explique Mercedes Pascual. En effet, l’augmentation des canaux d’irrigation favorise le développement de bassins d’eau stagnante, où les Anopheles, genre de moustiques vecteurs du paludisme, se déploient.

Le paludisme, ou malaria, est une maladie infectieuse provoquée par la présence d’un parasite, le Plasmodium. Celui-ci infecte les cellules hépatiques de la personne contaminée et détruit les hématies. Les moustiques anophèles sont capables de transmettre le parasite d’une personne infectée à une personne saine en les piquant l’une après l’autre.

Les archives historiques ont déjà mis en évidence que l’utilisation de systèmes d’irrigation de grande échelle augmente le risque de malaria durant quelque temps en raison des eaux stagnantes. Or, le travail mené par l’équipe de Mercedes Pascual est le premier à étudier de manière aussi précise une région semi-aride. L’étude détermine que le laps de temps où le risque est accru peut durer dix ans. "Nous avons identifié une phase de transition vers le risque de paludisme faible durable [dans la région du Gujarat, NDLR] qui dure depuis plus d'une décennie, et qui se caractérise par un risque de paludisme environnemental élevé malgré les efforts de démoustication intensive", poursuit la chercheuse.


Un climat semi-aride règne dans les zones subdésertiques. Il se caractérise par une saison sèche plus longue que la saison humide, durant laquelle il ne pleut pas plus de 400 mm/an. ©️ dsearls, Flickr, cc by sa 2.0

Ces résultats sont basés sur l’examen des données épidémiologiques des cas de malaria confirmés, dont certains datent de 1997. À partir d’imagerie satellitaire, l’équipe a pu différencier les sites irrigués artificiellement de ceux qui ne bénéficient d’aucun système. La répartition géographique des sites a permis aux chercheurs de déterminer l’évolution temporelle des niveaux de paludisme en fonction de l’avancée de la construction du projet d’irrigation. Les chercheurs ont montré que le risque de contamination est élevé, malgré une utilisation intensive d'insecticides. Le risque est par ailleurs concentré dans les zones adjacentes au canal principal d'irrigation, lieu qui a connu le plus de changement pour favoriser l’apport en eau.

En conséquence, pallier les risques de contamination durant la phase de transition d’un risque élevé à un risque faible nécessite une meilleure compréhension des différences socioéconomiques et écologiques entre les zones récemment irriguées et les zones d'irrigation matures. Cela pourrait en effet fournir des moyens de réduction de la charge du paludisme et raccourcir la phase de transition.


FUTURA SCIENCES 15/8/2013

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