Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Admin-lane

Elevage: le génotypage pour sélectionner la meilleure des vaches

Messages recommandés

Rennes (AFP) - Une bonne vache laitière produit beaucoup, vêle sans difficulté, a des mamelles de fer et vit longtemps. Bref, le rêve de tout éleveur; et un rêve en passe de devenir réalité avec le génotypage, qui a pignon sur salon au à Rennes.

Les scientifiques ont réussi à séquencer le génome humain en 2003. Puis, ils se sont attaqués à celui du chien, du cheval ou de la vache. Cette découverte est en train de révolutionner l'élevage.

Jusqu'à présent, il était d'usage de repérer les bons taureaux en fonction du potentiel de leurs filles. Il fallait donc attendre quatre-cinq ans que la fille grandisse pour voir si le taureau avait du potentiel, raconte Laurent Journaux, chef du département génétique à l'Institut de l'élevage. Et puis surtout, un même taureau pouvait inonder de sa semence de nombreux élevages, ce qui ne plaidait pas en faveur de la diversité génétique, explique le scientifique.

Désormais, les professionnels disposent d'un outil beaucoup plus précis et plus rapide (donc moins cher): le génotypage. Grâce à cette technique, lorsqu'un veau naît, une petite prise de sang, un prélèvement de cartilage d'oreille et quelques centaines d'euros suffisent pour qu'il soit possible d'extraire son ADN, poursuit-il.

En le comparant ensuite à ceux d'une population de référence, on peut mesurer son potentiel génétique selon plusieurs critères: son niveau de production (ou de sa descendance si c'est un mâle), sa fertilité, son aisance à la reproduction, la santé de ses mamelles, sa longévité.


 Une bonne vache laitière produit beaucoup, vêle sans difficulté, a des mamelles de fer et vit longtemps. Bref, le rêve de tout éleveur; et un rêve en passe de devenir réalité avec le génotypage, qui a pignon sur salon au Space à Rennes. (c) Afp



"Une vache qui a moins de mammites (inflammation de la mamelle, la plaie de l'éleveur, ndlr), va consommer moins d'antibiotiques, donc nous coûter moins cher", explique Sébastien Cerclé, éleveur breton qui possède désormais 10 vaches génotypées sur un cheptel de 60.

Un animal qui a une bonne aptitude à l'accouchement subira moins de césariennes, ce qui préservera son potentiel de production laitière et permettra là aussi d'économiser les coûts d'interventions chirurgicales, illustre aussi le scientifique.

"Le génotypage permet d'avoir des animaux plus performants et mieux adaptés aux conditions économiques", surenchérit Jean-Luc Marchand, responsable des Holstein chez Evolution, groupe coopératif spécialiste de la génétique bovine.

Contrairement à la sélection par lignée, qui peut lisser le profil génétique des animaux, le génotypage garantit la diversité et ne se focalise plus seulement sur le niveau de productivité, insiste Laurent Journaux. "Comme on peut avoir accès au profil génétique d'un veau dès sa naissance et pour un faible coût, on teste le potentiel de beaucoup plus d'animaux. Ce qui permet d'avoir un panel beaucoup plus grand".

Par exemple, un éleveur bio, qui n'a le droit d'utiliser qu'un nombre restreint de traitements médicamenteux, va pouvoir choisir une vache moins sujette aux mammites.

Et attention, il ne s'agit pas d'une modification génétique mais simplement d'un outil permettant de sélectionner les animaux en fonction de statistiques génétiques, rappelle le scientifique.

Sébastien Cerclé, lui, est plutôt satisfait de ses vaches génotypées même si elles ont "encore quelques défauts". Il souhaiterait même que la génétique aille plus loin et puisse sélectionner des traits de caractère car "à quoi ça sert d'avoir une vache avec un bon potentiel laitier si elle n'arrive pas à s'imposer pour manger" à côté de ses camarades?

Un pas que la science osera-t-elle franchir? Pour l'heure en tous cas, les professionnels ne semblent pas préoccupés par les questions éthiques comme il s'en poserait inévitablement pour l'homme. "Cet outil ne présente aucun conflit d'éthique", répond Laurent Journaux et il se multiplie à la vitesse de l'éclair. "Cette année, 95% des semences utilisées sont issues d'animaux génotypés", selon Jean-Luc Marchand.


SCIENCES ET AVENIR 11/9/2013

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...