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France : Fin de la réintroduction (réussie) des cigognes

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Strasbourg (AFP) - La grande migration des cigognes vers le Sud a commencé, mais certaines n'ont aucune intention de quitter l'Alsace. Grâce à une réintroduction réussie, l'échassier emblématique de la région y a repris ses aises, peut-être même un peu trop.

"On a fait du bon travail", se félicite Gérard Wey, directeur de l'Association pour la protection et la réintroduction des cigognes en Alsace-Lorraine (Aprecial), et fin connaisseur de l'oiseau blanc et noir, qui a frôlé l'extinction en France dans les années 1970.

 La grande migration des cigognes vers le Sud a commencé, mais certaines n'ont aucune intention de quitter l'Alsace. Grâce à une réintroduction réussie, l'échassier emblématique de la région y a repris ses aises, peut-être même un peu trop (c) Afp

Pour plus de 90% des cigognes, le voyage hivernal se soldait alors par un aller sans retour. Parmi les principales causes: les sécheresses sahéliennes, mais aussi la chasse et les lignes de haute tension tout au long du périple vers l'Afrique.

"En 1974, l'Alsace ne comptait plus que neuf couples libres nicheurs, sur onze dans le pays", explique M. Wey. Quarante ans après, "on a plus de 600 couples libres en Alsace, sur près de 2.000 en France".

Son association, créée en 1983, a coordonné l'activité de plusieurs enclos de réintroduction alsaciens. Leur méthode: retenir pendant trois ans de jeunes cigognes en captivité, pour supprimer leur instinct migrateur, avant de les relâcher pour recoloniser les villages.

Ces couples devenus sédentaires donnent naissance à des jeunes qui, eux, migrent. La méthode a fait ses preuves et des centaines de cigognes ont ainsi été réintroduites ces trente dernières années. Pour l'Aprecial, le temps est venu d'arrêter la réintroduction et de limiter le nourrissage des sédentaires libres. "Ce n'est plus la peine de garder des cigognes en enclos pour les touristes", dit M. Wey, qui en a fait la recommandation cette année.

"Mieux vaut tard que jamais", estime la Ligue de protection des oiseaux (LPO), soulignant que les conditions climatiques se sont améliorées dans les zones d'hivernage et que la mortalité durant la migration a sensiblement baissé. En France, la cigogne a même colonisé naturellement la façade atlantique.

Au départ, "tout ça était motivé par la protection de la cigogne, mais aujourd'hui, c'est plus pour le folklore et le tourisme", déplore Christian Braun, directeur de la LPO en Alsace, qui réclame depuis plus de dix ans la fin de la réintroduction et du nourrissage d'appoint. Près de 40% des cigognes alsaciennes seraient aujourd'hui sédentaires. L'échassier a compris qu'il pouvait trouver de quoi se nourrir dans la région en hiver, dans la nature mais aussi grâce à l'homme, voire dans des décharges. "On est allé trop loin, la situation est devenue artificielle", estime M. Braun. "A certains endroits, on a des cigognes qui ne sont plus capables de se débrouiller toutes seules", tant elles sont habituées à être nourries.

A Strasbourg, plus d'une cinquantaine de couples ont installé leurs nids dans le grand parc de l'Orangerie et ses environs, attirées par un enclos de congénères en captivité. Près de la moitié y passeront l'hiver. Ces cigognes, auxquelles se mêlent souvent des comparses allemandes ou belges, sont devenues une attraction pour les quelque 300 cars de touristes qui y défilent chaque année pour faire des photos, s'amuse Claude Rink, le directeur du petit zoo installé dans le parc.

Certains riverains, eux, ont plein les oreilles des claquements de bec dès potron-minet et s'émeuvent des fientes qui abîment les toits. "Il se sont plaints auprès de la Ville", sourit M. Rink. Le personnel du zoo a pris l'habitude de nourrir ces cigognes libres qui gravitent autour du parc. "On leur donne 3kg de viande par jour à se partager, pas plus, sinon on en aurait trop qui resteraient", explique M. Rink.

Son zoo a déjà arrêté depuis des années l'élevage intensif et limite la reproduction à quatre à dix cigognes par an, sur commande.

Si une page se tourne avec la fin de la réintroduction, "il va falloir développer encore la pédagogie dans les écoles et les collectivités", estime M. Wey, qui vient de former plus de 100 pompiers "aux bons gestes pour secourir une cigogne en difficulté".


SCIENCES ET AVENIR 4/10/2013

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