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Poissons d'eau douce : l'activité humaine principale cause d’extinction

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Les poissons d’eau douce seront affectés par le changement climatique mais, contre toute attente, cela ne sera pas la principale raison de leur extinction. La pollution, la destruction des habitats ou l’introduction de nouvelles espèces ont plus d’impact sur leurs populations.


Des chercheurs du laboratoire Borea, de l’université Paul Sabatier de Toulouse et de l’université d’Utrecht (Pays-Bas), viennent de montrer que les extinctions actuelles des poissons d'eau douce dues aux pressions anthropiques seraient bien supérieures à celles générées par le changement climatique. Ces résultats, qui contrastent avec les précédentes estimations, sont publiés dans Journal of Applied Ecology.

Les modèles utilisés jusqu’à présent prévoient que la réduction de l’habitat de certaines espèces, provoquée par le changement climatique, serait l’une des causes majeures de leur extinction. Or, ces modèles négligent le facteur temps et ne précisent pas la date de réalisation des prédictions, élément pourtant essentiel pour déterminer les raisons d’extinction d’une espèce.

   Des espèces de poissons d'eau douce risquent de s'éteindre à cause des pressions anthropiques, comme la pollution de l'eau ou la modification des habitats. ©️ IRD, Didier Paugy

En intégrant cette dimension temporelle dans leur étude, une équipe internationale de chercheurs, dirigée par Thierry Oberdorff, vient de montrer que les effets du changement climatique n’augmenteront les taux d’extinction naturelle chez les poissons d’eau douce que très marginalement. Excepté dans les régions semi-arides et méditerranéennes, où il serait de l’ordre de 7 % en moyenne. Les taux d’extinction provoqués par les activités humaines au cours des deux derniers siècles sont quant à eux beaucoup plus préoccupants : en moyenne, respectivement 150 et 130 fois plus importants que ceux d’origine naturelle et ceux prédits en fonction du changement climatique.

Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé un modèle empirique associant taux d’extinction et réduction des surfaces en eau des bassins. L’analyse à l’échelle mondiale de 90.000cours d'eau révèle qu’à l’horizon 2090, seulement 7 % d’entre eux auront diminué de surface du fait du changement climatique.
   Carte illustrant les pertes moyennes prévues en diversité d’espèces de poisson, pour 1.010 rivières, en 2090. ©️ T. Oberdorff et al., Journal of Applied Ecology


Dans les régions semi-arides et méditerranéennes(*), qui totalisent le plus grand nombre d’extinctions, ce même phénomène n’entraînera qu’une faible répercussion sur les taux d’extinction naturelle. Ainsi, dans les 1.010 rivières pour lesquelles la richesse en espèces est connue, les scientifiques prévoient la disparition, d’une à 5 espèces dans une vingtaine de cours d’eau, d’ici à 2090.

Ces résultats montrent qu’à moyen terme, le changement climatique ne représenterait pas la principale menace sur la biodiversité des poissons. Les extinctions actuelles provoquées par la pollution, la dégradation de l’habitat, les introductions d’espèces ou encore la fragmentation liée aux barrages, sont très largement supérieures à celles qui seraient dues au changement climatique. Les auteurs mettent en évidence la nécessité d’agir dès à présent pour préserver l’intégrité des cours d’eau. Ils incitent à concentrer les efforts de conservation sur les impacts actuels et directs des activités humaines, pour préserver plus efficacement les espèces de poissons d’eau douce.


(*) Asie centrale et orientale, Australie, Europe du Sud, extrêmes nord et sud de l’Afrique, Mexique, nord-est du Brésil, sud de l’Amérique Latine, sud-ouest des États-Unis.




futura sciences 4/10/2013

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