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L’abstinence sexuelle de certains insectes en présage de pluie

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Certains animaux ressentent bien l’arrivée de la pluie, comme le démontre un nouvel exemple concret. Lors d’une baisse de la pression atmosphérique, les coléoptères, papillons et pucerons éviteraient de s’accoupler. Ces arthropodes préfèrent probablement attendre qu’il y ait moins de risques de blessure ou de mort. Reste à savoir si ce résultat est extrapolable.

Si des scientifiques affirment que des animaux ressentent l’arrivée de la pluie, pour d’autres, ce ne sont que des affabulations. Ces derniers ont tort, comme le montre un nouvel exemple présenté dans la revue Plos One par Ana Cristina Pellegrino de l’université de São Paulo (Brésil). Son équipe réalise couramment des expériences pour comprendre le comportement des insectes sous diverses conditions de température, d’humidité et de lumière parfaitement maîtrisées. Malgré cela, les chercheurs n’ont pas compris pourquoi leurs sujets d’expérience semblaient apathiques certains jours, quelles que soient les conditions expérimentales.

  L'insecte Macrosiphum euphorbiae est communément appelé (entre autres noms) puceron vert et rose de la pomme de terre, car cette espèce vit entre autres sur cette plante. Sa population peut doubler en seulement 2,4 à 2,7 jours... s'il ne pleut pas. ©️ cquintin, Flickr, cc by nc 2.0

Ils ont finalement fini par faire un rapprochement avec la météo, car il a régulièrement plu dans les heures qui ont suivi le changement de comportement. Et si les insectes réagissaient à la baisse de la pression atmosphérique qui précède l’arrivée des précipitations ? Pour le savoir, trois espèces d’hexapodes relativement éloignées les unes des autres ont été sélectionnées, puis exposées à des changements de pression, naturels ou provoqués expérimentalement.

Les trois espèces sont : le coléoptère Diabrotica speciosa, le lépidoptère Pseudaletia unipuncta (également appelé leucanie orbicole) et le puceron Macrosiphum euphorbiae (un hémiptère). À la suite d’une baisse de la pression atmosphérique, qu’elle soit naturelle ou provoquée, ils ont tous profondément adapté leur comportement de reproduction, au point de considérablement réduire le nombre d’accouplements observés par rapport à la situation témoin. Une montée de la pression a également eu des conséquences, mais seulement sur deux des espèces.

Placés dans un tube en Y, les coléoptères mâles soumis à une baisse de la pression atmosphérique ont montré peu d’entrain pour rejoindre l’extrait de phéromones du sexe opposé qui leur était proposé. Cependant, ils ne sont pas restés insensibles à la proche présence de femelles, mais ils se sont alors rapidement accouplés en réduisant considérablement la longueur des préliminaires (des parades précopulatoires), comme s’ils étaient pressés. Chez les deux autres espèces, ce sont les femelles qui ont réagi en émettant moins d’appels chimiques quand la pluie menaçait.

  Pour savoir s'il va pleuvoir, il suffirait de regarder des couples de ce papillon Pseudaletia unipuncta. S'ils se reproduisent, les parapluies peuvent rester au placard. En revanche, en cas d'abstinence, sortez couvert ! ©️ Anita363, Flickr, cc by nc 2.

Les tests ont ensuite été répétés en faisant monter la pression atmosphérique, ce qui traduit l’arrivée de conditions venteuses. Ce changement n’a pas impacté les mouvements des coléoptères, ni les appels des papillons de sexe féminin. Cependant, les chercheurs ont malgré tout dénombré un nombre réduit d’accouplements dans ce dernier groupe, comme si les mâles étaient moins réceptifs aux signaux chimiques. En revanche, les pucerons femelles ont agi comme dans le cas précédent, en diminuant le nombre de leurs appels et donc de leurs accouplements.

Fait intéressant, les pucerons femelles sauvages émettent leurs appels depuis des bords de feuilles, où elles sont en position instable et exposées aux vents. Ce fait illustrerait la tendance générale : les trois espèces étudiées limiteraient leurs activités sous de mauvaises conditions météorologiques pour éviter les blessures, voire la mort. Il s’agirait donc d’une adaptation permettant à ces arthropodes de vivre plus longtemps, et donc de se reproduire davantage.

Les trois groupes étant phylogénétiquement éloignés, il est tentant d’extrapoler et de considérer que tous les insectes ressentent les changements météorologiques. Ne l’oublions pas, certains insectes adultes, comme les éphéméroptères, ne vivent que pour se reproduire, au point parfois de ne pas avoir de système digestif, ce qui justifierait l'existence d'un tel moyen de survie. Cependant, il serait peut-être plus sûr d’attendre de nouvelles confirmations avant de franchir ce pas.


futura sciences 6/10/2013

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