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Economique et écologique, l'écoconduite prend son élan

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Le Mans (AFP) - Economiser de 10 à 30% de carburant et réduire d'autant ses émissions polluantes: l'écoconduite se généralise dans les entreprises grandes consommatrices de kilomètres et séduit un nombre croissant de particuliers, soucieux de ménager à la fois portefeuille et environnement.

"Vous allez devoir oublier 20 ou 30 ans d'acquis. Il y a des choses qui vont vous paraître étranges", prévient David Chevallier, responsable de formation à l'Automobile Club de l'Ouest (ACO), devant une demi-douzaine de stagiaires au Mans.

 Economiser de 10 à 30% de carburant et réduire d'autant ses émissions polluantes: l'écoconduite se généralise dans les entreprises grandes consommatrices de kilomètres et séduit un nombre croissant de particuliers, soucieux de ménager à la fois portefeuille et environnement. (c) Afp

Salariés d'une banque, les participants sont tous de gros rouleurs, à titre professionnel ou non, alignant jusqu'à 40.000 kilomètres par an comme Jacques, un quinquagénaire.

Un parcours en conditions réelles et un tour de table permettent vite de tordre le cou à certaines idées reçues: "non, il n'est pas interdit de rouler en roue libre, non, on n'est pas obligé de prendre un rond-point en seconde, non, le fait de couper et de redémarrer son moteur ne fait pas consommer plus, au contraire", indique M. Chevallier.

Le principe de l'écoconduite est simple, souligne-t-il: "privilégier le bas régime et conserver le plus longtemps possible l'énergie donnée au véhicule".

En pratique, le conducteur est invité à passer rapidement ses vitesses, puis à gérer optimalement son énergie cynétique en n'hésitant pas, le cas échéant, à rouler au point mort une fois lancé.

"Le maître mot, c'est l'anticipation. Il faut analyser d'aussi loin que possible les conditions de circulation pour éviter de donner du gaz inutilement, et augmenter la distance de sécurité avec le véhicule précédent pour ne pas être tributaire de ses freinages et de ses accélérations", martèle David Chevallier.

"L'outil de mesure, c'est la pédale de frein. Dès lors que l'on freine, on détruit de l'énergie qui aurait pu être économisée et on s'astreint à une relance, très consommatrice en carburant", souligne l'expert.

Au terme d'une journée de formation, les résultats sont bluffants: lors d'un nouveau passage sur le parcours initial de 8 km, les stagiaires affichent une baisse moyenne de consommation de 24%. Dans le cas de Jacques (-23%, soit un litre aux 100 km d'économisé), le gain annuel virtuel est de 550 euros et d'une tonne de CO2, selon l'ACO.

Outre des effets bénéfiques pour la mécanique, ce mode de conduite fondé sur l'anticipation et la modération "réduit notablement le stress au volant et le taux d'accidentalité, sans perte de temps notable", assure M. Chevallier.

Les professionnels ne s'y trompent pas, notamment dans le secteur du transport routier, où l'écoconduite s'est généralisée, ou encore à La Poste.

Dans cette société, "la formation de 100.000 agents a permis l'économie annuelle de 5 millions de litres de carburant et 10.000 tonnes de CO2", assure Pascale Mespoulède-Cozon, présidente de Mobigreen, filiale de La Poste assurant "30.000 formations à l'écoconduite par an pour tous types d'entreprises et de collectivités".

Chez Norbert Dentressangle, un des leaders européens du transport avec 7.500 poids lourds, "l'écoconduite est entrée dans les moeurs, avec une formation en interne et un suivi systématique des conducteurs", souligne Thierry Leduc, directeur de la communication. "C'est un paramètre concret et mesurable qui nous permet de maîtriser nos coûts, de respecter nos engagements en matière d'émissions de CO2, de réduire les accidents et de permettre aux conducteurs de jouer un rôle citoyen", indique-t-il à l'AFP.

Pour Loïc Charbonnier, PDG de l'organisme AFT-IFTIM Formation continue, qui forme 65.000 routiers par an, "l'écoconduite est devenue cruciale dans ce secteur où les marges sont faibles. Economiser de 10 à 20% sur la consommation de carburant, quand ce poste représente 25% des charges totales, peut être déterminant".

Le groupe de mobilier urbain JC Decaux, pilote depuis plusieurs années dans le domaine, a, lui, franchi une étape supplémentaire au 1er janvier. "Nous avons réduit de 10 km/h la vitesse de tous nos véhicules, contrôles à l'appui. Résultat : une nouvelle baisse de 10% de la consommation et une chute de 35% de l'accidentologie, baisse des coûts d'assurance en prime", confie Rémi Pheulpin, directeur général opérations du groupe.

SCIENCES ET AVENIR 11/10/2013

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