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Expédition insectes et biodiversité : « SW Australia 2013 »

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« SW Australia 2013 » est le dernier épisode du premier volet du projet Cafotrop, une ambitieuse collecte d’insectes dans le sud-ouest de l’Australie. Du 4 au 30 novembre 2013, les scientifiques grimperont aux arbres pour étudier comment ont évolué plusieurs groupes d’insectes après la fragmentation de Gondwana.

Après Patagonia 2011 (en Patagonie) et Pondoland 2012 (en Afrique du Sud), SW Australia 2013 est la troisième mission du premier volet du projet Cafotrop intitulé "Les rescapés du Gondwana". Cette expédition menée par des scientifiques du Muséum national d’histoire naturelle, du CNRS et de l’association Cafotrop, a pour objectif de collecter des insectes dans le sud-ouest de l’Australie. Elle se déroulera dans un périmètre entre Perth et Albany, du 4 au 30 novembre.

  Un joli cercope (Cercopis vulnerata) sur une feuille d'herbe, dont il se nourrit. ©️ Richard Bartz, Wikipédia, cc by sa 2.0

L’équipe souhaite étudier l’évolution de plusieurs groupes d’insectes après la fragmentation du Gondwana, immense continent qui regroupait jadis l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Inde, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Antarctique. Aujourd’hui, l’étude des spécimens collectés sur le terrain, au regard de ces événements tectoniques, géologiques et paléoenvironnementaux passés (environ 140 millions d’années), permet de construire des phylogénies retraçant les liens de parenté entre les espèces et de ce fait, leur évolution. Les hypothèses résultant de ces recherches peuvent ainsi rendre compte des processus biogéographiques à l’origine des répartitions observées.

Carte de répartition de la faune et de la flore du Crétacé. jmwatsonusgs.gov / Domaine public

Les groupes étudiés sont sélectionnés sur la base de leur répartition supposée gondwanienne : les coléoptères lamellicornes, dont les bousiers (Scarabaeidae), les Cetoniidae, Melolonthidae et Rutelidae ; les collemboles ; les diptères Empididae et les hyménoptères apoïdes et les hétéroptères Aradidae et Tingidae ; les hémiptères Cercopidae, Cicadellidae et fulgoromorphes.

  Les bousiers se nourrissent d'excréments. Ils vivent tant dans les déserts que les terres cultivées, les forêts et les prairies. ©️ Rafael Brix, Wikipédia, GNU 1.2

Plusieurs méthodes de collecte sont mises en place sur les divers substrats, du sol à la canopée, en milieu ouvert et fermé. L’accès à la canopée se fait grâce aux techniques de grimpe d’arbre empruntées à l’élagage ou « tree climbing », adaptées et développées en milieu tropical au cours des missions Cafotrop. Une plateforme de travail d’environ 28 m² sera installée sur l’un des sites pendant cinq jours, pour opérer dans la canopée. Les spécimens seront étudiés au Muséum national d’histoire naturelle (Paris) et au South Australian Museum (Adelaide), et les nouvelles espèces seront déposées au Western Australian Museum (Perth).

Le sud-ouest de l’Australie est considéré comme l’un des rares « hot spots » (viviers, creusets) de biodiversité dits méditerranéens, tels que définis par Myers et al. (2000), à cause du fort taux d’endémisme et de la fragilité des habitats. Les collectes seront réalisées dans un périmètre triangulaire entre Perth, Albany et l’extrême sud-ouest de l’Australie.

Les sites ont été définis sur la base de leur intérêt en termes de richesse biologique. Ils incluent les forêts relictes (forêts anciennes et restreintes à des fragments) d’eucalyptus de différents types, mais aussi les milieux ouverts comme les « heathlands ». Ce sont principalement des parcs nationaux : Porongurup, Shannon, D’Entrecasteaux et Midgegoroo, et l’Augusta-Margaret River (zone protégée par un parc national).

Cafotrop est une association à but non lucratif et à caractère scientifique. Son action s'inscrit dans les grands enjeux du développement durable que sont la perte de la biodiversité, le changement climatique, l'épuisement des ressources naturelles, la déforestation et la destruction des forêts en général (et plus particulièrement les tropicales humides). Les activités de Cafotrop suivent les problématiques et stratégies de recherche définies par les établissements scientifiques partenaires (MNHN et CNRS). Ils disposent d'un ordre de mission et de permis de récolte et d'exportation conformes aux lois internationales en vigueur.

Les insectes sont étudiés et traités par les scientifiques dans le cadre de la recherche liée au projet et seront restitués aux établissements des pays d'accueil. Les résultats et les données sont diffusés par les publications scientifiques, conférences, congrès et autres manifestations grand public et pédagogiques. Une équipe de sept personnes part sur le terrain (cinq chercheurs, un grimpeur et un photographe). D’autres scientifiques participent au projet par l’étude du matériel récolté. À l’occasion du retour de mission, rendez-vous début 2014 au Muséum national d’histoire naturelle pour échanger avec les membres de l’équipe scientifique.

FUTURA SCIENCES 15/10/2013

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