Admin-lane 0 Posté(e) le 19 novembre 2013 Qui prendra, demain, la place du pétrole comme première énergie primaire mondiale ? Dans l'état actuel des choses, ce n'est ni le solaire, ni le nucléaire, encore moins l'éolien, mais... le charbon. Si l'Europe fait aujourd'hui la course en tête dans la transition vers les énergies renouvelables (ENR), c'est parce qu'elle la fait seule, ou presque. Entre 2000 et 2010, la consommation d'énergie a explosé, augmentant de près de 30 %. C'est le charbon qui a permis de répondre à la moitié de cette hausse, contre l'ensemble des autres sources énergétiques pour l'autre moitié. Il se tient en ce moment en Pologne deux rendez-vous internationaux qui illustrent à merveille la tension actuelle entre climat et charbon. Monty Rakusen / AFPOn aurait donc tort de reléguer le charbon au musée de la révolution industrielle, entre le train et le bateau à vapeur. Surtout que l'appétit pour cette matière première ne devrait pas s'arrêter là : selon les projections de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le charbon pourrait produire autant d'énergie que le pétrole vers 2017, soit l'équivalent de 4 300 mtep (millions de tonnes équivalent pétrole). Des prévisions du cabinet américain Wood Mackenzie prévoient même la suprématie du charbon dès 2020, dopé par les demandes chinoise et indienne. L'or noir aurait alors un nouveau nom.Peu cher, abondant - 120 années de réserves prouvées au rythme de consommation actuel -, mieux réparti que le pétrole à la surface du globe et demandant moins de maîtrise technologique que le nucléaire ou les ENR, le charbon cumule les avantages. La Chine en a fait l'atout maître de son développement, le pays consommant à lui seul 46,2 % du combustible extrait chaque année dans le monde. Le tableau serait donc idéal si cette roche, hautement concentrée en carbone, ne polluait pas autant l'atmosphère. Le charbon rejette plus de CO2 que n'importe quelle autre énergie, mais aussi des gaz directement toxiques pour la santé (soufre, métaux lourds, particules fines...).À l'heure où les conférences s'enchaînent pour limiter les dégâts climatiques, le monde s'apprête donc à troquer le pétrole contre le charbon. Une drôle de mesure, qu'il serait cependant trop facile d'attribuer aux seuls pays pauvres ou nouvellement industrialisés. Certes, les États-Unis ont vu leur consommation de charbon chuter drastiquement depuis une décennie, mais cela s'est fait au profit de leurs gaz de schiste, ce qui n'est pas sans conséquence.L'Europe, de son côté, ne fait parfois guère mieux que des pays qui ne cherchent finalement qu'à s'électrifier à moindre coût. - En Allemagne, les mines de lignite - un type de charbon moins pur en carbone et encore plus polluant - sont largement exploitées pour assumer la sortie du nucléaire et pallier les carences des ENR, pourtant largement développées outre-Rhin. Quant à la Pologne, le pays tire 92 % de son électricité de la combustion du charbon.- La Pologne, c'est là où se tiennent en ce moment deux rendez-vous internationaux qui illustrent à merveille la tension actuelle entre climat et charbon :--- D'un côté, une conférence mondiale sur le climat réunit en ce moment 190 pays pour discuter de l'après-Kyoto. --- De l'autre, un "sommet international du charbon" organisé par les industriels du secteur pour vanter les mérites de cette énergie. Ces derniers ont beau mettre en avant des nouveaux procédés de charbon propre, consistant à capter les émissions de CO2 afin de les enterrer, cette technique, très énergivore, ne devrait équiper que 1 % des centrales électriques d'ici à 2035 selon l'AIE. Crédit photo AFP/Pap/Radek PolandUn paradoxe que n'ont pas manqué de dénoncer les ONG pro-environnement, comme Greenpeace, qui a pris d'assaut de manière spectaculaire le ministère polonais de l'Économie, avec une question au bout du bandeau : "Qui décide en Pologne ?"Bien sûr, passer du tout-pétrole au tout-charbon n'est pas chose faite. Mais à part une vraie volonté politique qui consisterait à instaurer un prix du carbone dissuasif (contrairement à ce qui se fait en ce moment) ou de véritables ruptures technologiques, les possibilités d'une alternative à court terme ne sont pas légion. Pour l'instant, la fumée restera noire.Le Point 19/11/2013 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites