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Expédition à Lengguru, la vallée perdue

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Hormis une 1ère expédition en 2010, cette région de Papouasie-Nouvelle Guinéen'a jamais été explorée par les scientifiques : ils partent en janvier 2014 (jusqu'au 6 mars de la même année), à la recherche d'espèces archaïques.

C’est un parfum de vallée perdue qu’exhale Lengguru. S’il y a peu de chances d’y découvrir des dinosaures ou des King Kong, cette région karstique de Papouasie-Nouvelle Guinée devrait recéler de nombreuses espèces inconnues, supputent les chercheurs de l’Institut pour la recherche et le développement (IRD) et de l’Institut indonésien des sciences (LIPI).

 Karst marin : la zone frontale de Lengguru plonge dans la mer de Seram jusqu'à plus de 2.000 m de profondeur.


Pour la première fois, une expédition scientifique va explorer du 21 janvier au 6 mars 2014 ce réseau impénétrable de montagnes calcaires et de vallées profondes. « Nombre de ces endroits n’ont jamais reçu la visite d’Homo sapiens » affirme Laurent Pouyaud, responsable du programme à l’IRD.

La carte de l'expédition qui partira en janvier 2014. IRD

Grand comme la Sardaigne, le Lengguru a émergé des mers il y a dix millions d’années, créant un lien terrestre entre la «tête d’oiseau » de la Nouvelle Guinée qui s’est détachée de l’Australie il y a 30 millions d’années, et le «corps de dindon» primitif de l’île.

 Melanotaenia goldiei, poisson arc-en-ciel découvert lors de l’expédition Lengguru 2010. IRD Laurent Pouyaud

Ces reliefs calcaires ont joué un rôle de pont terrestre pour les espèces animales et végétales avant de les piéger dans un réseau dense de petites cordillères et de canyons profonds. Située à la frontière de trois systèmes bioclimatiques très différents, le Lengguru présente un des taux d’endémisme et de biodiversité les plus importants sur la planète. Il n’a pourtant fait l’objet d’aucune exploration d’envergure et il n’existe quasiment pas d’études scientifiques sur cette région.

 Grenouille portant sa progéniture sur son dos, découverte lors de l'expédition à Lengguru en 2010. IRD_Marc Legendre


C’est donc un rêve de biologiste et d’écologue. En 2010, une première expédition de l’IRD et du LIPI a confirmé la richesse des lapiazs, les plateaux calcaires fissurés et érodés recouverts de forêts, de poljés, des lacs coincés au fond des vallées et reliés aux réseaux d’eau souterrains, et des dolines, dépressions circulaires creusées par l’érosion.

 Un vol de chauve-souris Grandes roussettes. Il existe de nombreuses espèces différentes dans cette région. Philippe Gaucher IRD


« Les rares habitants du coin parlent de la présence de raies et de requins dans les lacs d’eau douce et l’extrême isolement et l’encaissement de certaines vallées nous font espérer la rencontre avec des espèces qui n’ont quasiment pas évolué depuis dix millions d’années » s’enthousiasme Laurent Pouyaud.

 Une grenouille de l'espèce Rana sp. Philippe Gaucher IRD

La première expédition a confirmé le grand potentiel du Lengguru. Les kangourous y vivent dans les arbres, les pigeons font plus de cinq kilos et l’absence totale de singes a permis la colonisation de la canopée par les oiseaux. On dénombre ainsi la présence d’environ 150 et 200 espèces d’oiseaux par km2.

 Lac Sewiki. Les nombreux lacs de la région sont reliés à des réseaux karstiques souterrains. IRD Laurent Pouyaud

L’expédition de 32 scientifiques européens et 60 indonésiens comptera une équipe en herpétologie et une en mammalogie qui exploreront les différentes strates du milieu terrestre, des forêts de fonds de vallées aux canopées d’altitude, à la recherche de reptiles, amphibiens, mammifères terrestres. Botanique, ornithologie, ichtyologie, entomologie auront également leurs équipes dédiées. Des plongeurs scientifiques exploreront les falaises maritimes jusqu’à 100 mètres de profondeur. Une équipe de spéléologie entreprendra la visite du réseau karstique souterrain.

 Massif du Lengguru vu depuis le lac Sewiki IRD Laurent Pouyaud

Toutes les découvertes seront analysées dans un premier temps sur site avant d’être envoyées dans un second temps au LIPI. Le matériel génétique ne devrait donc pas sortir du territoire indonésien, sauf pour des analyses qui ne pourraient être traitées localement. L’IRD a signé avec les autorités indonésiennes un accord de partage des avantages (APA) qui garantit une utilisation juste et équitable des découvertes qui pourraient être faites. On pourra suivre l’aventure sur ce site web dédié.

 Séance de pêche électrique. De quoi récolter vivants de nombreux représentants des diverses espèces de poissons. IRD Laurent Pouyaud

 Rivière "en pointillé". Les tronçons de rivière alternent à l'air libre et sous la terre. IRD Laurent Pouyaud

 Fleurs forestières. Christophe Thebaud

Fourmis écophiles, qui vivent dans les arbres. Christophe Thebaud

 Rivière souterraine de Mbuta Guilhem Maistre

 Python Christophe Thebaud

  Gravure rupestre découverte sur le massif de Lengguru en 2010 IRD Laurent Pouyaud

 Lac Kamaka IRD Laurent Pouyaud

S et A 30 Nov. 2013

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Paris (AFP) - Des oiseaux, des grillons, des amphibiens, des orchidées, des gorgones... tout juste de retour, l'expédition Lengguru, la plus importante expédition scientifique jamais menée en Indonésie, pense avoir découvert des dizaines de nouvelles espèces, inconnues jusqu'alors.

Pendant cinq semaines, du 17 octobre au 20 novembre, 24 chercheurs européens et 42 scientifiques indonésiens ont exploré "l'exceptionnelle biodiversité" du Lengguru, un massif accidenté vaste comme deux fois la Corse, situé dans la partie indonésienne de l'île de Nouvelle-Guinée.

 Une photo du poisson arc-en-ciel "melanotaenia goldiei"- découvert lors de l'expédition Lengguru -, prise le 31 mai 2011 et transmise à l'AFP par l'Institut français de recherche pour le développement (IRD) (c) Afp

Composée de formations calcaires appelées "karsts", la chaîne de Lengguru se caractérise par des séries de plis montagneux culminant entre 900 et 1.500 mètres, séparés par des vallées profondes, où l'écoulement des eaux se perd dans des failles. Laurent Pouyaud, de l'Institut français de recherche pour le développement (IRD), décrit avec enthousiasme "un immense labyrinthe", "une succession d'écosystèmes qu'on ne voit nulle part ailleurs".

Les scientifiques ont eu "accès à des fragments de nouveaux mondes, un peu comme dans l'univers imaginaire du film Avatar", a-t-il expliqué mardi à Paris, en présentant à la presse un premier bilan des explorations.

Vieux de dix millions d'années, surnommé le "Monde perdu", le Lengguru, qui avait fait l'objet d'une première expédition préliminaire en 2010, a tenu ses promesses, réservant aux scientifiques nombre de surprises.

Le biologiste cite la présence de poissons dans des zones complètement isolées. "C'est la preuve que ces poissons sont là depuis toujours, avant la formation des montagnes", avance-t-il. Il y a aussi ces mystérieuses grenouilles, en apparence identiques, mais dont les chercheurs ont acquis la conviction, en les écoutant, qu'elles appartenaient à des espèces distinctes.

Géologues, océanographes, zoologues et botanistes ont exploré trois types d'environnement, terrestre, souterrain (avec le concours de spéléologues) et marin (avec l'appui de plongeurs).

Laurent Pouyaud a dressé le bilan de l'exploration terrestre : plus de 50 espèces d'oiseaux collectées, 47 espèces de reptiles, 35 espèces d'amphibiens, 20 espèces de chauves-souris, mais aussi "beaucoup de petites bêtes", comme les grillons (entre 100 et 150 espèces).

Dans cette profusion, ils s'attendent à pouvoir confirmer l'existence de plusieurs dizaines de nouvelles espèces, même si les découvertes doivent encore être validées par les analyses en laboratoire.

Côté flore, entre 100 et 300 espèces d'orchidées ont été récoltées "dont une partie importante de nouvelles espèces". Mais les botanistes doivent s'armer de patience et attendre la floraison de certaines pour confirmer leur nouveauté.

Le bilan de la partie sous-marine de l'exploration laisse aussi présager "un nombre important de nouvelles espèces", a indiqué Régis Hocdé (IRD). Les plongeurs ont rencontré "une multitude de gorgones" et "une très grande diversité" de concombres de mer, de mollusques et de plantes à fleurs marines.

Les prélèvements sont stockés sur l'île de Java, à l'Institut indonésien des sciences (LIPI), partenaire de l'expédition avec l'IRD et l'Académie des pêches de Sorong. "Tout ce qui peut être analysé là-bas le sera", a précisé Laurent Pouyaud.

"Ce qui nous intéresse, ce n'est pas seulement la description de nouvelles espèces", a-t-il souligné. Les scientifiques veulent comprendre pourquoi cette "région exceptionnelle" recèle autant d'espèces, "comment s'est mise en place cette biodiversité et comment elle se maintient".

Ils souhaitent aussi "avoir des approches prédictives", voir comment ce monde étonnant va évoluer, par rapport au réchauffement climatique ou aux activités humaines.

Les moments les plus spectaculaires de l'expédition ont été immortalisés et ce "film d'aventure" sera diffusé en 2015 sur Arte.

Sciences et avenir 9/12/2014

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En attendant davantage d'informations sur les récentes découvertes faites lors de la dernière expédition de Lengguru, Olivier Lascar, de Sciences et avenir a publié un diaporama de quelques-unes des espèces.


 Un corail solitaire sous l'objectif des explorateurs de Lengguru. ©️ RD/ Régis Hocdé/ Lengguru 2014


 Sous les flots de Lengguru, crinoïdes et gorgones. ©️ IRD/Gilles Di Raimondo / Lengguru 2014



 Crustacé vivant sur les gorgones, sans que les inter-relations biologiques entre eux ne soient connues. ©️ IRD/Gilles Di Raimondo / Lengguru 2014



 Crevette vivant en association avec une anémone. ©️ IRD /Régis Hocdé/ Lengguru 2014
 
 Minuscules au mouillage devant le village de Lobo, les deux navires de l’expédition font face à aux spectaculaire forêts et falaises karstiques. Culminant à 1200 mètres d’altitude, les crêtes vertigineuses seront atteintes par des équipes après 3 jours de progression. ©️ IRD/Jean-Marc Porte/Lengguru 2014


 A Lengguru, la progression dans la forêt karstique est un exercice périlleux. ©️ IRD/Jean-Marc Porte/Lengguru 2014



 Examen et le prélèvement d’acariens sur les plumes d’un oiseau en bordure du lac Sewiki. Cet ornithologue étudie le rôle des parasites des populations d’oiseaux endémiques. ©️ IRD/Jean-Marc Porte/Lengguru 2014



 Enregistrement et classement des spécimens de batraciens par les herpétologues. ©️ IRD/Jean-Marc Porte/Lengguru 2014



 Cet étonnant pigeon couronné (Goura cristata) endémique de la Papouasie, est la plus grosse espèce de pigeon connue. ©️ IRD/Jean-Marc Porte/Lengguru 2014





Sciences et avenir 12/12/2014

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Des reliefs karstiques, des vallées profondes, des lacs retirés, des fonds marins inconnus, des grottes mystérieuses : Lengguru n’a pas déçu les chercheurs de l’Institut pour la recherche et le développement et leurs homologues de l’Institut indonésien des sciences. Ils reviennent en effet d'une campagne de 5 semaines dans ces vallées perdues.

Le travail de terrain sera effectué entre le 17 octobre et le 20 novembre 2014. Les localités visitées sont toutes dans la région de Kaimana  : Buruway (Karang Derdi – village de Nusa Ulan), Arguni Atas (villages de Wanoma et d’Urisa), Triton Bay (villages de Lobo et de Kamaka), Kayumerah Bay (village d’Avona et Cap de Tanjung Boi).
 Lieux de l'expédition Lungguru de 2014 / www.lengguru.org



C’est bien un immense livre ouvert sur l’évolution de la biodiversité que représente cette région karstique jusqu’ici oubliée des scientifiques : "Longtemps les chercheurs ont pensé qu’il n’y avait rien de remarquable à tirer de cette succession de reliefs calcaires noyés dans la végétation. C’était oublier l’histoire géologique singulière de cet endroit" note Laurent Pouyaud, ichthyologue à l’IRD.

Lengguru a émergé il y a dix millions d’années seulement. Ses vallées ont été générées par le passage de la plaque australienne sous la plaque pacifique. Cette émergence de plaques sédimentaires a créé un passage entre la partie ouest de la Papouasie, sa "tête d’oiseau" provenant d’une rupture avec le continent australien il y a 40 à 60 millions d’années, et la Papouasie primitive de l’Est. "Ce pont a permis dans un premier temps aux espèces de se déplacer jusqu’à ce que la déformation de la croûte calcaire ne forme des plis infranchissables de 900 à 1500 m de hauteur – à la manière d’un accordéon - où des animaux se sont trouvées piégés" poursuit Laurent Pouyaud.

Ce relief où se succèdent les lapiazs (plateaux calcaires fissurés) et les poljés (canyons abritant des lacs et rivières indépendantes des réseaux voisins) expliquent le caractère exceptionnel de cette région pour les écologues et les spécialistes de l’évolution. Les plantes et les animaux qui ont vécu dans ces zones reculées n’ont en effet plus connu le phénomène de spéciation, (le processus qui permet l’apparition de nouvelles espèces), depuis leur isolement. Les chercheurs ont donc sous la main des "reliques" de dix millions d’années qui vont leur permettre d’affiner les arbres phylogénétiques des animaux et plantes vivant dans toute cette partie du monde.

Ce laboratoire grand comme deux fois la Corse recèle par ailleurs une biodiversité endémique très riche. Au moins une cinquantaine de nouvelles espèces vont être décrites dans les prochains mois. Pour certaines, la nouveauté se voit immédiatement, comme ce palmier dont l’aspect original ne laisse aucun doute, ou encore des oiseaux dont la singularité saute aux yeux des ornithologues. Pour de nombreux prélèvements en revanche, notamment les insectes et les mollusques, il faudra en passer par de longues analyses génétiques.

L’exploration des zones marines a également réservé son lot de surprises : "C’est un littoral où les poissons et les mammifères marins abondent, note Régis Hocdé, en charge du versant maritime de l’expédition. Nous avons notamment pu observer des requins baleines qui - selon les habitants de la région - seraient exceptionnellement sédentaires, ce qui permettrait de mieux comprendre la vie très méconnue de cet animal". De nombreux cas de gigantisme et de nanisme chez les gorgones, mollusques, échinodermes et holothuries ont également été constatés dont des hippocampes de moins de 1cm de long. À cette occasion, l’IRD a rajeuni les données bathymétriques de ces fonds océaniques. Les derniers relevés dataient de 1905 !


Sciences et avenir 13/12/2014

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