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Le Bhoutan veut faire rouler ses voitures à "l'eau"

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Le moteur à eau avait défrayé la chronique française il y a une trentaine d'années, il revient par l'Himalaya où, de façon beaucoup plus logique, on transforme tout d'abord l'énergie de l'eau dévalant des montagnes en électricité. Ce trésor hydroélectrique abonde dans le petit royaume du Bhoutan, au point d'en faire la principale ressource de devises procurées par les exportations d'électricité. Il est devenu assez vite évident que les surplus pouvaient servir à animer des voitures électriques.

Afin d'assurer ce développement dans les meilleures conditions, le gouvernement du Bhoutan vient de signer un accord avec le japonais Nissan. Une façon intelligente pour lui de développer à la fois son parc automobile électrique, mais également d'utiliser au mieux ses ressources hydro-énergétiques. En 2008, le Bhoutan, qui compte 750 000 habitants, est passé d'une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle et a organisé ses premières élections générales.

 Le Premier ministre du Bhoutan et Carlos Ghosn, aux côtés de la Nissan Leaf et de la première borne de recharge électrique. ©️ Sarkar/AFP

"Le royaume du Bhoutan est heureux de lancer ce partenariat avec Nissan, afin de devenir une nation pionnière des véhicules électriques", a déclaré vendredi le Premier ministre bhoutanais, Tshering Tobgay. M. Tobgay a tenu une conférence de presse aux côtés du P-DG de Nissan, Carlos Ghosn, venu symboliquement au Bhoutan pour parapher cet accord le jour de l'anniversaire du roi.

Coincé entre Inde et Chine, ce petit royaume himalayen tire une bonne part de ses devises étrangères de la vente vers l'Inde d'électricité produite dans quatre usines hydro-électriques. Elles disposent d'une capacité cumulée de 1 400 mégawatts - l'équivalent d'un puissant réacteur nucléaire.

 Un pays magnifique, montagneux à souhait et difficilement accessible. ©️ DR


Mais le pays doit actuellement importer l'essence pour ses voitures et cette facture grimpe de façon vertigineuse à mesure que le parc automobile bhoutanais, jusque-là embryonnaire, se densifie. Confronté à une crise des paiements, le gouvernement a même dû décréter l'interdiction d'importer une série de produits... dont les voitures à essence.

"Nous ne voulons pas dépendre ni acheter d'énergie fossile", a défendu M. Tobgay, arrivé au pouvoir l'été dernier et qui veut faire de l'usage des voitures électriques un vecteur de développement et d'indépendance financière pour son pays. Aussi M. Tobgay, arrivé au pouvoir l'été dernier sur un programme de relance économique, fait-il de l'usage des voitures électriques un vecteur du développement du pays et de son indépendance financière.

 Le Bhoutan, coincé entre Chine et Inde ©️ DR


"L'expérience de Nissan sera inestimable pour nous aider à créer des infrastructures pour le transport électrique", a souligné le Premier ministre.

Le constructeur japonais est le leader mondial dans ce domaine pour lequel il a investi 4 milliards d'euros avec le français Renault, son principal actionnaire. Lancée fin 2010, sa citadine Leaf a dépassé le mois dernier les 100 000 exemplaires vendus dans le monde, une première pour une voiture électrique

M. Ghosn a annoncé que Nissan allait "fournir des Leaf et des chargeurs rapides au Bhoutan, afin de montrer comment notre activité de véhicule électrique peut s'adapter aux marchés émergents riches en énergie propre".

Deux Leaf sont offertes au gouvernement du Bhoutan, en ce jour de l'anniversaire du jeune roi marqué par un tourbillon de danses et chants traditionnels dans un stade sous le regard de milliers de spectateurs et des montagnes encaissant la capitale. D'autres équiperont la flotte du gouvernement et de taxis bhoutanais dans le cadre d'un accord financier dont les modalités n'ont pas été révélées, ont précisé les deux partenaires.

 Le premier ministre fait la démonsttration du plein électrique pour les journalistes locaux. ©️ Sarkar/AFP



Les "chargeurs rapides" permettent de recharger la batterie d'une Leaf en une demi-heure, contre huit heures lorsqu'elle est branchée sur secteur traditionnel.

À plein, le véhicule peut parcourir près de 200 kilomètres d'après le constructeur, ce qui est sans doute possible en plaine et à température ambiante, mais l'expérience d'Auto-Addict est plus mesurée (voir l'article). Au Bhoutan avec l'altitude, la pente et le froid, on réunit là des conditions les plus sévères d'utilisation pour une voiture électrique. Mais Carlos Ghosn, qui a admis que son programme de voitures électriques se déployait à un rythme plus lent que prévu, peut aller chercher ce genre de marchés qui fera du bien pour l'image de marque.

Il a évoqué la possibilité de vendre sur place "des centaines, voire des milliers de Leaf" dans les années à venir. Mais au-delà, le PDG veut faire de l'expérience bhoutanaise "une vitrine, qui montrerait comment un pays avec une vision claire et une volonté forte va bâtir un réseau de transport complètement propre".

 Les routes du Bhoutan, c'est assez souvent cela, plus adaptées aux 4X4 qu'aux voitures électriques. ©️ DR


Des obstacles immenses se dressent pourtant sur la route du Bhoutan, qui veut aussi devenir la première à convertir entièrement son agriculture l'exploitation biologique. Le réseau routier n'est pas encore très développé dans les campagnes et le développement d'une flotte électrique nécessite une infrastructure adéquate. Dans un pays où la majorité de la population ne roule pas sur l'or, le prix constitue aussi un frein important, car il est plus élevé pour les véhicules électriques que pour leurs homologues à essence. Aux Etats-Unis, une Leaf coûte plus de 20.000 dollars.

"Si nous pouvons recevoir du soutien d'organisme internationaux et d'individus pour subventionner un tiers de ce prix, ces voitures deviendront tout à fait abordables", a espéré le Premier ministre quelque peu naif sur ce point. Le Bhoutan a largement bâti sa renommée sur le "bonheur national brut", promu comme un mode de développement alternatif, mais ce concept suscite désormais des critiques, le royaume étant confronté à un fort chômage des jeunes et à un exode rural.

 Carlos Ghosn s'est dépalcé en personne au Bhoutan pour faire la promotion de la voiture électrique. ©️ Sarkar/AFP

Reste la création d'infrastructures de recharge rapide est présentée par les spécialistes du secteur comme une condition sine qua non à l'envolée des ventes de véhicules électriques, dont le prix freine aussi l'ardeur des consommateurs. Avec son allié Renault qui a déjà lancé quatre véhicules électriques ces dernières années, Nissan tablait au départ sur des ventes cumulées de 1,5 million d'unités d'ici à 2016. Mais M. Ghosn, qui préside aussi Renault, a reconnu en fin d'année dernière que cet objectif ne serait sans doute atteint "que deux ou trois ans plus tard".


Nissan Newsroom 21/2/2014


LE POINT 21/2/2014

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