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Cambodge : la raréfaction du poisson pousse à l'exode des villages flottants

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Chhnork Trou (Cambodge) (AFP) - Des générations de pêcheurs cambodgiens ont vécu dans les villages flottants du Tonlé Sap, le plus grand lac d'eau douce d'Asie du sud-est. Mais la raréfaction du poisson pousse les jeunes à mettre pied à terre, menaçant un mode de vie ancestral.

A trois heures de route de Phnom Penh, Chhnork Trou est un village flottant caractéristique du Tonlé Sap, une vaste langue d'eau nourrie par les eaux du Mékong. Le hameau a son école, son dentiste, son salon de coiffure et sa clinique.

AFP 28/2/2014


Comme la majorité des centaines de milliers de villageois dont la vie tourne autour du lac, les habitants de Chhnork Trou sont des pêcheurs et des pisciculteurs, qui n'imaginent pas la vie à terre.

"La vie dans les villages flottants, c'est bien mieux", assure le pêcheur Sok Bunlim, 62 ans, né dans ce village où tout le monde, jusqu'aux vendeurs de légumes ambulants, se déplace en barques ou, aujourd'hui, en petit bateau à moteur. "J'aime vivre sur le lac. Les vendeurs de légumes viennent chez moi, nous n'avons pas besoin d'aller au marché", explique-t-il en ravaudant son filet.

Mais les poissons se font de plus en plus rares. "Si nous devons aller sur la terre ferme, que vais-je faire? Je ne sais pas planter du riz, je ne sais pas labourer", confie Sok Bunlim.

Vuthy So 11/10/2011


Le Tonlé Sap offre un moyen de subsistance à plus d'un million d'habitants vivant sur ou à proximité du grand lac, qui compte 149 espèces de poissons, selon la Commission régionale du Mékong (MRC).

Selon cet organisme intergouvernemental rassemblant Cambodge, Laos, Thaïlande et Vietnam, entre la saison sèche et celle des pluies, la physionomie du lac change du tout au tout, passant de 3.500 km2 à son plus bas (avec environ 0,5 m de profondeur en avril) à 14.500 km2 (et jusqu'à 9 mètres de fond en septembre et octobre).

Des variations de niveaux extrêmes qui supposent l'organisation de la migration de ces maisons flottantes au fil de l'eau. Mais, avec la raréfaction des poissons dans le lac, nombre des habitants se décident à partir.

"Je ne prends pas assez de poisson et l'argent ne suffit pas", déplore Yorng Sarath, jeune pêcheur de 25 ans, qui confirme remonter de moins en moins de prises dans ses filets. "Quand le vent est calme, j'attrape environ cinq kilos de poissons par jour. Quand le vent est violent, seulement un kilo", explique ce père de deux enfants qui tente d'épargner afin de "partir tenter sa chance à terre".

Pas moins de 400 familles ont quitté Chhnork Trou ces deux dernières années, soit un cinquième de la population du village, selon son chef, Samrith Pheng. "Autrefois il y avait beaucoup de poissons, le gens pouvaient en vivre. Mais les stocks de poissons déclinent. Si nous étions sur la terre ferme, nous pourrions cultiver des légumes alors qu'ici, nous devons tout acheter", confirme le chef du village.

WorldFish 26/7/2011


"Les plus jeunes, comme mes enfants, veulent aller vivre sur la terre ferme, parce qu'ils ont reçu une éducation, ils en savent plus, alors ils en veulent plus", témoigne lui aussi Sok Bunlim.

Le lac fournit entre 200.000 et 218.000 tonnes de poisson par an, ce qui représente près de la moitié des poissons pêchés en eau douce au Cambodge, selon une estimation de 2006 citée par la MRC. Aucune donnée récente sur l'ampleur de la raréfaction du poisson dans le lac n'est disponible.

Les défenseurs de l'environnement pointent du doigt la densification de la population et la construction de barrages sur le Mékong. Afin de tenter d'inverser la tendance, le gouvernement cambodgien a interdit la pêche industrielle sur le lac, une victoire pour les petits pêcheurs. Mais la pêche illégale, parfois avec recours à l'électricité, reste un problème majeur.


Türlü Türlü Videolar 17/12/2013


"Au regard de l'ampleur des infractions à la réglementation de la pêche aujourd'hui, nous ne nous attendons pas à ce que les stocks de poissons se reconstituent", se dit, sceptique, Om Sovath, directeur à Phnom Penh de l'ONG Fisheries Action Coalition Team (FACT).


Sciences et avenir 28/2/2014

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