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Réchauffement climatique : témoignage de petits pays victimes du réchauffement du climat

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Tokyo (AFP) - Chez lui, au Ghana, la mer mange inexorablement la côte. Chez elle, aux Îles Marshall, l'eau risque de tout engloutir. Alors qu’à Yokohama, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est au chevet d'une planète qui se réchauffe, deux responsables de ces questions dans leurs "petits" pays témoignent.

Courant février l’AFP avait rencontré à Tokyo Angeline Heine, responsable de la planification énergétique au ministère des Ressources et du Développement des Îles Marshall, et le Dr Nii Darko Asante, directeur au Ghana de la promotion des énergies renouvelables. Ils étaient au Japon pour un séminaire de l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena), une organisation intergouvernementale qui regroupe quelque 120 pays.

A marée haute et sous la pression d'une tempête, la marée submerge une plage des Îles Marshall, le 3 mars 2014 (c) Afp

Tous les deux viennent des régions du monde qui émettent le moins de gaz à effet de serre (GES) mais souffrent le plus du réchauffement climatique.

"Pour nous, aux Iles Marshall, le climat est une question de survie", assène d’emblée Angeline Heine. Son pays (un millier d'îles et îlots), qui dépend énormément des importations de pétrole, vise 20% d’énergies renouvelables d'ici 2020, essentiellement grâce au solaire.

Mais comment se faire entendre dans les grandes conférences internationales ? Angeline Heine ne cache pas que c’est plus que dur, d’autant que "sa" région pacifique (Micronésie, Mélanésie et Polynésie) est "écartelée" entre différentes souverainetés: France, Etats-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande.

En septembre dernier, les pays-archipels du Pacifique sud s'étaient réunis à Majuro, la capitale des Marshall, pour tenter d'obtenir des grandes nations polluantes des engagements à limiter leurs émissions, soulignant que le réchauffement représente une menace directe pour eux: les archipels des Tuvalu, des Kiribati et des Marshall sont parfois à moins d'un mètre au-dessus de l'eau.


 
AFP 25/3/2014


"Nous essayons d’avoir une politique régionale pour dire que nous avons des problèmes en commun, car c’est une question de survie pour beaucoup d’entre nous, notamment pour mon pays", plaide Angeline Heine, qui peine parfois à cacher sa colère: "au bout du compte je suis très critique", dit-elle, n’hésitant pas à parler de "colonialisme", en évoquant les responsabilités de l’Occident dans les dérèglements climatiques.

"Pour moi qui suis chargée de l’application des politiques (énergétiques) mais qui suis au milieu de l’échelle, l’argent arrive toujours après des années. C’est très rare de voir les effets de ces fonds attribués par l’ONU ou des pays membres. Et quand l’argent finalement arrive jusqu'aux gens qui en ont vraiment besoin, la situation peut avoir changé, ou c'est parfois trop tard”.

"Pendant la saison des inondations, un de mes collègues m’a dit: on n'est pas à 60 cm au-dessus de la mer on est nez à nez avec elle!".

Colère encore: "On n’a pas besoin que des scientifiques viennent chez nous pour faire des études. Vous pouvez le voir ! C’est là !".

Malgré les mauvaises nouvelles de l’état de la planète, Angeline dit pourtant qu’elle garde espoir: "on vit avec ça tous les jours. Alors quand nous allons à ces tribunes mondiales on leur dit: vous savez, même si nous sommes ceux qui émettons le moins, au moins on essaye de faire quelque chose, on ne reste pas assis à attendre".

Bien que plus mesuré, le Dr Asante n’est pas loin de penser la même chose. Le Ghana a adopté une loi il y a deux ans environ avec un objectif de 10% d’énergie renouvelable dans le bouquet national.

Pour lui, l’Occident et les autres grands pollueurs comme la Chine "n’écoutent pas" les petits pays en développement. "Je ne pense pas que le monde développé écoute autant qu’il le devrait". C'est pour cela, dit-il, que "la plupart de nos délégués en reviennent généralement déçus" des conférences internationales.

Mais, comme Angeline, lui non plus ne désespère pas: "le simple fait de tenir ces réunions signifie qu’on s'occupe du sujet. Et puis on ne peut pas savoir si les choses n'auraient pas été pires sans ces conférences". "En tout cas le temps presse, on va en manquer, et nous espérons qu’enfin des décisions courageuses seront prises".

Après le Giec à Yokohama suivi d'une réunion à Berlin en avril, le prochain grand rendez-vous climatique mondial se tiendra à Paris en 2015.

S & A 27/mar/2014

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