Admin-lane 0 Posté(e) le 29 mars 2014 MADRID - Refuge des célébrités, l'île espagnole d'Ibiza s'attire aussi d'autres faveurs: celles d'un groupe pétrolier qui espère trouver de l'or noir dans ses fonds marins, mais le projet, vu d'un bon oeil par le gouvernement, suscite une farouche opposition locale.Ici, tout le monde est contre, résume Carlos Bravo, coordinateur technique de l'Alliance Mar Blava (mer bleue en catalan) qui rassemble autorités régionales, municipalités, écologistes, entreprises du tourisme, syndicats et associations culturelles. Ce collectif réunit tout l'éventail social et économique des deux îles, Ibiza et Formentera, sa petite voisine accessible uniquement par bateau, explique-t-il. En güncelhaberlerbura 24/10/2014 Manifestation de février contre le projet de recherche de pétrole aux larges des côtes d'Ibiza.Avec un message clair: la prospection de pétrole n'est pas compatible avec l'archipel des Baléares, dont ces îles font partie. Pour s'y opposer, plus de 10.000 habitants ont manifesté fin février, une mobilisation historique. Et ils ont trouvé un soutien inattendu, celui des célébrités qui viennent chaque année y profiter des eaux turquoises et de la vie nocturne animée.Ibiza est en danger, s'est exclamée la jet-setteuse Paris Hilton sur Twitter, où elle a 12,6 millions d'abonnés. La mannequin Kate Moss a elle posé avec une pancarte marquée Ibiza dit non.Le projet remonte à 2010, quand le groupe écossais Cairn Energy a obtenu quatre permis d'exploration autour des Baléares et au large de Valence. Il pourrait se concrétiser dans les prochains mois, si le ministère de l'Environnement donne son feu vert.L'entreprise est au tout début de son évaluation pour décider d'explorer ou non des hydrocarbures dans cette zone, indique-t-elle dans un message écrit transmis à l'AFP.Cairn propose des travaux d'acquisition sismique en 3D dans une zone dont les périmètres sont à environ 50 kilomètres au large de Valence, 53 kilomètres de l'île d'Ibiza et 32 kilomètres des îles Columbretes (un petit archipel au large de Valence), soit une surface de 2.400 kilomètres carrés.La société promet de travailler à un moment où l'impact sera minimum donc probablement pendant les mois d'hiver. Sous l'eau, elle utilisera des canons d'air comprimé dont les échos, une fois analysés, révèlent la présence ou non d'hydrocarbures.Mais les ondes produites par ces canons, toutes les dix secondes jour et nuit, pendant 75 jours, ont un niveau sonore énorme, entre 10.000 et 100.000 fois celui d'un avion à réaction, ce qui provoque des dommages très importants chez les poissons, les cétacés, les tortues et les invertébrés comme les calamars et poulpes, dénonce Carlos Bravo.Près de ces îles vivent des orques, cachalots et dauphins: les cétacés sont très sensibles aux bruits, confirme Txema Brotons, président de l'association scientifique Tursiops, car cela interfère dans leur capacité de communication et de recherche d'aliments.Les cétacés, les poissons et leurs larves... tous vont partir, renchérit Pere Valera, secrétaire du groupement de pêcheurs d'Ibiza. Nous avons l'expérience de ce qui s'est passé ailleurs: (après les campagnes sismiques) il y a eu une réduction des prises de 70%.Les opposants à la recherche de pétrole, qui rappellent qu'Ibiza est classée au Patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco, craignent aussi l'impact sur l'activité touristique, principale source de revenus.Le pétrole des Baléares, c'est le tourisme, a déclaré publiquement le chef du gouvernement des Baléares José Ramon Bauza, pourtant du Parti populaire, de droite, au pouvoir en Espagne.Le gouvernement central insiste, lui, sur la réalité économique: l'Espagne, en crise depuis 2008, est le pays de l'OCDE le plus dépendant en importation d'hydrocarbures, faisant venir de l'étranger 99,9% de son pétrole.La recherche et production de pétrole et gaz pourrait d'ailleurs créer 260.000 emplois en vingt ans et apporter 4,3% du PIB, affirme une étude du cabinet Deloitte réalisée pour le secteur, estimant notamment les réserves espagnoles de pétrole à l'équivalent de 2 milliards de barils.Comme dénonce l'association Ecologistas en Accion, toutes les régions côtières font déjà l'objet de permis d'exploration pétrolière: Andalousie, Catalogne, Asturies, Pays Basque...Et si aux Baléares, les opposants au projet se disent optimistes, ils s'inquiètent de l'exemple des Canaries: dans cet autre archipel espagnol, où l'étude sismique a déjà été faite, le gouvernement assure que les prospections commenceront cet été, malgré les protestations locales.Romandie 29/3/2014 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites