Admin-lane 0 Posté(e) le 4 mai 2014 Ces cinq îles confettis de l’océan Indien sont un laboratoire exceptionnel, préservé de la présence humaine. Carte des îles Éparses de l'océan Indien.-CIA WFB Map / domaine public "Sanctuaires océaniques de la nature primitive", les îles Europa, Bassas da India, Juan de Nova, Glorieuses et Tromelin entourent Madagascar et ponctuent le canal de Mozambique et le bassin des Mascareignes. (Image satellite Ile Europa. NASA / domaine public) Éloignées de tout, sans source d’eau douce, ces confettis sont quasi-indemnes de toutes perturbations anthropiques directes, ce qui attire les scientifiques de nombreuses disciplines. (Image satellite île Bassas da India. NASA / domaine public) "Voilà des postes d’observation privilégiés pour étudier les changements globaux affectant la planète et observer les dynamiques des écosystèmes hors de toute intervention humaine directe" assure Marc Troussellier, directeur de recherche au CNRS qui chapeaute le programme. (Vue aérienne de l'île Île Juan de Nova. TAAF CC BY-SA 3.0) Un colloque qui s’est déroulé cette semaine au siège du CNRS a permis de restituer les premiers résultats des études en cours. Des résultats très souvent surprenants. (Image : Les îles Glorieuses vues de la Station spatiale internationale en juin 2001 : à gauche, l’île Grande Glorieuse ; à droite, l’île du Lys. NASA / domaine public) Exemples :- Les lémuriens ont fui l'Afrique par un pont rocheux : Le canal de Mozambique est une région à haute sismicité. Le rift est-africain qui sépare les deux plaques du continent africain, Nubie à l’ouest, Somalie à l’est, se prolonge dans ce bassin, suivant une structure sous-marine qui s’élève à 1500 mètres au-dessus des fonds voisins, la Ride de Davie. Les GPS installés sur les îles Europa et San Juan situées de part et d’autre de cette chaîne immergée ont permis de mieux caractériser les mouvements locaux de la croûte terrestre. Selon les premiers résultats, les déformations locales sont focalisées par la ride, cette structure étant affectée par un lent affaissement entamé il y a plusieurs dizaines de millions d’années. (Photo d'un indri, connu localement sous le nom de «babakoto», qu'on peut traduire par «Ancêtre de l'Homme». Erik Patel CC BY-SA 3.0)Les données bathymétriques enregistrées en 2003 lors d’une mission précédente font par ailleurs apparaître des signes d’érosion pouvant signifier que la chaîne a un jour relié le continent africain à Madagascar. Il est donc bien possible que ce «pont » ait servi aux lémuriens pour coloniser Madagascar, y proliférant tandis que leurs cousins africains disparaissaient.- On peut prédire l'arrivée d'un cyclone depuis le fond de la mer : Les enregistrements du bruit de fond microsismique effectués au fond de la mer ont aussi permis de mesurer l’ampleur et la diffusion de la houle de l’Océan Indien provenant des dépressions qui se succèdent autour de l’Antarctique, permettant ainsi l’étude de l’impact de ces vagues sur les récifs coralliens. Et ces mêmes instruments se sont révélés assez sensibles pour enregistrer à mille kilomètres de distance l’arrivée des cyclones. Le réseau de stations sismologiques déployé temporairement sur les cinq îles éparses avait pour principal intérêt l’étude de la structure de la croûte et du manteau supérieur sous le canal du Mozambique qui reste largement inconnue. Les nouvelles mesures récupérées seront utiles pour comprendre la structure du manteau intérieur sous l’île de la Réunion afin de reconstituer par image le cheminement de la lave du noyau jusqu’à la croûte terrestre pour alimenter le Piton de la Fournaise. (Image vue aérienne de l'île de Tromelin, océan indien. Jean-Claude Hanon CC BY-SA 3.0)- Les coraux des zones protégées fournissent des larves aux zones dégradées voisines : Les îles Eparses sont des "no-take areas" (NTA) depuis 1975, soit dans le langage des spécialistes des coraux, des zones où tout prélèvement de ces animaux sont bannis. Ces NTA constituent probablement la meilleure protection des récifs coralliens à l’échelle régionale car ils fournissent des larves aux zones dégradées voisines. D’où l’intérêt de procéder à un inventaire des récifs des îles Eparses : nombre d’espèces et de genres présents, état sanitaire, résistance à des épisodes de blanchiment provoqués par une hausse des températures de l’eau attribuée au phénomène El Nino, tel, celui, très puissant, qui a affecté les coraux des Eparses en 1997/1998. (Photo assemblage de coraux de la grande barrière de Corail (Australie). Toby Hudson CC BY-SA 3.0)- L'éloignement d'une île de toute civilisation ne suffit pas à la protéger des influences humaines : Une cinquantaine de genres ont été ainsi répertoriées dans les îles les plus riches en récifs, ce qui ne trahit pas une très grande biodiversité. Il s’avère en effet que ces espaces ont des écosystèmes peu différenciés et l’un des enseignements de l’expédition, c’est que la biodiversité ne dépend pas d’un éloignement qui protégerait des influences anthropiques, mais du nombre d’habitats différents. L’inventaire effectué va permettre de mieux évaluer l’effet des perturbations sur les îles voisines habitées par l’homme comme Mayotte. AGENCEVEKHA 15/12/2012- Il existe encore des bactéries presque vierges de pollution humaine : Il faut bien aller jusqu’aux Eparses pour trouver des bactéries qui n’aient pas été impactées par l’homme. Celui-ci a en effet largement diffusé dans l’environnement les polluants chimiques, les résidus antibiotiques et ses propres bactéries via ses déjections. L’intérêt est donc de dénicher des populations vierges afin de voir comment elles interagissent naturellement entre elles. AGENCEVEKHA 15/12/2012C’est ainsi qu’à Juan de Nova, une équipe de chercheurs a procédé à des prélèvements de bactéries, d’archées, de zooplanctons et de phytoplanctons. Des prélèvements ont également été effectués dans le lagon de Mayotte afin de faire des comparaisons avec des populations impactées par la présence humaine.L’un des premiers enseignements montre la très grande sensibilité des micro-organismes à la présence de nutriments, certaines îles s’étant révélées être très pauvres en phosphate et nitrate. AGENCEVEKHA 15/12/2012- Certaines populations d'oiseau y ont été divisées par 4 en une décennie : Du fait de leur éloignement, les îles Eparses sont des havres de paix et de très bonnes zones de reproduction pour les oiseaux marins. Les possessions françaises abritaient ainsi plus de 40% des oiseaux marins de l’Océan Indien occidental. D’où l’intérêt de suivre les populations locales, d’étudier l’impact du réchauffement climatique sur les effectifs, de considérer ces prédateurs comme des indicateurs de la chaîne alimentaire marine locale, le nombre des oiseaux et leur succès reproductif étant étroitement corrélé avec la disponibilité en poissons. Le suivi des sternes fuligineuses montre une première mauvaise nouvelle. Alors qu’on dénombrait sur Juan de Nova, le principal site nidificateur, 1,9 millions de couples en 2003, on n’en dénombrait plus que 446.000 dix ans plus tard ! (Photo Duncan Wright, USFWS / domaine public) AGENCEVEKHA 15/12/2012Les explications sont difficiles à donner. Les chercheurs constatent un retard dans les dates de nidification en juillet et font le lien avec un réchauffement plus fréquent des eaux provoqué par un «El Nino » propre à l’Océan Indien. Mais il est probable aussi que la présence de chats et de rats, espèces invasives, explique cette chute.- Les frégates dorment en volant, face au vent à 1500 m d'altitude, cœur arrêté : C’est pour comprendre les stratégies de recherche de nourriture des frégates que l’équipe d’Henri Weimerskirch a instrumenté ces oiseaux d’accéléromètres et de systèmes de mesure d’activité cardiaque pour mieux comprendre leur fonctionnement. Les frégates sont des oiseaux marins qui se nourrissent sans jamais toucher l’eau (leur nourriture est composée à 90% de poissons volants) et elles ne se posent jamais sur l’océan. Comment font-elles quand elles partent plusieurs jours à la recherche de nourriture? Les chercheurs sont aujourd’hui capables de décrire d’incroyables stratégies d’économie d’énergie. Ainsi, ces oiseaux se mettent-ils la nuit face au vent, à 1500 m d’altitude pour pouvoir dormir ailes déployées, immobiles, cœur à l’arrêt. (Photo frégate du Pacifique au nid. Jason Corriveau / domaine public) AGENCEVEKHA 15/12/2012"Cet apport de connaissance scientifique devait permettre de renforcer les mesures de préservation de cette biodiversité unique et d’établir les premières orientations de gestion" explique, Cédric Marteau, le Directeur de la Conservation du Patrimoine Naturel des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) et chef de mission lors de l’expédition en 2011.Un projet pas simple à mettre sur pied. Le voyage principal, en avril 2011, a mobilisé 72 chercheurs français en charge de 17 programmes d’études. Ils ont pu mettre le pied sur ces atolls coralliens reculés et y installer leurs instruments de mesure grâce au soutien logistique apporté par les TAAF, notamment à travers la mise à disposition du Marion Dufresne, le navire amiral de cette collectivité. ushuaia92 22/9/2012Sciences et avenir 4/5/2014 - Wikipedia Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Admin-lane 0 Posté(e) le 18 juillet 2014 Juan de Nova (France) (AFP) - Les îles Eparses, ces grains de corail dans l'océan Indien administrés par la France, riches en poissons et hydrocarbures, attisent des revendications territoriales de la part des pays voisins, Madagascar en tête.Les Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India et Europa s’égrènent de l'extrême nord du canal du Mozambique jusqu'au sud, certaines à moins de 150 km des côtes malgaches. Tromelin est la seule à l'est de Madagascar. De leurs 43,2 km2 de terres découle une zone économique exclusive (ZEE) de 636.000 km2, soit une bonne moitié de ce canal qui est aussi une route maritime importante. AGENCEVEKHA 15/12/2012Sciences et avenir 18/7/2014 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Admin-lane 0 Posté(e) le 19 juillet 2014 Saint-Denis de la Réunion - Les Eparses regroupent sous cette appellation cinq îles de l'océan Indien éparpillées autour de Madagascar, à environ 8.000 km de l'Hexagone, où la France exerce sa souveraineté.Avec une surface terrestre de 43,2 km2, Tromelin, Les Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India et Europa apportent à la France une zone économique exclusive (ZEE) de 640.100 km2 soit plus de 6% de la totalité des ZEE françaises.Ces îles ont été rattachées administrativement à Madagascar lorsque la Grande île est devenue colonie française en 1896. A la veille de l'indépendance (26 juin 1960), elles furent rattachées par décret au ministère des DOM-TOM à Paris, au grand dam des Malgaches. Puis un arrêté du 19 septembre 1960 en a confié la gestion au préfet du département de la Réunion.Depuis la loi du 21 février 2007, elles sont le 5e district des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) aux côtés de Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam, et de la Terre Adélie. Un préfet en assure la gestion. Le territoire des TAAF est associé à l'Union européenne comme Pays et territoires d'outre-mer (PTOM).Depuis 1973 que Madagascar revendique ces îles, la France y assure une présence militaire, devenue permanente depuis les années 80.TROMELIN: Situé à l'est de Madagascar et à 520 km au nord de la Réunion, cet îlot de 1 km2 accueille une station météo depuis 1954, et trois personnels des TAAF relevés tous les 80 jours. Ce territoire est revendiqué depuis 1976 par Maurice et un accord de cogestion économique (thon et espèces protégées) a été signé en 2010. L'îlot porte le nom d'un Français, le chevalier de Tromelin, venu secourir des esclaves malgaches abandonnés là par des négriers de la Compagnie des Indes après un naufrage, à la fin du XVIIIe siècle. (Image Carte topographique de Tromelin. Treehill CC BY-SA 3.0)Toutes les autres îles se trouvent dans le canal du Mozambique.LES GLORIEUSES: L'île du lys, l'île aux crabes et Grande Glorieuse forment ce mini-archipel de 7 km2, à environ 220 km à l'ouest de Madagascar et à peu près autant à l'est de Mayotte. Quatorze militaires de détachement de la Légion étrangère de Mayotte (DLEM) et un gendarme y sont relevés tous les 45 jours. La station météo, installée en 1955, y est automatisée. (Photo Les îles Glorieuses vues de la Station spatiale internationale en juin 2001 : à gauche, l’île Grande Glorieuse ; à droite, l’île du Lys. NASA / domaine public)L'archipel a probablement été découvert dès le XVIe siècle par les navigateurs sur la route des Indes mais ce n'est qu'en 1879 que le Réunionnais Hippolyte Caltaux y accoste et y développe une cocoteraie et l'exploitation du guano. Menacée par les Anglais, présents dans les îles voisines, la France en prend officiellement possession le 23 août 1892.JUAN DE NOVA: Petite île en forme d'enclume de 7km2, c'est l'île des Eparses la plus proche de Madagascar[/b], à 150 km à peine. Quatorze militaires de 2e RPIMA (régiment de parachutistes d'infanterie de marine, basé à La Réunion) et un gendarme sont relevés depuis la Réunion tous les 45 jours environ. La station météo, devenue permanente en 1973, y est automatisée. (Photo Vue aérienne de l'île Juan de Nova avec la barrière et les récifs coralliens qui l'entourent. TAAF CC BY-SA 3.0)Juan de Nova doit son nom au noble galicien qui aurait découvert l'île en 1501 pour le compte du roi Manuel Ier du Portugal. Si l'île a servi de campement pour des pêcheurs malgaches, l'acte du 31 octobre 1897 la déclare dépendance française. Une concession est octroyée pour 20 ans au début du XXe siècle à un Français, puis une exploitation du guano par un franco-mauricien y amènera une présence ouvrière pendant 15 ans jusqu'en 1968.BASSAS DA INDIA: ]Cet atoll corallien, formant un cercle presque parfait, présente une superficie de récifs de 86km2 mais seulement 200 m2 de corail émergés à marée haute. A ce titre, c'est une île qui permet d'avoir une ZEE mais aucune présence humaine n'y est possible(Photo Image satellite de Bassas da India. Ratzer / domaine public)Son nom voudrait dire le ban de la juive, juvia ayant eu son orthographe modifiée durant les siècles. Quasiment invisible à marée haute, Bassas da India a provoqué de nombreux naufrages. Le premier documenté eut lieu en 1585. EUROPA: Avec ses 30 km2, c'est la plus grande des îles avec comme particularité une mangrove couvrant un cinquième de ce pentagone. En 1860, un couple de colons français venant de Tuléar (Madagascar) s'y installa avant d'en repartir. Après diverses occupations courtes, il fallut attendre 1949 et une station météo pour avoir une occupation permanente. Un détachement de 14 militaires du RPIMA et un gendarme, relevé tous les 45 jours, assurent la souveraineté. L'île porte le nom du navire anglais qui l'a reconnue en 1774. (Photo Vue aérienne de l'île Europa. Roger KERJOUAN / domaine public) AGENCEVEKHA 15/12/2012Romandie 18/7/2014 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Admin-lane 0 Posté(e) le 25 juillet 2014 Europa (France) (AFP) - Dans l'océan indien, les îles Éparses font figure de "point zéro", des havres de biodiversité préservés de l'activité humaine et qui servent de référence pour mesurer l'impact des bouleversements dus à l'Homme et au climat."Les Éparses sont des sites de référence car non perturbés par la pêche côtière et les rejets des bassins versants liés à l'urbanisation mais impactés par les changements globaux comme l'acidification des océans", explique à l'AFP Matthieu Le Corre, directeur du laboratoire d'écologie marine (Ecomar) à l'université de La Réunion. Une mangrove de l'île Europa dans l'océan Indien le 18 avril 2014 (c) Afp"On appelle ça un +hot spot+ de biodiversité", poursuit le chercheur, "un endroit où ne pèsent quasiment que des menaces naturelles, généralement dérisoires comparées aux menaces humaines", qui érodent la biodiversité dans les îles voisines. Sous souveraineté française, les Éparses sont restées des sites importants de ponte des tortues vertes et imbriquées, espèces menacées et protégées. Dauphins et baleines y passent aussi en toute tranquillité. Elles abritent également plus de 40% des oiseaux marins de l'océan indien occidental: pailles-en-queue à brins rouges, frégates du Pacifique, sternes fuligineuses et caspiennes, fous à pieds rouges viennent s'y reproduire. (Photo Phaéton à brins rouges Le Phaéton à brins rouges (Phaethon rubricauda) est une espèce d'oiseau appartenant à la famille des Phaethontidae. Il est localement appelé paille-en-queue par les francophones, comme les deux autres espèces de Phaethon. Le nom de Phaéton à brins rouges lui a été donné par la CINFO). En interaction permanente avec l'océan, ces oiseaux sont des "bio-indicateurs" importants de ses altérations. Plusieurs programmes ont permis de les mesurer, les baguer et de suivre ainsi leur déplacements en mer, à la recherche de poissons volants, qui sont également la proie des thons. (Photo fous à pieds rouges USFWS / domaine public) La collaboration est étroite avec Madagascar, les Comores, Mayotte, les Seychelles et l'Afrique du Sud car "seule une approche régionale a du sens quand on parle de ressources halieutiques ou d'oiseaux marins", insiste M. Le Corre. Surtout dans une zone où la pêche industrielle est encore en expansion. (Photo tortue imbriquée B.navez CC BY-SA 3.0. La Tortue imbriquée, Eretmochelys imbricata, unique représentant du genre Eretmochelys, est une espèce de tortue de la famille des Cheloniidae. En français elle est appelée aussi Tortue à écailles. Cette espèce est danger critique d'extinction (CR)) "La situation stratégique des Éparses est l'occasion de mettre en place une gestion raisonnée des pêcheries", abonde Cédric Marteau, directeur de la conservation du patrimoine naturel aux Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), collectivité administratrice des Éparses depuis 2007. (Photo Sterne fuligineuse (Onychoprion fuscatus) est une espèce d’oiseau appartenant à la famille des Laridae. Les sternes fuligineuse sont également appelées hirondelles de mer ; on pense qu’elle se repère grâce aux astres et au soleil pour retourner vers son nid, comme lors des chasses pour nourrir ses petits. Duncan Wright, USFWS / domaine public) Il pense notamment à une coopération sur la pêche artisanale avec Madagascar et le Mozambique en lien avec un programme de recherche franco-américain sur la connectivité génétique des poissons-clowns. Il a permis d'établir comment des poissons nés dans les récifs coralliens d'Europa peuvent se retrouver sur les côtes du Mozambique et de Madagascar. (Photo La Frégate du Pacifique (Fregata minor) est une espèce d'oiseaux marins appartenant à la famille des Fregatidae.Jason Corriveau / domaine public)"L'enjeu est de faire prendre conscience à nos voisins de l'intérêt de mettre en place une aire marine protégée. Nos récifs protègent les poissons dont les larves viennent repeupler leurs côtes", explique Cédric Marteau. Aux Glorieuses, pourtant classées en parc naturel marin, c'est bien la petite pêche artisanale illégale en provenance de Mayotte ou des Comores qui exerce une pression sur la biomasse, dont la richesse est mal connue faut d'avoir été répertoriée. (Photo Chelonia mydas, unique représentant du genre Chelonia, est une espèce de tortues de la famille des Cheloniidae1. En français, elle est appelée Tortue verte ou Tortue franche. Brocken Inaglory CC BY-SA 3.0)"On utilise ces îles comme observatoires de l'environnement mais encore faut-il y aller régulièrement et y rester. Mon rêve le plus cher serait qu'elles soient équipées de stations de recherche permanentes. Mais il faudrait que cela ne soit pas la crise...", déclare Matthieu Le Corre. Sur l'île de Juan de Nova, l'ancienne station météo, pour le moins défraîchie mais qui a déjà abrité quelques scientifiques téméraires dans des conditions spartiates, devrait être rénovée. La feuille de route pour les îles Éparses est en effet de "développer conjointement la conservation et la recherche", affirme Cédric Marteau, en exploitant le savoir-faire des TAAF qui soutiennent chaque année quelque 250 chercheurs dans les bases des îles australes et de l'Antarctique. (Photo sternes caspiennes. La plus grande des sternes, avec un gros bec rouge, elle est assez rare presque partout. Patrick Coin CC BY-SA 2.5)"Si on arrive à conserver ces îles dans cet état préservé, les chercheurs viendront", assure M. Marteau. Les Éparses sont déjà classées "réserve naturelle" depuis 1975. En 2012, le Parc naturel marin des Glorieuses a été créé et le classement Ramsar (convention sur les zones humides d'importance internationale) est en cours pour Europa et sa mangrove à l'état originel.Un appel à manifestation lancé en 2010 a recueilli 53 candidatures, à 50% américaines, 50% européennes dont la moitié de françaises. Finalement 36 programmes ont été retenus aussi variés que la sismologie pour les tsunamis, des marégraphes pour étudier le niveau de la mer, l’étude des coraux, des populations de poissons, mammifères marins ou encore de la dilatation des molécules d'eau, signe de réchauffement global.Parallèlement, une vaste opération de dépollution a été menée de 2009 à 2011 pour enlever 1.300 m3 de "déchets historiques", dont 600 tonnes de ferraille, 14 tonnes de batteries, 12 tonnes d'hydrocarbures périmés. A présent, les déchets du quotidien sont traités, et notamment une tonne par mois et par île de tongs, bouteilles en plastique, filets et bouées de pêche et autre déchets hospitaliers que la mer pousse sur ces plages vierges.Sciences et avenir 25/7/2014 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Admin-lane 0 Posté(e) le 25 juillet 2014 Europa (France) (AFP) - La couronne de corail de Bassas da India fut durant des siècles un piège à bateaux dont les trésors, quand ils n'ont pas déjà été trouvés, reposent par le fond. Au milieu de l'océan Indien, la conservation du patrimoine est un exercice compliqué.Affleurant à peine à marée haute, cet atoll situé non loin d'Europa, la principale pile de l'archipel, donne encore des sueurs froides aux marins de l'ère moderne. Vue aérienne de la couronne de corail française de Bassas da India, le 13 avril 2014 (c) AfpA bord du Marion Dufresne, navire ravitailleur de Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), le commandant Marjak pointe l'écho radar qui "n'est sorti que 15 minutes avant d'arriver". "C'est un danger absolu, cette île! On ne la voit qu'au dernier moment".Rien d'étonnant alors que les épaves constellent son récif, anneau presque parfait de 10 km de diamètre. Le naufrage le plus ancien, connu grâce au récit d'un survivant, fut celui de la Noa Santiago, une nef portugaise qui sombra un beau jour de 1585 avec 500 hommes. Ce sont ses 400.000 pièces d'argent et ses canons de bronze qui attirèrent à l'époque contemporaine des chasseurs de trésors. Bien plus que la cargaison de porcelaine de Chine du Sussex, navire britannique de la Compagnie des Indes échoué en 1738.Combien de naufrages eurent lieu sur ces récifs? "Impossible de le savoir! On connaît ceux dont il y a eu des survivants ou des témoignages. Sinon, à l'époque, on constatait juste qu'un bateau n'était jamais arrivé", explique à l'AFP Michel L'Hour, patron de l’archéologie sous-marine (DRASSM, ministère de la Culture).Une trentaine d'épaves ont été répertoriées et "celles qui se voient le mieux sont celles des XIXe et XXe siècles, avec toute cette ferraille, ces grandes machines à vapeur", raconte M. L'Hour. "On ne protège bien que ce que l'on connaît bien: on a besoin de dresser la cartographie des épaves et on n'en est pas encore au stade des fouilles", souligne le conservateur.Il s'enthousiasme d'avance sur leur "potentiel historique: cela peut révéler des informations sur la vie à bord d'un bateau portugais du XVIe ou sur les modes de navigation des Arabes aux X et XIe", dont il existe des traces de passage dans la zone mais pas encore d'épave connue.Pourquoi se préoccuper d'épaves ? "C'est comme se demander s'il y a trop de tableaux au Louvre!", rétorque M. L'Hour, "c'est notre histoire, il n'y a pas de raison de l'oublier ou de la laisser se faire piller par des rastaquouères qui vont revendre ça sous le manteau".Les îles Éparses, avec la présence de militaires français, ont été bien plus préservées que le voisin malgache dont "le patrimoine archéologique sous-marin a été pillé par toute la planète", déplore Michel L'Hour.Parmi les naufrages les mieux documentés, il y eut aussi celui de l'Utile, navire de la compagnie des Indes, en 1761 à Tromelin, à l'est de Madagascar. L'histoire des 88 esclaves malgaches "oubliés" sur l'île fit grand bruit, et seuls huit survivants seront récupérés, quinze ans plus tard, par le chevalier de Tromelin.Quatre campagnes de fouilles ont été menées entre 2006 et 2013 par le Groupe de Recherche en archéologie navale (GRAN) avec le concours de l'Inrap (archéologie préventive) et de l'Unesco. Les travaux dirigés par Max Guérout ont permis de montrer que les Malgaches ne s'étaient pas contentés de survivre mais avaient bien recréé une société, surmonté des tabous et développé une ingéniosité remarquable. Les zones de fouilles ont été comblées pour les préserver, ne laissant aucune trace visible à l’œil du néophyte.Sur les autres îles - Glorieuse, Juan de Nova, Europa - les différentes périodes d'occupation humaine, essentiellement à des fins d'exploitation du coprah ou du guano fin XIXe et au XXe, ont laissé quelques vestiges.A Juan de Nova, la Direction régionale de l'action culturelle (Drac) de La Réunion a proposé d'aider à la rénovation de la maison Patureau (du nom du propriétaire de l'exploitation) dont le coût est estimé à 1,3 million d'euros. Le projet est au point mort car il bute sur des questions pour l'heure sans réponses: qui l'entretiendra et à quelles fins?Quoi qu'il en soit, sur chacune des îles, les militaires se font un point d'honneur à entretenir les cimetières. Sur Grande Glorieuse, les aiguilles des filaos sont régulièrement ratissées entre les 18 tombes de corail passé à la chaux. Elles abritent les dépouilles des personnels seychellois et malgaches qui travaillaient dans la cocoteraie d'Hippolyte Caltaux, un Réunionnais venu tenter sa chance à la fin du XIXe."La mémoire de l'île est là. Ces gens venaient sans espoir de retour, il y a même des petites tombes pour les enfants nés et morts ici", fait remarquer le capitaine Franck Alloti, capitaine de la Légion. Pour lui, pas de doute, "Glorieuses, ce sont ces gens-là".Sciences et avenir 25/7/2014 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites