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Un arbuste philippin accumule du nickel dans ses feuilles

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Des chercheurs de l’université des Philippines (Los Baños) ont identifié une nouvelle espèce végétale capable d’accumuler de grandes quantités de nickel dans ses tissus. Cette bioaccumulation pourrait trouver des applications.

Certaines plantes peuvent stocker des métaux lourds alors qu'ils sont généralement considérés comme toxiques. C’est le cas d’une nouvelle espèce découverte aux Philippines et qui fait l’objet d’une publication en ligne dans la revue PhytoKeys. En raison de sa faculté à absorber le nickel en grandes quantités, la plante du genre Rinorea a été nommée Rinorea niccolifera.

 Rinorea niccolofera, une espèce végétale qui accumule du nickel, est un petit arbre mesurant 1,5 à 8 mètres de haut. La barre d’échelle représente 20 cm. ©️ Edwino S. Fernado, PhytoKeys, 2014, cc by 4.0

La capacité à accumuler de fortes doses de nickel, comme le fait cette nouvelle espèce, reste rare dans le vivant : seulement 450 espèces en seraient capables. Ces plantes permettent d’envisager de nombreuses applications, comme l’explique Augustine Doronila de l’université de Melbourne, en Australie, et coauteur de l’article : « les plantes hyperaccumulatrices ont des potentiels importants pour le développement des technologies vertes, par exemple la phytoremédiation et la phytoextraction ».

La phytoremédiation est une méthode de dépollution qui se sert des plantes hyperaccumulatrices pour retirer les métaux lourds présents dans les sols contaminés. Dans la phytoextraction, parfois appelée « phytomine », des plantes sont cultivées sur des sites riches en métaux. Elles extraient ces métaux comme des « micromines », à des taux mille fois supérieurs aux plantes classiques, et les accumulent dans leurs tissus (racines) qui peuvent ensuite être valorisés.

Le genre Rinorea appartient à la famille des violacées, dans laquelle se trouvent aussi la pensée et la violette. Rinorea compte entre 225 et 275 espèces présentes dans des régions tropicales, dont plusieurs connues pour hyperaccumuler le nickel. Ainsi, Rinorea bengalensis peut stocker jusqu’à 17.500 µg/g de nickel ; Rinorea javanica en accumule jusqu’à 2.170 µg/g dans ses feuilles. D’autres violacées peuvent absorber le nickel, comme Agatea longipedicellata.

 Tige de Rinorea niccolifera avec un fruit. Cette plante doit son nom au fait qu’elle stocke de grandes quantités de nickel, un caractère rare. La barre d’échelle représente un centimètre. ©️ Edwino S. Fernado, PhytoKeys, 2014, cc by 4.0

L’espèce décrite ici a été découverte dans la partie ouest de l’île de Luçon aux Philippines, une région connue pour ses sols riches en métaux lourds. Rinorea niccolifera est similaire à Rinorea bengalensis, plus répandue, mais présente des différences, comme des fruits plus petits. Rinorea niccolifera accumule 18.000 µg/g de nickel dans ses feuilles, soit des niveaux similaires à ceux observés chez Rinorea bengalensis, et plus élevés que ceux de Rinorea javanica. Elle absorberait des doses 100 à 1.000 fois supérieures à celles généralement acceptées par les plantes. Ces violacées pourraient donc devenir des alliées pour dépolluer ou extraire des métaux...


Futura Sciences 16/5/2014

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