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Vivre en 2050 : autant de confort pour quelques efforts ?

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Réduire nos émissions de gaz à effet de serre n'oblige en rien à renoncer à un mode de vie agréable, tente de démontrer une étude publiée par l'Ademe.

Nous sommes en 2050. Abel et Philippine, infirmier et fonctionnaire, habitent en ville avec leurs deux enfants. Ils ne se privent ni de loisirs ni de vacances. Bref, le parfait exemple de la classe moyenne. Pourtant, ils émettent quatre fois moins de CO2, en moyenne, que ne le font les familles d'aujourd'hui. En quarante ans, la transition vers une économie désintoxiquée des énergies fossiles et l'émergence de nouveaux comportements ont mis un frein à la course à la pollution. Tout en maintenant un mode de vie que d'aucuns jugeront plutôt confortable.

Un écoquartier grenoblois, inauguré en 2009. Selon l'Ademe, il faudrait doubler le budget de la rénovation thermique des bâtiments, de 15 à 30 milliards d'euros par an, pour faire des économies d'énergie massives. ©️ JACQUES Pierre

Ce scénario, quoique très optimiste, n'est pas impossible, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. L'organisme vient de publier deux "visions" dans lesquelles il imagine comment vivraient plusieurs ménages types en 2030 et en 2050 si la France tient des engagements climatiques ambitieux (diviser par deux la consommation d'énergie totale et par quatre les émissions de gaz à effet de serre). 

But affiché ? Que chacun puisse s'identifier à l'une de ces familles et prendre conscience que le chemin vers ce monde "décarboné" n'est pas un parcours du combattant. C'est un futur "désirable", vante François Moisan, directeur scientifique à l'Ademe. En effet, l'homme a bien compris qu'à chaque fois que le sujet du changement de modèle est abordé le désintérêt (des médias) ou la crainte d'efforts à fournir (de l'opinion publique) guettent.

Les hypothèses retenues pour façonner ce monde de demain, sont loin d'être farfelues. D'autant plus que les experts ne parient sur "aucune rupture technologique majeure", mais plutôt sur un prolongement de ce qui existe déjà - éolien, solaire, biomasse, etc. Exit donc le stockage du CO2 en sous-sol ou l'émergence d'une quatrième génération de réacteurs nucléaires. De la maison au travail en passant par les loisirs, les sources d'économies d'énergie viennent aussi, et d'abord, des changements de comportement.

Dans cet avenir pas si lointain, les salariés ont besoin de bureaux moins grands, car ils travaillent davantage à distance. Les déplacements professionnels diminuent au profit de téléconférences. Les réfrigérateurs sont intelligents et limitent le gaspillage alimentaire. Les habitations, à l'image de celle d'Abel et Philippine, sont tapissées de panneaux solaires ou pompent la chaleur dans le sol. Les premières factures sont salées : les habitants doivent s'habituer à utiliser efficacement le pilotage de leurs installations - réglages de la ventilation, détection de présence, commande de température à distance.

Chaque watt est précieux, car fortement taxé pour dissuader toute consommation inutile. Dans le futur, l'énergie sera chère, mais on en consommera moins. Certains postes de dépenses augmenteront, comme la climatisation face à l'élévation moyenne des températures, parie encore l'Ademe. L'argent qui passait dans le réservoir de la voiture sert dorénavant à se déplacer autrement : vélo électrique, voiture hybride ou électrique, tramway... D'une manière générale, les transports ont été unifiés sous la houlette d'un seul acteur par ville, rendant leur utilisation plus pratique pour les usagers des villes et de leur périphérie.

À défaut de rupture technologique, l'Ademe anticipe donc largement une rupture culturelle. Même si "aucun comportement individuel n'est proscrit", insiste-t-on dans le document, les individus imaginés sont de plus en plus tournés vers le partage que vers la possession. Ceux qui ont une voiture la mettent volontiers en autopartage. Pour redensifier les villes, l'engouement pour les maisons individuelles s'effrite au profit des habitations collectives, en appartement ou dans des maisons partagées.

Dans un autre registre, les menus quotidiens afficheront un tiers de viande et de produits laitiers en moins (très consommateurs d'énergie), mais plus de protéines végétales et de légumes. Enfin, les vacances à l'autre bout de la terre, en avion donc, restent envisageables à condition d'être exceptionnelles et de les faire durer. Les entreprises, conscientes de l'enjeu, proposeraient même à leurs salariés de prendre leurs congés en même temps !

Sans grande surprise, mais avec beaucoup de précisions, l'Ademe décrit un quotidien plus tourné vers les échanges locaux, où les nouvelles technologies continuent d'élargir les horizons alors que les déplacements physiques sont, eux, moins frénétiques. D'après ses calculs, la transition énergétique créerait même 329 000 emplois d'ici à 2030 et 825 000 à l'horizon 2050. Non délocalisables. "La transition est bonne pour l'économie", prophétise François Moisan. Encore faut-il la commencer.

La croissance comme boussole. Une population de 72 millions d'habitants, pas de crise institutionnelle et une croissance de 1,8 % par an : voilà les hypothèses de travail de l'Ademe, qui justifie ce dernier chiffre élevé en se basant sur des estimations validées par le gouvernement. François Moisan remarque aussi que la transition énergétique est, d'une certaine manière, "plus rapide" à réaliser en temps de crise - la demande en énergie baissant mécaniquement. Au prix, toutefois, d'une casse sociale beaucoup plus importante, d'où le manque d'attrait d'un scénario décroissant...



Le point 13/6/2014

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