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L'ADN du lapin transformé par sa domestication par l'homme !

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Une équipe internationale de chercheurs a mesuré les différences génétiques entre des lapins sauvages et leurs cousins élevés par l'homme. Les résultats sont surprenants.

La domestication d'un animal a des effets mesurables au plus profond de son ADN. C'est ce que vient de montrer une équipe internationale de chercheurs suédois (université d’Uppsala), portugais (université de Porto), américains (Broad Institute de Boston), et français (de l'Institut National de Recherche Agronomique). Les résultats de leurs travaux sur le lapin viennent d'être publiés dans le magazine Science.

 Lapin angora BIOSPHOTO

Les données recueillies montrent que la domestication de cet animal modifie par petites touches les zones qui régulent certains gènes de l'animal. Et les gènes les plus touchés par ces altérations sont ceux qui sont impliqués dans le développement du cerveau et du système nerveux.

De ce fait, sa capacité à demeurer en alerte et à se carapater à toute vitesse au moindre signe d'alerte s'en trouve affectée. Cette aptitude à prendre la fuite est indispensable à la survie des lapins et des lièvres dans un milieu naturel où la mort peut fondre du ciel (rapaces) comme jaillir d'un buisson (renards).

Mais un tel comportement n'est plus vital à un animal vivant dans une cage à l'abri des prédateurs. Les gènes codant pour de telles prédispositions ont donc été moins sélectionnés et, petit à petit, de nombreuses mutations génétiques à petits effets ont progressivement inhibé cette aptitude au fil de la domestication de l'animal. "Cela représente l’un des changements les plus importants dans l’histoire évolutive du lapin" affirme l'Inra dans un communiqué.

Pour obtenir ces données, les chercheurs ont séquencé tout le génome d'un lapin de laboratoire. Ils ont ainsi obtenu une séquence de 3 milliards de paires de bases qui a servi de référence comparer les génomes de lapins domestiques et sauvages, et identifer les variations entre ces génomes. Les génomes de lapins de six races domestiques et de 14 individus sauvages capturés par les chercheurs ont été analysés.  

 En haut de l'image : les 6 races de lapins domestiques séquencées, ainsi qu'un des lapins sauvages (Wild rabbit). Les animaux sauvages ont été capturés sur 14 lieux différents (en France en Espagne) matérialisés sur la carte en bas à gauche. Les histogrammes montrent la diversité génétique des animaux capturés en France (FRWx) et en Espagne (IWx) comparés aux races domestiques. Image extraite de la publication de Science.

Cette étude montre également une baisse de la diversité génétique chez les lapins domestiqués. "Mais cela n'a rien d'alarmant ! précise Claire Rogel-Gaillard, directrice de l'Unité Génétique animale et biologie intégrative, de l'Inra. Le lapin est un animal qui présente une grande diversité génétique, qu'il soit sauvage ou domestique. Certes, cette diversité a baissé avec la domestication, mais elle reste malgré tout très élevée".

Pour les généticiens de l'évolution, le lapin est un sujet d'étude extraordinaire. Tout d'abord parce que sa domestication est relativement récente. Contrairement au chien qui est le meilleur ami de l'homme depuis 15.000 ans au moins, le lapin n'est, lui, domestiqué que depuis 1400 ans environ.

Une domestication qui aurait démarré dans des monastères du Sud de la France. À l'époque, vous pouviez vous voir proposer une assiette de "laurices", c'est-à-dire (accrochez-vous) des foetus de lapereaux (ou de lapereaux nouveaux nés) consommés entiers.

Une recette d'autant plus intéressante que, pour l'église catholique, ces embryons de lapins, flottant dans leur liquide amniotique, n'étaient pas considérés comme de la viande, mais plutôt comme du... poisson ! "On peut penser que la consommation de ce type de mets permettait donc de fournir une appréciable source de protéines durant les périodes de Carême" raconte Claire Rogel-Gaillard.

L'autre caractéristique remarquable du lapin, qui découle de sa domestication récente, est qu'il est encore possible de trouver des lapins sauvages et donc de comparer leur patrimoine génétique à celui des animaux d'élevage. La chose est beaucoup plus difficile si l'on souhaite faire les mêmes études avec des vaches, des chèvres ou des poules, que l'on ne trouve plus, aujourd'hui, que dans les élevages...

Sciences et avenir 2/9/2014

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