Admin-lane 0 Posté(e) le 3 novembre 2014 Un riche homme d'affaire chinois veut créer un parc naturel et touristique afin de lâcher des loups en liberté. Ambitieux et coûteux, son projet est critiqué par des militants écologistes.Aux confins occidentaux de la Chine, l'homme d'affaires Yang Changsheng tend des saucisses à une meute de loups glapissants, sans redouter leurs crocs. Ces animaux, emblématiques de la minorité ethnique Ouïghour, ont été élevés par ses soins. d'affaires chinois Yang Changsheng nourrit ses loups dans son domaine des hautes montagnes du Tianshan, dans la province du Xinjiang (c) Afp"J'ai une profonde affection pour les loups", témoigne auprès de l'AFP M. Yang, établi dans les hautes montagnes du Tianshan, dans la région du Xinjiang au nord-ouest de la Chine. "Au début, c'était un loisir. Mais désormais, plus j'ai de loups, plus je veux en élever!" s'exclame ce Chinois de 63 ans, en glissant des pavés de viande de mouton crue à travers les barreaux des cages abritant ses bêtes.Dans les années 1950, les parents de M. Yang ont traversé 1.600 km depuis la province pauvre du Henan (nord de la Chine) pour s'installer au Xinjiang, vaste territoire aux frontières de l'Asie centrale et dont les Ouïghours, des musulmans turcophones, constituent la première ethnie.À l'instar des Yang, de nombreuses familles Han, la principale ethnie chinoise, ont rejoint le Xinjiang ces dernières décennies, au point que les Ouïghours sont passés sous la barre des 50% de la population locale, contre plus de 80% dans les années 1940.Le quadruplement de la population humaine dans la région, en l'espace de 60 ans, a réduit les espaces de vie des "loups gris", qui chassaient en meutes depuis des millénaires à travers les steppes, tandis que les battues contre eux se sont intensifiées. À l'inverse des Han, les Ouïghours révèrent les loups, dont la peau et les os sont censés porter chance. "Pendant des milliers d'années, notre ethnie a respecté le loup", assure Ahmatbarat, chauffeur de taxi à Urumqi, la capitale régionale. "C'est l'animal-totem des Ouïghours".De quoi en faire un symbole suspect aux yeux de Pékin, qui impute à une frange radicalisée des Ouïghours, islamiste et indépendantiste, la responsabilité des violences et attentats qui ensanglantent fréquemment le Xinjiang. Pour leur part, experts et organisations de défense des droits de l'homme accusent la politique répressive des autorités à l'égard de la religion et la culture ouïghour d'exacerber les tensions.Le domaine de Yang Changsheng, dans une vallée isolée parcourue de bergers à cheval, semble très éloigné des violences interethniques. Après avoir fait fortune dans la logistique, l'homme d'affaires, qui possède un aigle comme animal de compagnie, s'était mis à collectionner les spécimens de loups de Mongolie et de Russie. Il a rapidement fondé son propre élevage, une centaine de bêtes aujourd'hui, et entend dépasser les 1.000 naissances en captivité.Son objectif serait de lâcher ensuite ces loups dans un vaste espace naturel... pour en faire l'attraction d'un grand parc touristique, avec un hôtel en forme de château médiéval, déjà en cours de construction. "Je veux dire aux autorités : donnez-moi ces terres, je relâcherai des loups dessus et les gens afflueront pour les voir courir en liberté !", lance M. Yang avec enthousiasme".L'ambitieux projet, coûteux et controversé, ne rapportera pas d'argent, assure-t-il, affirmant n'agir que par passion pour la conservation du genre lupin.Sceptique, Yuan Guoying, militant environnementaliste et responsable de l'Association d'études écologiques du Xinjiang, redoute une exploitation très commerciale: "Il faudra bien que cette infrastructure génère de l'argent". Or, "les cadavres de loups et leurs dents se vendent très cher, leurs pattes et griffes font des cadeaux appréciés", explique-t-il.Les loups restent une espèce fragile, mais leur population a rebondi depuis les années 1980. La Chine a effectivement imposé des quotas de chasse dans de grandes réserves naturelles. Cette augmentation du nombre de loups a pour conséquence que l'espèce est désormais qualifiée de "menace" par les médias officiels, qui lui imputent 5.000 morts de bétail par an. La presse a également rapporté en août l'attaque nocturne d'un village par une meute, qui aurait tué six habitants.M. Yang tempère : "Les loups ont un sens aigu des représailles. S'ils s'en prennent à des gens, c'est d'habitude parce qu'ils ont eux-mêmes été visés et attaqués".Sur sa joue, une cicatrice à demi-effacée, souvenir d'un lointain coup de croc. Mais aujourd'hui, il connaît trop bien ses bêtes, sourit-il : "Mes loups pourraient bien attaquer d'autres personnes, mais pas moi !".Sciences et avenir 2/11/2014 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites