Admin-lane 0 Posté(e) le 23 novembre 2014 Victoria (Seychelles) (AFP) - Le procédé est toujours le même: les braconniers se fraient un chemin dans la forêt tropicale et montagneuse de l'île seychelloise de Praslin, coupent le coco de mer, et repartent sans laisser de trace. A part une cicatrice qui longtemps défigure son arbre amputé.Depuis le début de l'année, une quarantaine de cocos de mer, gigantesques noix de coco surnommées "coco fesse" pour leur forme suggestive, ont disparu dans la vallée de Mai, classée au patrimoine de l'Unesco. La moitié ont été dérobées sur le seul mois d'octobre. Des cocos de mer dans la vallée de Mai, aux Seychelles, le 6 mars 2012 (c) AfpLe cocotier de mer ou coco de mer (Lodoicea maldivica) est une espèce de palmier qui produit la plus grosse graine du règne végétal et qui ne pousse qu'aux Seychelles.Le coco de mer fait l'objet de convoitises depuis des siècles à des milliers de km de l'archipel de l'océan Indien: mystifié jusqu'en Europe ou en Asie, il passait dès le XVIe siècle pour avoir des vertus curatives exceptionnelles.A l'origine, on pêchait la noix à la dérive en pleine mer, ou on la trouvait échouée sur des plages de l'océan Indien. Ne l'ayant jamais vue pousser sur terre, les marins pensaient qu'elle provenait d'arbres enracinés dans les fonds marins -- d'où son nom, coco de mer. Ce n'est qu'au XVIIe siècle que le lieu d'origine du fruit géant, en forme de bassin féminin, d'une vingtaine de kg, fut déterminé: l'île de Praslin. Marion Schneider & Christoph Aistleitner / domaine publicDepuis, le fruit avait peu à peu perdu de son intérêt: moins sucré que la noix de coco classique, et difficile à fendre une fois arrivé à maturité, il n'était pas utilisé dans la gastronomie.Un regain d'intérêt pour le coco de mer est survenu après l'indépendance des Seychelles, en 1976, et "le développement de l'industrie du tourisme", explique Victorin Laboudallon, membre du conseil de la Fondation des îles Seychelles (SIF), qui gère la Vallée de Mai.Le fruit, récemment offert au jeune couple princier de Kate et William lors de leur voyage de noces (au Seychelles, le coco-fesse est traditionnellement offert aux jeunes mariés), est prisé pour son côté décoratif, mais aussi, en Asie, en particulier en Chine, pour ses soi-disant effets aphrodisiaques, associés à sa forme suggestive. En 2008, deux "cocos fesse" avaient atteint les prix de 6.000 et 11.000 euros lors d'enchères chez Christie's à Paris. (Photo Fruits de divers âges. Wouter Hagens / domaine public)L'engouement pour cette noix unique atteint une telle proportion qu'en 1978, les autorités décidèrent d'en contrôler le commerce: les Seychellois ne pouvaient plus la vendre qu'au gouvernement, qui la revendait accompagnée d'un certificat. Face à la pression des habitants, qui accusaient les autorités de faire de l'argent sur leur dos, l'interdiction a été levée, mais l'exportation du fruit reste ultra-réglementée: quatre entreprises seulement disposent d'un permis.Au prix (450 dollars le kg) où se négocie sur les marchés asiatiques ce fruit introuvable hors de Praslin et d'une autre île seychelloise, Curieuse, (A elles deux, l'habitat du coco de mer est répandu sur moins de 5 000 ha) la contrebande fait cependant rage.Et, avec quelque 17.000 arbres recensés à Praslin et 10.000 autres à Curieuse, l'espèce est désormais jugée menacée: l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) l'a inscrite sur sa liste rouge en 2011. Pour tenter d'enrayer le phénomène, et mieux surveiller les 19 hectares de forêt où se nichent les "cocos fesse", la SIF a augmenté ces dernières années le nombre de gardiens. Mais le terrain accidenté et l'absence d'enclos rendent leur tâche ardue. (Photo Lodoicea maldivica - Fruit mature du Cocotier de mer. Didier Descouens, MHNT / CC BY-SA 4.0)"Avant on pouvait voir près de 75 cocos sur un arbre, maintenant il y en a juste 25, déplore M. Laboudallon. Les arbres ne donnent pas autant de fruits qu'avant car quand on coupe un coco, cela l'affecte, et il ne produit plus autant."Le responsable va même jusqu'à craindre que le "coco fesse" ne subisse le même sort que le Dodo, une espèce d'oiseau disparue il y a près de 400 ans de l'Ile Maurice, plus au sud dans l'océan Indien.Aux Seychelles, le problème du braconnage est pris d'autant plus au sérieux que le coco de mer est un symbole national. Il figure même sur les armoiries du pays et la monnaie. (Photo sans nom)Déjà inquiètes des conséquences du braconnage, les organisations de défense de l'environnement ont du coup accueilli avec suspicion un récent festival culinaire mettant en vedette la célèbre noix et organisé par le ministère de la Culture lui-même. Pour la première fois, des plats à base de coco de mer -- glaces, mousses et autres flans -- ont été proposés à la dégustation. Au risque, disent les défenseurs du fruit, de créer un nouveau besoin qui pourrait mettre un peu plus la noix sous pression."Je ne suis pas contre l'idée d'organiser des activités pour que les Seychelles soient mieux connues dans le monde, mais il faut faire attention à la façon de gérer la demande: si demain il y a des menus de coco de mer dans tous les restaurants, qu'allons-nous faire ?", lance Frauke Dogley, directrice de la SIF.Le ministère de l'Environnement assure cependant contrôler la situation. Une nouvelle loi en préparation devrait régir la consommation du coco de mer. Et, contre l'exportation illégale du fruit, Victoria a installé "une machine radiographique à l'aéroport qui vérifie toutes les valises qui quittent le pays", assure Ronley Fanchet, directeur de la Conservation au ministère de l'Environnement.Le cocotier de mer ou coco de mer (Lodoicea maldivica) est une espèce de palmiers (famille des Arécacées) originaire des Seychelles, et non des Maldives — auxquelles on croyait autrefois pouvoir attribuer le lieu d'origine de ses noix parties à la dérive — qui produit la plus grosse graine du monde. De nombreux noms vernaculaires sont utilisés aux Seychelles : coco-fesse, coco jumeau, coco indécent et cul de négresse. Le terme coco de mer désigne aussi bien le fruit, la graine ou le palmier en entier, par métonymie. La première mention botanique de ce palmier vient d'un médecin botaniste portugais, Garcia de Orta, qui en 1563, le nomme coco das Maldivas. À cette époque, ses grosses noix de coco pouvaient être trouvées en mer dans l'Océan Indien et sur les plages des Maldives, de l'Inde et du Sri Lanka. Rares, de forme pour le moins suggestive et d'origine inconnue, ces noix avaient tout pour susciter l'imagination débridée des hommes. On les nomma en conséquence cocos de mer ou cocos de Salomon pour évoquer leur origine merveilleuse. (Photo Coco-fesse (Lodoicea maldivica), au Jardin botanique de Kandy (Sri Lanka). Ji-Elle CC BY-SA 3.0) En Inde, on attribuait à sa coque des propriétés de contrepoison (thériaque), très appréciées des « grands seigneurs de l'Indostan » qui l'achetaient à prix d'or. Les souverains des Maldives firent un négoce fructueux de sa noix avec des pays lointains comme l'Indonésie, le Japon et la Chine où elle était renommée comme plante médicinale. L'origine des cocos de mer fut établie en 1768 par Marion-Dufresne, un corsaire malouin, comme étant l'île de Praslin, dans l'archipel des Seychelles, situés au nord de Madagascar. S'ensuit, comme c'est souvent le cas, plusieurs "descripteurs ou intervenants" dans la classification de l'espèce. C'est Persoon le mycologue sud-africain installé à Paris, qui aura le mot de la fin. Il indique dans Synopsis plantarum: seu enchiridium... (1807) que Cocos maldivica est reclassé en Lodoicea maldivica (J.F. Gmel.), bien que le palmier ne soit pas originaire des Maldives et que Sonnerat et Commerson, les premiers descripteurs de l'espèce et du genre ne soient pas mentionnés... mais ainsi vont les règles du code international de nomenclature botanique.Cela dit, du fait des différentes descriptions et intervenants, l'espèce a plusieurs "synonymes : Borassus sonneratii Giseke, Cocos maldivica J.F.Gmel, Cocos maritima Comm. ex H.Wendl, Lodoicea callypige Comm. ex J.St.Hil, Lodoicea sechellarum Labill, Lodoicea sonneratii (Giseke) Baill.... Comme dans de nombreuses espèces végétales, il existe des pieds mâles et femelles, chacun ayant leurs carastéristiques. Des fleurs et du pollen sont produits toute l'année, avec un pic de production de nouvelles inflorescences en novembre. Quand elle est réceptive, la fleur femelle exsude un nectar jaune brun. Elle émet des odeurs de vanille. La pollinisation pourrait être l’œuvre d'abeilles et du vent. Il semblerait aussi que l'odeur forte et lourde dégagée par la fleur mâle plaise à une espèce de geckos ( sorte de lézard) aux belles couleurs vertes et à une limace blanche, oeuvrant aussi tous deux à la pollinisation. (Photo Inflorescence mâle. ViloWiki CC BY-SA 3.0)Le fruit, quant à lui, est une grosse noix verte, ovoïde, pouvant faire jusqu'à 50 cm de long. C'est le fruit de tous les records : le plus lourd du monde, faisant en général 20-25 kg mais pouvant atteindre 45 kg. Sous la couche fibreuse, il y a une graine bilobée mais parfois 3- à 6-lobées. Parfois le fruit contient deux graines. De l'avis général, la forme de la graine ressemble à celle d'un postérieur féminin. Une fois fertilisé, le fruit passe dix mois à croître puis cinq ans à murir durant lequel l'endosperme se solidifie et l'exocarpe sèche. À la germination, la pousse ressemble à un organe viril, ce qui n'a pas pu que renforcer encore plus l'aura sexuelle qui entoure cette espèce.L'IUCN a mis le coco-de-mer sur la liste rouge des espèces « en danger ». L'espèce qui peut vivre 350 ans met 25 ans pour atteindre l'âge de reproduction. Aux Seychelles, les noix sont vendues comme souvenirs, jusqu'à 300 € pour les spécimens polis. En principe le négoce est contrôlé mais il y a un braconnage qui fait peser une sévère contrainte sur la reproduction spontanée. Les incendies sont aussi une menace récurrente qui a impacté la population de l'île.Sciences et avenir 23/11/2014 - Wikipedia - Voir aussi de belles photos ICI Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites