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Ethiopie : l'éolien symbole des ambitions vertes dans le nord du pays

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Près d'Ashegoda, petit village du nord éthiopien, les siècles ont passé sans altérer les modes de vie. Les communautés vivent toujours entourées de leurs ânes et bétail. Seules des hélices géantes raccrochent au présent.

Le parc éolien d'Ashegoda, géré par le groupe français Vergnet, fait partie du programme énergie renouvelable de l'Ethiopie, un ambitieux plan de 150 milliards de dollars (111 milliards d'euros) sur 20 ans.

D'ici à 2015, Addis Abeba compte déjà avoir remplacé ses centrales au fioul par des centrales hydrauliques, solaires, géothermiques et éoliennes.

"Notre économie est avant tout tournée vers le développement économique vert," explique le ministre de l'Eau et de l'Energie, Alemayehu Tegenu. "Prenez les objectifs dans l'agriculture, l'éducation, l'énergie, le social, les infrastructures: tous ces objectifs encouragent le développement vert."

Ashegoda et les autres centrales du pays devraient d'abord et essentiellement servir à la consommation nationale. Mais à terme, l'Ethiopie souhaite pouvoir exporter de l'électricité vers Djibouti, le Kenya, le Soudan et même l'Egypte.

Ashegoda est le premier des six parcs éoliens prévus en Ethiopie. 30 éoliennes y sont déjà sur pied et la centrale devrait commencer à produire ses premiers mégawatts (MW) fin décembre.

S'implanter en Ethiopie était une décision facile à prendre, affirme le chef de projet de la centrale, Gérard Damongeot: ici, la corruption est bien moins problématique que sur le reste du continent et il y a un véritable engagement en faveur des énergies vertes, dit-il.

Sans parler des vents qui balaient le territoire, les vents d'Est de la Mer Rouge surtout. "C'est très, très venteux," commente le responsable. "Donc c'est un très, très bon environnement pour les turbines."

Le parc, un investissement de 282 millions de dollars (209 millions d'euros), a été financé par des prêts de banques françaises et de l'Agence française de développement (AFD).

"Nous avons perdu beaucoup d'argent et nous ne nous attendons pas à faire de l'argent," concède M. Damongeot. Mais il reste persuadé que c'est une opportunité en or pour sa compagnie de s'implanter en Ethiopie, où elle peut espérer à terme développer des projets hydrauliques.

Le responsable l'admet, le choix du site lui-même n'était pas évident. Sur les pistes qui entourent le parc, s'alignent des rangées de charrettes remplies de bois à brûler, tirées par des ânes.

"C'est un peu anachronique de voir ces turbines dans une zone rurale où les fermiers travaillent encore comme ils le faisaient il y a des siècles," glisse-t-il. Mais il assure que son groupe a pris soin de ne pas perturber la vie des communautés locales en s'implantant.

Le terrain était avant utilisé par des agriculteurs locaux et 700 d'entre eux ont perdu tout ou partie de leurs terres, selon le responsable du site pour Ethiopian Electric Power Corporation (EEPCO), Fisseha Gebremichael. Mais lui aussi l'affirme, les autorités locales leur ont offert des compensations.

Certains fermiers, comme Abraha Woldu, se plaignent pourtant des faibles montants alloués, insuffisants pour louer un lopin de terre au prix du marché. "Je suis heureux de participer au développement de mon pays, mais je ne suis pas content du paiement que j'ai reçu," lâche-t-il.

M. Fisseha n'ent démord pourtant pas, l'énergie renouvelable sera un pilier du développement éthiopien : elle permettra de préserver l'environnement tout en assurant des revenus à l'exportation au pays.

"L'Ethiopie se développe -- et investit en respectant l'environnement, sans faire les erreurs des pays développés," estime-t-il.

Pour le ministre de l'Energie aussi, les efforts porteront leurs fruits.

"Vous verrez que tous les Ethiopiens auront accès à l'électricité -- vous verrez que toutes les industries auront un bon accès à une énergie verte, renouvelable," dit-il. "Et bien sûr, il y aura des parcs éoliens partout."

Sciences et Avenir 09/12/2011

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