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Flavescence dorée : un test ADN pour sauver les vignes ?

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Maladie contagieuse et incurable, la flavescence dorée ne se combat que par l’arrachage. Il faut donc détecter le plus tôt possible les ceps touchés. Les tests actuels, sous contrôle de l’administration et réalisés au laboratoire, sont longs. Une jeune entreprise a inventé un kit à l’utilisation très simple permettant au viticulteur lui-même d’avoir le résultat en une heure, et qui sera adapté à d’autres maladies, de la lavande entre autres. Carine La, sa cofondatrice issue de Sup’Biotech, nous présente cette innovation.

 Ce kit permet de vérifier, au pied des vignes, la présence de l'agent responsable de la flavescence dorée. Le test se pratique sur un échantillon de pétiole écrasé dans la poche plastique puis chauffé dans un bloc autonome. Le prélèvement est ensuite enfermé dans une barquette où une bandelette porteuse de réactifs correspondant à certains motifs de l'ADN de ce phytoplasme visualisera ou non la présence du pathogène. ©️ Anova Plus

La très jeune entreprise Anova-Plus travaille depuis deux ans sur un test génétique portatif dirigé contre une calamité du vignoble actuel, la flavescence dorée, qui touche une grande partie du territoire métropolitain. Transmise par un insecte (la cicadelle) qui pique le bois et dépose ses larves, elle fait jaunir les feuilles et se dessécher les inflorescences. La plante finit par mourir. Il n’y a aucun traitement, d’autant que l’apparition des symptômes n’a lieu qu’une année au plus tôt après l’infection. Le viticulteur doit assurer lui-même la détection car il peut y avoir contagion par la cicadelle qui pique un pied infecté et transmet la maladie aux alentours. C’est donc une « maladie à quarantaine » : l’atteinte doit être déclarée à la DRAAF (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt). Si un certain pourcentage d’une parcelle (en général 20 %) est infecté alors elle doit être entièrement arrachée et des doses massives d’insecticides doivent ensuite être répandues. La lutte contre la cicadelle est obligatoire là où la maladie sévit, si bien qu’aujourd’hui la moitié du territoire métropolitain est concerné.

Vue générale d'une vigne saine - variété Scheurebe. Sabrina Herndl-Lanz / CC BY-SA 2.0-at

« Actuellement, le seul test disponible est la PCR [Polymerase Chain Reaction, NDLR], nous explique Carine La, cofondatrice et directrice générale d’Anova Plus. Cela ne peut se faire qu’au laboratoire et après une procédure administrative, le tout prend trois semaines à un mois. Si le test est fait en août, quand apparaissent les premiers symptômes, le résultat arrive un mois seulement avant les vendanges. C’est bien trop tard ! »

 Carine La, cofondatrice et directrice générale d’Anova-Plus, est ingénieure en biotechnologie issue de Sup’Biotech (promotion 2013). Elle s’est spécialisée dans le management de l'innovation. Elle a également créé le média indépendant dédié à l'innovation Garage21.

Le test génétique, en effet, consiste à détecter l’ADN de l'agent pathogène, un phytoplasme, c’est-à-dire une bactérie sans paroi qui ne peut vivre qu’à l’intérieur d’une cellule végétale. Mais on peut faire plus simple et plus rapide grâce à une autre technique, l’amplification isotherme de l’ADN. « Elle évite de devoir chauffer successivement à plusieurs températures différentes. Notre test n’utilise donc qu’un bloc chauffant » explique cette ingénieure en biotechnologie issue de Sup’Biotech et spécialisée dans le management. Lorsqu’elle rejoint l’équipe de Marc Masson, expert en cytogénétique, elle découvre cette possibilité de réaliser un test rapide, à peu de frais, par le viticulteur lui-même et en plein champ. « Au départ, je n’y croyais pas ! » confie Carine La aujourd’hui.

 Vue générale d'une vigne attaquée - variété Scheurebe. Josef Klement CC BY-SA 2.0-at

 « Il fallait faire le plus simple et le moins cher possible, explique-t-elle. Nous avons conçu ce test pour qu’il soit commercialisé à environ 30 euros et son utilisation est vraiment facile. » L’ingénieure nous détaille la manipulation : extraire les pétioles, les glisser dans un sachet contenant un tampon d’extraction et les broyer, récupérer un peu du mélange avec une « oese » (une tige, outil courant en bactériologie) et l’introduire dans un tube ; l’installer dans le bloc chauffant, attendre et en verser le contenu dans une cassette ; sa fermeture cassera le tube et mettra le contenu en contact avec une bandelette portant des réactifs. À l’ouverture de cette cassette, il suffit de compter les bandes rouges : une seule et le test est négatif, deux et la souche est infectée. « Avec ce test rapide, le viticulteur maîtrise bien mieux la lutte contre la maladie. Le principe est qu’il analyse 10 à 20 ceps autour d’un foyer ancien et ce suffisamment tôt dans l’année. L’épandage d’insecticides pourra ensuite être plus ciblé, donc plus réduit. » (Photo attaque d'une tige. Josef Klement CC BY-SA 2.0-at)

Ce kit peut être adapté à d’autres pathologies. C’est le cas pour le stolbur, une maladie à phytoplasme qui fait des ravages dans les cultures de lavande. « Le test peut aussi servir pour des maladies de la pomme de terre et de la tomate. » 

 Cicadelle verte (Cicadella viridis). Jean-Jacques MILAN CC BY-SA 3.0

Pour aider au financement du démarrage de l’activité, Anova-Plus a lancé une opération de crowdfunding sur Fundovino, baptisée Winelover Project, ouverte au grand public mais aussi sous la forme de pré-achat. L'idée d'Anova-Plus est que les viticulteurs, confrontés à cette maladie grave mais aussi aux contraintes et aux obligations légales qu'elle a générées, pourront ainsi mesurer l'intérêt de ce test rapide.




Futura Sciences 12/12/2014

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Deux foyers de flavescence dorée ont été découverts fin octobre dans les communes vaudoises de Blonay et de La Tour-de-Peilz. Les deux parcelles sont fortement touchées et concernent des ceps de Gamay, Garanoir, Gamaret, Mara et Pinot noir d’âge variable.

C'est la première fois que la flavescence dorée est décelée au Nord des Alpes en Suisse, a indiqué Agroscope dans un communiqué vendredi. Jusqu’ici, sa présence sur le territoire était limitée au canton du Tessin, où elle est confirmée depuis 2004.

Les analyses moléculaires pratiquées par le laboratoire de phytoplasmologie d'Agroscope à Changins (VD) sont cohérentes avec les observations sur le terrain et confirment la présence de la maladie.

Les jaunisses de la vigne sont provoquées par des phytoplasmes. La flavescence dorée est la plus importante et la plus redoutée. Du fait de son développement épidémique, caractérisé par une dissémination rapide dans les parcelles, puis dans les vignobles, elle figure parmi les maladies de quarantaine soumises à l'annonce et à la lutte obligatoire.

 Scaphoideus titanus (cicadelle de la vigne) est une espèce d'insectes hémiptères, originaire d'Amérique du Nord. Cet insecte piqueur-suceur est inféodé à la vigne cultivée (Vitis vinifera). Elle a probablement été introduite en Europe au début du 20ème siècle par l'importation de porte-greffes américains résistants au phylloxéraLamiot ccby-sa3.0

La flavescence dorée est transmise de cep à cep par une cicadelle, Scaphoideus titanus, vectrice du phytoplasme et étroitement liée à la vigne. Cette cicadelle, apparue en 1995 dans le canton de Genève par la rive gauche du lac Léman, a progressivement colonisé de nombreux vignobles des cantons de l'arc lémanique (GE, VD, VS).

Le suivi annuel de la progression de cet insecte par Agroscope a montré que la cicadelle est bien adaptée à nos conditions climatiques. Jusqu’ici toutefois, elle n’était pas porteuse du phytoplasme.

Epée de Damoclès pour la viticulture au Nord des Alpes, il ne faisait aucun doute que tôt ou tard la maladie allait y apparaître. Les mesures de prévention prises par les instances officielles auront permis de retarder l’arrivée de ce fléau de plus de dix ans.

Le canton de Vaud, l’Office fédéral de l'agriculture (OFAG) et Agroscope collaborent étroitement en vue d'éradiquer ce fléau des vignobles. Il n'existe aucun traitement curatif contre la flavescence dorée. Les mesures de lutte sont celles d'une lutte indirecte, engageant notamment l’arrachage et l’élimination des plantes malades.

  Le bois noir, une autre jaunisse de la vigne, moins dangereuse mais confirmée en Suisse depuis 1995, présente les mêmes symptômes que la flavescence dorée. Elle peut masquer la détection de la flavescence dorée. Cet insecte, présent dans toute l'Europe et l'Asie mineure, est le vecteur de micro­organismes pathogènes, des phytoplasmes,qui affectent diverses espèces de plantes, provoquant notamment la maladie du stolbur chez les Solanaceae (pomme de terre, tomate, etc.), la maladie du bois noir de la vigne et le dépérissement des lavandes. Ses principales plantes hôtes sont le liseron des champs, l'ortie dioïque, morelle et beaucoup de solanacées. (c) vignevin-sudouest.com (Photo Hyalesthes obsoletus (fulgore du stolbur) Michael F. Schönitzer ccby-sa4.0).

Il est impératif d'annoncer rapidement aux autorités compétentes la présence de plantes présentant les symptômes du bois noir. L’annonce rapide augmente les chances d’éradication de la maladie, qui elle peut être combattue.

Ceci est d'autant plus pertinent les années où le bois noir est plus fréquent, comme cela semble être le cas en 2015. La dernière prolifération de bois noir remonte à 2005-2006.



Romandie 13/11/2015

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