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La faune sauvage a souffert de l'implosion de l'URSS

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La désorganisation des services de l’État soviétique au début des années 1990 a eu des conséquences fortes sur les populations des grands mammifères des champs et forêts de Russie.

Arrêt du financement des politiques de gestion de la faune sauvage, défaut de paiement des salaires des garde-chasses et baisse de leurs effectifs, désorganisation des services : la fin de l’Union soviétique, décidée en décembre 1991 et la décadence de son administration monolithique, a eu par ricochet un impact insoupçonné sur la faune sauvage de Russie. Le soudain arrêt de l’intervention de l’homme sur les milieux naturels a provoqué un déclin brutal des populations de grands mammifères, affirme une étude publiée dans Conservation biology.

 À la frontière entre la Finlande et la Russie. ©️ Tom Schandy / Rex Featu/REX/SIPA

Pour arriver à nouer ce lien de cause à effet, l’équipe menée par Eugenia Bragina de l’université du Wisconsin (États-Unis), a remis le nez dans les archives de l’Agence fédérale russe de surveillance de la faune qui compile les données des populations. C’est en reprenant les chiffres des années 1981 à 2010 sur 8 espèces (chevreuils, cerfs rouges, rennes, élans, sangliers, ours bruns, lynx et loups gris) qu’a été détecté la chute du début des années 1990. Et ce déclin a été rapproché des soubresauts qui ont atteint une administration passant brutalement d’un régime politique à un autre et du brutal appauvrissement des Russes. Quatre espèces ont été particulièrement étudiées : les sangliers, les ours, les élans et les loups. Les trois premiers ont connu un brutal déclin de près de 85% des effectifs tandis que les loups gris ont vu leur population exploser de 150%.

Pourquoi ? L’hypothèse développée est que l’effondrement des services de gestion et de protection de la faune sauvage et le braconnage expliquent en grande partie ces mouvements démographiques animaliers peu naturels. Ainsi, les sangliers auraient été affectés par l’arrêt de l’entretien de champs destinés à les nourrir par les sociétés de chasse et par le braconnage. Les hardes auraient eu du mal à trouver de nouvelles sources de nourriture tandis que les Russes y trouvaient une viande à bon marché.

Sans garde-chasses pour les en empêcher, de nombreux braconniers auraient également cherché une source de revenus dans la chasse à l’ours. Quant aux élans, ils auraient été directement atteints par l’augmentation brutale des loups.

Et comment expliquer ce succès reproductif des loups ? Tout simplement par l’arrêt des abattages administratifs et battues menées auparavant par les garde-chasses, lesquels n’ont plus été payés pour faire ce travail de régulation des populations. Le fait que sangliers, ours et élans occupent des écosystèmes très différents permet d’écarter l’éventualité d’un bouleversement environnemental majeur.

Les chercheurs ne vont pas jusqu’à affirmer péremptoirement que ces brusques mouvements s’expliquent uniquement par les désordres socio-économiques. Il y a des contre-exemples. Ainsi, les lynx sont en déclin continu depuis plus de 30 ans quels que soient les aléas de l’histoire des hommes. Mais le fait que les populations d’ours, élans et sangliers en forte baisse au début des années 90 aient vu leurs effectifs remonter à la fin des années 2000 après que les services de gestion de la faune ont retrouvé des moyens, plaide pour l’existence de cette relation entre désordres socio-économiques et santé de la faune sauvage.


Sciences et avenir 22/1/2015

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