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Aux Emirats, une île "arche de Noé", comme un anti-Dubaï

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Sir Bani Yas (Emirats arabes unis) (AFP) - Aux Emirats arabes unis, une île conçue comme une "arche de Noé" pour espèces animales propose un tourisme respectueux de la nature, loin des galeries marchandes scintillantes et des gratte-ciel clinquants de Dubaï.


 Un panorama de l'île (2009) Ismail.alghussein CC BY-SA 3.0


Depuis son ouverture aux visiteurs il y a six ans, Sir Bani Yas offre des safaris entre mer et désert, au milieu de milliers d'animaux en liberté. Ses collines rocheuses, rivières et dunes de sable forment 87 km2 d'un cadre de vie sauvage pour de nombreux troupeaux d'oryx, de multiples oiseaux du désert mais aussi des girafes, cerfs et léopards, introduits sur l'île pour enrichir la biodiversité. On peut aussi y admirer les vestiges d'un monastère chrétien, le plus ancien de l'ère pré-islamique dans la région du Golfe.

 Un Oryx dans la réserve de Saamburu. Daniel Fafard CC BY-SA 3.0

A l'initiative du père des Emirats arabes unis, feu cheikh Zayed Ben Sultan Al-Nahayane, l'île a été transformée en 1971 en une réserve naturelle "avec l'idée d'en faire une arche de Noé" pour des espèces menacées d'extinction, explique à l'AFP Marius Prinsloo, directeur des opérations à Tourism Development & Investment Company (TIDC), la compagnie publique promotrice du projet.

Au fil des années, les animaux ont proliféré et leur nombre atteint aujourd'hui quelque 13.500. On compte à Sir Bani Yas 25 espèces de mammifères et 170 espèces d'oiseaux, dont des migrateurs qui y effectuent des passages saisonniers.

L'île compte l'une des plus importantes populations au monde d'oryx arabe et les quelque 500 têtes de cette espèce protégée qu'elle abrite alimentent, par leur reproduction, d'autres réserves. L'animal avait disparu dans la nature dans les années 70. Autrefois commun dans la péninsule arabique, il a été décimé par la chasse et n'a survécu qu'en captivité.

 Une gazelle des montagnes (gazella gazella). Bassem18 CC BY-SA 3.0

Des gazelles de montagne et du désert trouvent à Sir Bani Yas un habitat naturel, cohabitant avec des girafes et des guépards, un prédateur introduit sur l'île pour préserver l'équilibre naturel.

Sir Bani Yas est situé dans l'émirat d'Abou Dhabi, le plus riche de la fédération des Emirats arabes unis dont il détient 90% des réserves pétrolières. Il consacre d'importants budgets à la préservation de la nature mais aussi à un ambitieux programme de développement culturel.

Deuxième émirat en importance, Dubaï est quant à lui dédié corps et âme au commerce et au tourisme, avec une prédilection pour les nouveautés et le modernisme. On y trouve des galeries marchandes parmi les plus importantes au monde, des aquariums géants et même une piste de ski, créée artificiellement dans un environnement désertique.

 Une gazelle des sables au zoo de Cincinnati. FisherQueen CC BY-SA 3.0

Aujourd'hui dotée de trois unités hôtelières de capacité limitée et respectueuses de l'environnement, l'île de Sir Bani Yas a su préserver son caractère naturel. "Nous supervisons l'opération de sauvegarde de l'environnement au quotidien", dit fièrement M. Prinsloo.

Responsable des relations publiques à TIDC, Fatima al-Mutawa souligne le "caractère écologique" de l'ensemble des activités humaines entreprises à Sir Bani Yas, où poussent quelque 2,5 millions d'arbres, plantés ces dernières décenniesChaque visiteur doit ainsi impérativement planter un arbre sur l'île lors de son passage. A défaut, on le fait à sa place, dit Mme Mutawa.

 Urials (Ovis vignei arkal) au zoo de Pretoria. Altaipanther / domaine public

Selon elle, les vestiges archéologiques mis au jour ces dernières années sont un autre attrait des lieux. "Nous avons commencé des fouilles en 1992 et avons mis au jour 36 sites archéologiques, dont un monastère chrétien datant de l'an 600 après J-C". Ces sites "témoignent des diverses civilisations qui ont prospéré sur l'île, habitée il y a plus de 7.500 ans", assure-t-elle.

A 170 km de la capitale Abou Dhabi et accessible seulement par mer ou par air, l'île accueille par ailleurs des réunions ministérielles à huis-clos, loin des médias et de l'agitation des deux grands centres urbains émiratis.

Alors que Dubaï se veut "une grande ville moderne", temple du shopping et du luxe, et qu'Abou Dhabi se voit en destination "culturelle", avec plusieurs musées de classe internationale comme son futur Louvre, Sir Bani Yas marque sa différence, selon Mark Eletr, directeur des hôtels de l'île, tous gérés par le groupe thaïlandais Anantara.

"L'île propose un paysage pittoresque avec ses vallées, roches et plages, un environnement naturel que les gens apprécient à juste titre", dit-il.



Sir Bani Yas Island a favorisé son développement par rapport à la nature de l'île et de son délicat écosystème. Sur l'île fonctionne la première éolienne de la région, qui a une capacité de production de 850 kilowatts. Actuellement, elle produit de l'énergie pour alimenter les installations de l'île en plus de l'offre classique du réseau national. L'île prévoit également de produire de l'énergie à partir de l'énergie solaire. Et la société d'énergie renouvelable, Masdar, basée à Abu Dhabi,  a déclaré l'intention d'augmenter la capacité de production éolienne de 30 mégawatts.  

Beaucoup des plus de cent espèces d'oiseaux sauvages qui peuvent être trouvés sur l'île sont indigènes à la région.

 Habitant les montagnes désertiques du Nord de l'Afrique, le mouflon à manchettes (Ammotragus lervia) est parfois appelé mouflon de Barbarie, Aoudad ou Arui. Kuribo CC BY-SA 3.0

S'agissant du parc naturel, sa création est un processus continu. Quelques exemples :

- Relocalisation des animaux non indigènes, dont le daim noir, l'émeu, l'Eland et d'autres animaux. 

- La formation de tous les guides de l'île  pour donner aux visiteurs des informations détaillées sur les programmes de reproduction et de conversation dans le parc.

- Suivi des programmes de reproduction et de participation avec des organisations internationales de conservation pour les espèces en danger de disparition.

-Revégétalisation : création de nouveaux points d'eau et plantation de graminées. 

- Suppression de l'interférence humaine dans le parc, y compris la fermeture de routes et l'enlèvement des vieux tuyaux d'irrigation utilisés pour mettre en place l'écologisation de l'île il ya de nombreuses années. 

- Mise en place d'une clôture sur 32 km pour séparer l'Arabian Park Wildlife, du reste de l'île.

- Suppression de toutes les vieilles clôtures et panneaux laissés sur l'île (cause de 90% ds décès).  

Sir Bani Yas Island abrite de nombreux animaux que l'Union internationale pour la conservation de la nature répertorie comme en danger critique ou vulnérables , y compris les tortues de mer, les gazelles des sables, les moutons Urial, les moutons de Barbarie et l'oryx arabe. Par conséquent, l'île joue un rôle important dans la protection de ces animaux pour les générations futures.

Au cours de la dernière année, plus de 10 000 animaux de Sir Bani Yas Island ont été libérés dans les réserves fauniques comme celle du désert de Liwa. Ce programme monumentale a été réalisé en collaboration avec l'Agence de l'environnement d'Abou Dhabi. Wikipedia (en anglais)

Sciences et avenir 4/2/2015

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