Admin-lane 0 Posté(e) le 8 février 2015 Le réchauffement des océans serait responsable de cette prolifération de limaces de mer hérissées de spicules roses fluo. Des "sentinelles" utiles aux chercheurs pour surveiller les changements rapides des conditions océaniques.Des légions de limaces de mer hérissées de spicules roses fluo- des Okenia rosacea - envahissent les côtes du nord de la Californie, avertissent des biologistes américains. "Ces nudibranches sont des espèces méridionales. Cela faisait dix ans qu’on n’en avait pas vu une, souligne John Pearse, professeur émérite d’écologie et d’évolution biologique à l’Université de Californie de Santa Cruz. Désormais on en trouve des dizaines par mètre carré, comme lors des deux derniers épisodes d’El Nino de 1998 et 1983". La limace de mer Okenia rosacea Gary Mc DonaldSauf que ce courant chaud saisonnier ne baigne pas la région en ce moment. Donc comment expliquer leur présence ? Sans doute par la météorologie qui relève une température plus élevée de 5°C ces mois-ci par rapport à la normale saisonnière… "Ce qui rend cet événement particulièrement passionnant pour nous, c’est que nous avons publié un article en 2011 dans lequel nous avions prédit que les conditions océanographiques comme celle que nous vivons actuellement seraient marqués par une explosion des naissances des nudibranches, explique John Pearse. C’est tout simplement merveilleux de voir la prédiction se réaliser !"Le réchauffement des océans serait donc responsable de cette invasion selon Pearse et ses collègues Gary Mc Donald et Jeff Goddard qui enquêtent sur les nudibranches le long de la côte de la Californie depuis des décennies. "Au début, nous étions inquiets de ne plus en observer, redoutant que les nudibranches aient été tués au large. Mais il s’avère que leurs apparitions et disparitions relèvent d’une fluctuation naturelle, explique John Pearse. Santa Cruz Sentinel 30/1/2015Nous entrons maintenant dans une nouvelle phase chaude, même si nous ne savons pas encore si elle est provoquée par l’oscillation décennale du Pacifique (une variation de température cyclique) ou le réchauffement". Il y a probablement des deux. "Les nudibranches ne rampent que sur de courtes distances et ne vivent pas très longtemps", précise Jeff Goddard, de l'Institut des sciences marines de l'université de Santa Barbara, ils sont donc d’utiles sentinelles dans la surveillance des changements rapides des conditions océaniques. Des sortes de "sémaphores zoologiques".C’est son alimentation qui donne à Okenia rosacea ses belles couleurs. Elle se pigmente en mangeant un bryozoaire rempli de colorant, répandu tout au long de la côte Pacifique jusqu’à la Colombie britannique (Canada). La distribution du nudibranche n’est donc pas limitée par la disponibilité de sa proie, mais plus probablement par une combinaison de températures froides ainsi que par les modèles de circulation océanique. « Mais cette fois, les courants chauds ont entrainé la limace de mer plus au nord, et il semblerait que la "remontée d’eau" habituelle -l’upwelling- qui disperse les larves au large n’ait pas eu lieu", explique Jeff Goddard. Du coup, les limaces éclosent le long des côtes, formant de drôles de bouquets dans les flaques qui persistent à marée basse. Des limaces de mer sur des rochers. Jeff Goddard UC Santa CruzLa bestiole est inoffensive… mais sa présence, plutôt mauvais signe. D’un changement dans les courants froids et chauds, tout d’abord. "Elle peut aussi annoncer des impacts néfastes sur l'écosystème, redoute Jeff Goddard. Avec une température plus élevée l’océan est souvent moins productif. Moins de plancton et moins de varech peuvent avoir un effet sur la chaine alimentaire et nuire à la croissance des saumons ou des oiseaux de mer".La région a vu arriver d’autres visiteurs du sud ces derniers temps. En septembre, un pêcheur près de San Francisco a attrapé une tortue de mer familière des côtes du Mexique et des Galapagos, rapportent les journaux locaux, tandis que les dauphins et baleines à bosse s’attardent dans la baie de Monterey (au sud de San Francisco).Sciences et avenir 7/2/2015 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites