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Lancement de la rénovation du grand barrage de Kariba sur le Zambèze

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Kariba (Zimbabwe) - Des travaux urgents de rénovation du grand barrage hydro-électrique de Kariba, entre le Zimbabwe et la Zambie, vont démarrer cette année pour éviter une catastrophe, grâce à un accord de financement international qui doit être signé vendredi.

Situé à 400 kilomètres environ en aval des célèbres chutes Victoria, le barrage sur le fleuve Zambèze a été construit en 1959. La rénovation va durer de huit à dix ans et coûter près de 300 millions de dollars.

 Le barrage vu du Zimbabwe. Rhys Jones Flickr / CC BY-SA 2.0


En principe, la Zambie et le Zimbabwe ont obtenu des prêts de l'Union européenne (100 millions de dollars), de la Banque mondiale (75 M USD), de la Banque africaine de développement (75 M USD) et de la Suède (25 M USD) et les deux pays financeront le solde, selon le détail annoncé en décembre.

Le barrage est exceptionnel par ses dimensions, 617 mètres de longueur sur 128 mètres de haut, par la taille de son lac et par sa forme. C'est un peu la tour Eiffel du grand ingénieur français André Coyne, souligne Bernard Goguel, qui en a supervisé l'inspection jusqu'en 2010.

Sa retenue de 181 milliards de m3 en fait le plus grand lac artificiel du monde en termes de capacité de stockage. Chapeauté par l'Autorité du fleuve Zambèze, il alimente deux centrales électriques, l'une rive gauche au Zimbabwe (750 MW) et l'autre rive droite en Zambie (600 à 720 MW).

 Le barrage en cours de construction dans les années 1950, montrant les dangers encourus par les travailleurs. Terrence Spencer / domaine public

Mais aujourd'hui, l'ouvrage de béton est surtout synonyme d'inquiétude pour les riverains --trois millions de personnes vivent en aval-- car la maintenance a souffert du marasme économique et politique des années 2000 au Zimbabwe. A un moment, on a tapé du poing sur la table et dit +écoutez, si vous ne faites rien, nous on se tire, on ne peut pas laisser notre nom attaché à ce barrage si vous ne faites pas du gros entretien, raconte M. Goguel à l'AFP. Il ne s'agit pas de dire que le barrage va s'effondrer dans les trois ans, ce n'est pas vrai, ajoute-t-il. C'est là toute la subtilité. Mais il ne faut pas non plus rester les bras ballants sans rien faire.

La réhabilitation du barrage de Kariba est une nécessité urgente pour éviter une catastrophe potentielle. L'évaluation de sécurité la plus récente en 2010 a identifié les mesures proposées comme étant des interventions (...) méritant une attention immédiate, rappelle la Banque mondiale dans un rapport préalable au déblocage des fonds.

Compte tenu de la largeur du réservoir une possible rupture du barrage causerait des inondations régionales dévastatrices, d'importantes pertes humaines et des dégâts économiques sans précédent en aval (...), ajoute la Banque mondiale. Le barrage hydroélectrique de Cahora Bassa (2.130 MW), stratégique pour l'alimentation électrique du Mozambique voisin mais aussi de l'Afrique du Sud, serait aussi menacé.

La rénovation doit porter en priorité sur la fosse d'érosion qui s'est formée en aval du barrage. Ce trou s'est creusé naturellement, au point de former un puits de 80 mètres, juste après le barrage, et nul ne peut préjuger de la stabilité, explique M. Goguel. Le but des travaux est d'aider la nature à élargir le trou pour que l'énergie de l'eau ait la place de se dissiper en cas de crue extrême et qu'elle puisse s'écouler vers l'aval.

La phase suivante sera la réhabilitation des six vannes d'évacuation. Chacune peut lâcher 1.500 m3 par seconde à pleine ouverture et elles servent à laisser passer la crue du Zambèze lorsqu'elle risque de dépasser la capacité du réservoir. Selon les années, on en ouvre une, deux ou trois, exceptionnellement davantage pendant un mois ou plus.



Romandie 20/2/2015

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