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Energie: Un rapport critique la priorité européenne donnée aux projets gaziers

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Paris - La crise ukraino-russe conduit l'Europe à favoriser à court terme les investissements en faveur de projets d'infrastructures gazières au détriment des réseaux électriques, sur fond de financements en dessous des enjeux énergétiques, selon un rapport remis au président de la République lundi.

Alors même que les questions de sécurité énergétique sont érigées en priorité, le soutien de l'UE à des investissements énergétiques apparaît singulièrement modéré, pointe ce rapport intitulé L'Energie, l'Europe en réseaux, rédigé par Michel Derdevet, secrétaire général d'ERDF, gestionnaire de la distribution d'électricité en France.

Là où les besoins d'investissements dans les infrastructures énergétiques ont été estimés en 2013 par l'Union européenne à 1.100 milliards d'euros sur les dix prochaines années, seule une enveloppe de 6 milliards d'euros est prévue pour la période 2014-2020 dans le cadre du mécanisme d'échange d'informations sur l'énergie (MIE), détaille-t-il.

La majorité a été allouée à des infrastructures gazières, notamment pour permettre le transport de gaz de l'ouest vers l'est de l'Europe, alors qu'ils sont traditionnellement orientés dans l'autre sens pour importer le gaz depuis la Russie. L'orientation des financements tend donc à privilégier les infrastructures gazières, en réponse aux tensions géopolitiques en cours, plutôt que les efforts déterminés en fonction des évolutions du mix européen sur le long terme, relève le rapport.

Pour son rédacteur, cette priorité de court terme n'est pas la bonne dans la mesure où selon la Commission la place du gaz dans le mix énergétique pourrait diminuer de 25% d'ici 2030, et alors que se développent les énergies renouvelables électriques (éolien, solaire, etc.) ou la mobilité électrique.

La publication de ce rapport intervient alors que le président de la République a affirmé au début du mois la nécessité de construire une Union européenne de l'Energie. Aujourd'hui, chaque pays met en place sa propre politique énergétique sans véritable concertation avec ses voisins: l'Allemagne est sortie du nucléaire après Fukushima, l'Espagne a considérablement développé ses énergies renouvelables, etc. Ces choix, alors que les réseaux électriques et gaziers sont de plus en plus interconnectés, entrainent des tensions sur ces réseaux.

Même si une seule politique énergétique européenne, totalement intégrée, est peu envisageable aujourd'hui, le rapport présente douze propositions pour développer une meilleure coordination des politiques des différents pays européens.

Elles insistent sur une plus grande coopération entre les gestionnaires de réseaux, une plus grande convergence réglementaire pour aller vers une plus grande convergence des prix de l'énergie dans l'UE et un appui massif à l'innovation énergétique (stockage, mobilité, réseaux intelligents).


Romandie 23/2/2015

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