Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Admin-lane

Arrêter le désert du Sahel grâce au bocage… normand !

Messages recommandés

La disparition progressive des arbres dans un milieu où le stress hydrique est important arrête le cycle de l’eau et aboutit à une absence quasi totale de pluie. En effet, le phénomène de désertification dans la bande sahélienne est dû a une disparition progressive du couvert végétal et s’autoalimente. Une ferme pilote au Burkina Faso a développé des techniques efficaces pour y remédier.


 La ferme expérimentale de Guié. MarcOberle

L’agriculture, l’élevage extensif et la recherche de bois pour la cuisson des aliments jouent un rôle majeur dans cette disparition du couvert végétal et l’avancée du désert. Un cercle vicieux s´installe alors. L’eau se fait de plus en plus rare, entraînant la diminution du nombre d’arbres et de plantes, tandis que les rendements en baisse obligent les paysans à étendre toujours plus leurs zones de culture et de pâturage. Les jeunes plants sont piétinés, ne leur permettant plus de pousser, tandis que le bois est à aller chercher toujours plus loin, accélérant la disparition des végétaux.

Pour stopper ce phénomène, il est nécessaire de trouver des modèles agricoles qui permettent de restaurer les sols et les écosystèmes et fournir le bois nécessaire, tout en augmentant les rendements.

C’est ce que propose la ferme pilote de Guié de l’Association Zoramb Naagtaaba (AZN) au Burkina Faso qui depuis plus de 25 ans travaille à développer le principe du bocage sahélien. Celui-ci s’inspire du bocage que l’on peut retrouver en Normandie et dans le nord de la France, en mettant plus fortement l’accent sur les aménagements qui permettent de retenir l’eau à l'endroit où elle tombe.

Car la pluie dans la zone sahélienne tombe en une seule saison. Donc, si rien ne la retient, elle est perdue pour les cultures, s’en allant ruisselant en emportant la terre arable avec elle. Ainsi, afin de stopper rapidement ce ruissellement et pour permettre l’infiltration de l’eau, il est nécessaire de poser des aménagements qui retiendront l´eau. C’est le principe du bocage sahélien et des périmètres bocagers proposés par cette ferme pilote.

À la demande d’un groupement villageois, un périmètre délimité par des haies a été mis en place au sein duquel chaque famille reçoit un lot de trois à quatre champs de petite taille. Chacun de ces champs est entouré de diguettes et une haie est plantée autour de chaque champ. Une marre est également creusée au point bas des champs pour retenir l’excédent d’eau ainsi que pour abreuver les animaux. Par ces différentes techniques, l’eau reste dans les champs, abreuve les plantes en croissance et s’infiltre en profondeur dans le sol, permettant de reconstituer progressivement les réserves d’eau.

La haie par ses racines améliore ce phénomène d’infiltration profonde et limite la force du vent, souvent violent, qui peut coucher les récoltes. Elle apporte aussi des fruits sauvages et un abri pour la faune.

Au-delà de son atout écologique, elle répond au besoin en bois des populations. En effet, l’élagage régulier et nécessaire de celle-ci fournit aux habitants le bois pour la cuisson et le bois d´oeuvre sans mettre en danger les végétaux. Parallèlement, l’AZN travaille pour que des foyers améliorés soient utilisés pour réduire la quantité de bois nécessaire pour une même cuisson et limiter l’inhalation des fumées.

Henri Girard, fondateur de l´AZN définit le bocage sahélien comme un modèle « d’agro-sylvo-pastoralisme », un modèle agroécologique où l’agriculture et l’élevage sont associés afin de tirer profit de ce que chacun apporte à l´autre. Ainsi, les champs laissés en jachère dans le cadre des rotations culturelles servent de prairies pour les animaux qui à leur tour fertilisent le champ par leurs déjections.

Tandis que les techniques agraires utilisées ont comme atout de répondre à la nécessité des populations de s’assurer des récoltes régulières et bonnes tout en restaurant les sols dans une zone qui a connu de nombreuses famines. Pour cela la technique dite du « zai » est utilisée. Elle consiste à creuser des trous en quinconce sur l´ensemble du champ où du compost est déposé et les graines y sont semées. Bien nourries d'eau et de matières organiques ces graines peuvent pousser plus, aisément, même sur des sols pauvres, assurant une récolte suffisante. Afin d’amener une couche fertile sur ces sols dégradés, les trous sont décalés chaque année pour recouvrir progressivement l’ensemble du champ.

Au-delà du modèle agricole développé, l’AZN avec sa ferme pilote a compris que le plus grand des combats était de lutter contre l’ignorance et de permettre aux paysans de vivre dignement de leurs récoltes. Ainsi, au-delà de la ferme pilote plusieurs programmes se sont mis en place pour la petite enfance, la scolarisation et la santé, tandis que des apprentis sont formés aux techniques du bocage sahélien.

Enfin, au-delà du périmètre, des arbres sont également plantés le long des chemins villageois, favorisant là encore l’infiltration de l’eau et fournissant un ombrage tandis qu’une pépinière veille à produire des espèces locales. Riche de cette expérience, la ferme pilote de Guiè a créé des émules et déjà deux autres fermes ont vu le jour pour faire refleurir le désert.


ConsoGlobe 27/2/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...