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Une forêt tropicale foisonne à Manille entre dépotoir et bidonville

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Contre toute attente, une forêt pluviale tropicale a réussi à pousser au bord de la plus grande décharge à ciel ouvert de Manille, vaste paradis de verdure dans une métropole tentaculaire gangrénée par les bidonvilles.

Le bassin hydrographique de La Mesa est le seul espace naturel de la capitale philippine. Grand comme le cinquième de Paris, le parc entoure un barrage-réservoir qui contient l'eau potable bue par ses 14 millions d'habitants.
«C'est comme si on avait quitté Manille», dit Anton Haltand, un vendeur de voitures qui vient de passer la journée avec des amis à faire du vélo tout terrain sous une dense couverture végétale. «Comme si on avait remonté le temps. Le parc répond à tous les critères de beauté et de défi».

 Des forestiers philippins patrouillent dans le parc de La Mesa, seul espace naturel de Manille, avec plus de 50 kilomètres de chemins de randonnée, le 14 février 2015 - JAY DIRECTO AFP

Chaque année, 300.000 personnes profitent de La Mesa et de ses plus de 50 kilomètres de chemins de randonnée, selon les autorités du parc. C'est le fruit de 15 années de partenariat impliquant le gouvernement national des Philippines, des sociétés des eaux et des associations de protection de l'environnement.

Auparavant, la forêt autour du réservoir avait été en large partie rasée, disparaissant à mesure que croissait la population de l'archipel, pour céder la place à des bidonvilles et à des fermes. «La plupart de ces colons illégaux dépendaient du bassin pour survivre. Ils coupaient les arbres pour le bois. Les zones élaguées étaient transformées en potagers», explique à l'AFP le gestionnaire du projet, Dave Azurin.

Pour comprendre ce qu'il serait advenu de ce secteur sans le projet de reboisement, il suffit de regarder les bidonvilles géants voisins du bassin, où vivent environ 350.000 personnes. L'un des plus grands dépotoirs à ciel ouvert borde également le site.

Plus de 750.000 arbres ont été plantés et 125 espèces d'oiseaux cohabitent désormais dans la forêt. Celle-ci comprend 99 espèces d'arbres endémiques des Philippines qui étaient en danger, précise Dave Azurin.

Plus de 7.000 colons qui vivaient là ont été déplacés ailleurs, obtenant des logements gratuits fournis par la compagnie publique des eauxMais tout ne s'est pas passé sans heurts et le programme n'est pas une réussite totale. La plupart des visiteurs l'ignorent mais des voleurs se rendent régulièrement dans le parc pour couper des arbres. Certains y construisent aussi des cabanes d'habitation.

Le parc est ceint par un mur haut comme deux adultes. Mais les intrus se débrouillent pour l'escalader, explique Exequiel Lobres, l'un des 59 gardes forestiers du parc. «C'est un travail dangereux. On est constamment en train d'éteindre les feux allumés par les intrus, dont certains sont armés». En 2002, des agresseurs avaient lancé un assaut contre le dortoir des gardes forestiers et le gardien des lieux avait été décapité.

Les assaillants avaient également mis le feu au bâtiment ainsi qu'à plusieurs tours de guet, raconte Dave Azurin, qui était présent ce jour-là. Quatre personnes avaient été condamnées pour meurtre tandis qu'un cinquième suspect court toujours. Chaque année, entre trois et cinq personnes sont inculpées pour avoir coupé du bois illégalement ou allumé des feux. Les gardes ne disposent que d'extincteurs et de machettes, pour toute arme.

La situation commence toutefois à s'améliorer, ajoute le gestionnaire. «Nous pensons que le pire est derrière nous. Ces incidents tendent à diminuer», dit-il, portant cette tendance favorable au crédit d'une campagne d'éducation lancée auprès des habitants qui vivent près du bassin.

Cependant, des gens habitent toujours illégalement environ 225 hectares, soit 10% de la superficie de la forêt. Ils bataillent au niveau judiciaire contre la compagnie des eaux à propos des droits de propriété et ce différend empêche le reboisement des zones concernées.

Pour Gina Lopez, directrice du programme de reforestation, la partie est loin d'être gagnée. Le projet arrive à expiration fin 2016 et le gouvernement doit encore décider ou non de le reconduire avec les partenaires concernés.

Sans financements pour les protéger, les arbres, dont le bois devient d'autant plus précieux qu'ils avancent en âge, seront à la merci de trafiquants. «Dans quelques années, cette zone va valoir des fortunes», dit-elle.


20 Minutes 24/4/2015

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