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Costa Rica : les cigales chantent, les oiseaux se taisent !

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Beaucoup d'espèces animales communiquent de façon sonore pour transmettre des informations variées, et ils doivent partager le même espace acoustique. Et quand les signaux émis par plusieurs individus se chevauchent, des interférences peuvent se produire et masquer ou perturber les messages

 Une cigale de l'espèce du genre Zammaraphotographiée au Panama. Brian Gratwicke CC BY-SA 2.0

L'environnement est aussi une source de bruits (pluie, vent, activités humaines). La communication acoustique consommant du temps et de l’énergie, les oiseaux doivent maximiser l'efficacité de la transmission de leurs vocalisations en modifiant le moment de leur émission, leur durée, leur fréquence ou leur amplitude.

 Un Tohi à bec orange au Costa Rica. Jerry Oldenettel Flickr / CC BY-SA 2.0

Les forêts tropicales sont  l'un des biotopes les plus riches et les plus variés d'un point de vue acoustique. Durant la journée, les chants et les cris des oiseaux et des insectes dominent. Dans les forêts d'Amérique tropicale, les chants des cigales du genre Zammara sont omniprésents. Elles font partie des insectes les plus bruyants du monde, le niveau sonore de leur chant pouvant dépasser 100 décibels à 50 cm. Des milliers de cigales chantent parfois en même temps, ce qui sature l'espace acoustique, et les oiseaux doivent donc s'adapter à cette situation pour pouvoir continuer à communiquer.

 Picumne olivâtre au Costa Rica par Juan Zamora CC  BY-SA 2.0

Des chercheurs ont étudié cette compétition près de la station biologique de Las Cruces au Costa Rica du 24 juin au 10 juillet 2012 (saison humide). Un enregistreur automatique SM2 muni d’un microphone omnidirectionnel SMX-II de Wildlife Acoustics (doté d'une sensibilité de -35 dB et d'une réponse aux fréquences comprise entre 20 Hz et 20 000 Hz) a été installé successivement dans sept sites.

 La Paruline à croupion fauve fréquente les berges des cours d'eau des basses-terres humides et des contreforts. ©️ Hans Hillewaert CC BY-SA 4.0

Les cigales de l’espèce Zammara smaragdinai étaient surtout actives à partir du milieu de la matinée. Les biologistes ont noté chaque jour l’heure du début de leur "chœur" et ils ont analysé les spectrogrammes des vocalisations des oiseaux juste avant et juste après ce démarrage. Les espèces d’oiseaux ont été identifiées et les fréquences minimales et maximales de leurs vocalisations mesurées. Le nombre de chants et d'espèces actives cinq minutes avant et cinq minutes après le début du chœur des cigales ont été relevés.

 Une Grive à bec orange. Peter Grub / Flickr / CC BY-SA 2.0

Les biologistes ont identifié 62 espèces d'oiseaux, dont les Tohis à bec orange (Arremon aurantiirostris) et à tête rayée (Arremon torquatus), le Picumne olivâtre (Picumnus olivaceus), la Grive à bec oange (Catharus aurantiirostris), la Paruline à croupion fauve (Myiothlypis fulvicauda) et le Tétéma coq-de-bois (Formicarius analis). Ils émettaient 72 vocalisations différentes, dont 78 % étaient comprises dans une bande passante allant de 1 à 8 kHz. 95 % des chants des cigales avaient une fréquence comprise entre 2,70 et 12 kHz.

 Un Tétéma coq-de-bois. Bubleyack CC BY-SA 3.0

Les oiseaux commençaient à chanter dès l’aube et les cigales à partir entre 8h40 et 10h40. Beaucoup d'oiseaux réduisaient et même cessaient de chanter après le début du chœur des cigales : le nombre de vocalisations passait en moyenne de 435 à 196 et le nombre d'espèces actives de 16 à 6. Seuls les oiseaux dont les fréquences des chants leur permettaient d'être audibles (= pas de chevauchement de fréquences) continuaient à être actifs.

 Andreas Kay 24/3/2012


On savait déjà que les oiseaux pouvaient ajuster leur activité sonore en fonction des bruits urbains ambiants. Cette étude montre qu'ils doivent aussi s’adapter à l’activité sonore d’insectes très bruyants. Les oiseaux commencent donc à chanter très tôt le matin pour éviter la concurrence des cigales, mais aussi pour profiter de conditions particulières d’humidité, de température et de vitesse des vents qui favorisent la propagation des sons.

 Tohis à tête rayée. Habite au nord-ouest des Yungas. Photo avespampa argentine


Ornithomédia 27/5/2015

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