Admin-lane 0 Posté(e) le 16 juin 2015 Une étude américaine révèle que des femelles poissons-scies privées de mâles se sont reproduites seules. Une première au sein d’un groupe de vertébrés sauvages.Le poisson-scie tident (Pristis pectinata) est une espèce de poisson-scie (famille des Pristidae) vivant dans les eaux sub-tropicales. U.S. Fish and Wildlife Service Headquarters / Flickr / CC BY-SA 2.0Surprenante reprise du tube de Jean-Jacques Goldman pour un groupe de scientifiques en Floride. Privées de mâles, victimes de la surpêche qui réduit leur alimentation et des trafiquants qui convoitent leur rostre, les Poissons-scies tident (Pristis pectinata) femelles font des bébés toutes seules. Florida Fish and Wildlife Conservation CommissionD’après Gregg Poulakis de la Florida Fish and Wildlife Conservation Commission qui a coordonné l’étude publiée dans la revue Current Biology, "le sentiment général était que la parthénogenèse chez les vertébrés n’était qu’une curiosité ne pouvant normalement pas mener à une descendance viable". En effet, on connaît l’exemple de deux serpents femelles sauvages qui ont porté des petits issus de parthénogenèse mais les gestations ne sont pas allées à terme. Pristis pectinata ( identifié par > 25 dents de chaque côté et la première dorsale pas derrière milieu de la nageoire pectorale. Javier Yaya Tur (CAC, S. A.) CC BY-SA 2.0Le phénomène est connu et déjà observé en captivité chez des oiseaux, reptiles ou requins, qui se reproduisent habituellement par voie sexuée. Mais une telle prégnance de naissances et de survies d’origine asexuée en milieu naturel n’avait jamais été observée chez des vertébrés habituellement sexués. On parle alors de parthénogenèse "facultative". Certaines espèces comme les lézards de type Cnemidophorus, uniquement composées d’individus femelles, ne se reproduisent que par parthénogenèse "obligatoire".A l’origine de la découverte, "un banal relevé d’ADN au sein de la population de poissons-scies de la région pour déterminer si les individus parents se reproduisaient fréquemment entre eux du fait d’une démographie chancelante" rapporte Andrew Fields de l’université de Stony Brook et principal auteur de l’étude. L’analyse de ces prélèvements a montré que, chez 3% des animaux, les chromosomes n'étaient pas constitués de paires distinctes issues d’un père et d’une mère. Ce qui atteste d'un mode de reproduction probablement asexué (les gènes identiques étant alors apportés par un même individu).Andrew Fields estime que de nombreux vertébrés se reproduisant habituellement de façon sexuée sont capables de parthénogenèse mais n’y auraient recours qu'en cas de force majeure. Dans l'exemple présent, lorsqu’ils sont confrontés à une importante baisse de population et de densité. Jeune poisson-scie né par parthénogénèse en Floride. Florida Fish and Wildlife Conservation Commission (FWC).Reste à déterminer le futur d’une telle population. Car, pouvant être perçue comme une consanguinité extrême, la parthénogenèse peut mener à une perte de diversité génétique incompatible avec la survie de l'espèce. Mais cela peut également être un moyen de purger des mutations nocives en éliminant à terme les individus affectés, selon le Docteur Warren Booth, biologiste de l’université de Tulsa. Enfin, nous saurons si ces jeunes sont capables de se reproduire à leur tour, et de quelle façon, lorsqu’ils auront atteint leur maturité sexuelle. Celle-ci n’arrivant qu'aux alentours des 10 ans chez cette espèce.Sciences et avenir 13/6/2015 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites