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Nourrir chiens et chats : Comment les produits sont élaborés ? Sont-ils adaptés ?

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Les aliments industriels pour animaux de compagnie ne connaissent pas la crise. Comment ces produits sont-ils élaborés ? Sont-ils vraiment adaptés ? Y a-t-il des risques de "malbouffe" ?

La pâtée pour chiens est passée à l'ère du "petfood" personnalisé, bio ou diététique, sous l'impulsion des géants de l'agroalimentaire, Nestlé et Mars en tête. Lucratif, le secteur épouse les tendances de l'alimentation humaine, jusque dans les critiques sur la "malbouffe". Snacks au saumon pour chats, croquettes pour petit chien obèse ou grand chien dynamique - "active" ou "food lover" - coffret "traiteur" pour matou gourmet et chewing-gum à l'eucalyptus pour toutou à l'haleine fétide : les animaux de compagnie, autrefois nourris avec les restes des repas des maîtres disposent aujourd'hui de 300 références dans les hypermarchés.

 La nourriture industrielle pour animaux de compagnie s'inspire des tendances du marché pour l'homme, comme avec ces barquettes bio. ©️MYCHELE DANIAU / AFP

Au rayon épicerie, le "petfood" (alimentation pour animaux de compagnie), comme l'appellent même les professionnels français, est la troisième catégorie de produits la plus importante en termes de ventes, derrière le café et les biscuits. Les ventes ont doublé ces 15 dernières années aux États-Unis, l'un des deux plus gros marchés avec l'Union européenne. Le marché mondial devrait continuer à croître de 5% par an dans les prochaines années, selon le cabinet d'étude Alcimed.

Très concentrée, l'industrie est aux mains des mêmes grands groupes que l'alimentation humaine. Le petfood constitue la première activité de Mars, plus célèbre pour ses barres chocolatées, qui sont produites dans des usines différentes. Le groupe possède les marques Royal Canin, Whiskas, Pedigree, Frolic. Nestlé, qui commercialise Friskies et Purina One via sa division Purina, a réalisé 12% de ses ventes grâce aux croquettes et autres pâtées en 2014, soit davantage qu'avec les confiseries. Autres gros acteurs : Big Heart Pet Brands et Colgate Palmolive. Un "marché anticrise", sourit Myriam Cohen-Welgrin, PDG de Mars Petcare France. Car si le nombre de chiens et chats reste assez stable en Occident, les maîtres dépensent de plus en plus pour les nourrir.

"L'animal est vu comme un membre à part entière de la famille. On lui donne la même chose que ce qu'on pourrait donner à son enfant", souligne Anne-Claire Lapie, responsable de mission chez Alcimed. "Il y a beaucoup d'anthropomorphisme (...) et de similitudes avec la nutrition infantile : ce n'est pas celui qui achète qui mange", confirme Sophie Dubois, directrice générale de Purina France. En outre, les marges du secteur sont "bien supérieures à celles pour l'alimentation humaine", estime Alcimed.

Les industriels n'hésitent donc pas à investir lourdement, à l'image de Mars, qui a mis récemment près de 100 millions d'euros dans un troisième centre d'innovation, tout en rachetant la division nutrition animale de Procter & Gamble pour près de 2,7 milliards d'euros. Nestlé et Mars possèdent chacun plusieurs centres de recherche exclusivement consacrés au petfood. Tendance phare : la santé, avec des produits ciblés selon la race, le niveau d'activité, les problèmes de digestion ou de stérilisation. Royal Canin propose du zinc et des oméga 3 pour les bergers allemands et leurs problèmes de peau, des formules allégées pour les labradors gloutons, et même des croquettes adaptées à la langue délicate des chats persans. Des petites marques très innovantes se lancent aussi, comme l'espagnol Affinity, ou le français Nestor Bio, qui utilise volaille bio, riz de Camargue, romarin et huile d'olive.

Dans les usines, "les normes et les standards de qualité sont les mêmes que pour l'alimentation humaine, avec détecteurs de métaux et rayon X, comme dans l'alimentation pour bébé", explique Vianney Manchon, directeur de l'usine Mars à Orléans. Sur ce site, la viande est hachée en morceaux, mélangée à des arômes, des céréales et des oligo-éléments, "pour en faire un aliment complet", énumère le directeur. "Tout provient d'animaux propres à la consommation humaine", mais de morceaux peu goûtés par les humains, comme les abats, explique Sophie Dubois de Purina. "Aucun animal dans le monde n’est élevé et abattu pour être utilisé en petfood", assure Yves Bodet, délégué général du syndicat des fabricants français.

Comme l'alimentation industrielle humaine, celle pour les animaux n'est pas épargnée par les détracteurs. Les croquettes, "c'est la malbouffe organisée pour les chiens", dénonce le Dr Pierre May, vétérinaire spécialiste des médecines alternatives. Les critiques pointent la présence de becs ou d'ongles dans les farines de volailles utilisées par l'industrie. Des traces "infimes", répond Yves Bodet. Pour réduire les coûts, "l'obsession des industriels, est de faire manger aux animaux domestiques ce qu'ils ne doivent pas manger, c'est-à-dire des céréales. Les produits des grandes marques en contiennent plus de 50%. Or un chien est un carnivore presque strict et un chat, un carnivore strict", détaille le Dr May.

Les teneurs en céréales sont "adaptées aux besoins de la digestion", rétorque Sophie Dubois de Purina. Les dirigeants de Purina et Mars soulignent que l'espérance de vie des chiens et chats s'est accrue depuis qu'ils mangent des croquettes. Oui, mais dans "un état de santé déplorable", répond le Dr May qui, en 40 ans d'exercice, assure avoir vu augmenter chez les animaux cancers, allergies, maladies auto-immunes et obésité.

Quant aux aliments spéciaux ultra-ciblés "santé", leurs différences de composition sont "minimes", estime la vétérinaire autrichienne Jutta Ziegler dans son livre Toxic croquettes (Thierry Souccar, 2014). "On assiste ici à la création d'un besoin qui n'existe pas. Comme chez les humains", affirme-t-elle. Face à cette question, certains maîtres reviennent vers une alimentation plus naturelle, à base de viande crue. La tendance n'a pas échappé à l'industrie, qui commence à proposer des croquettes "sans grains", où lentilles et patates douces remplacent les céréales.


Sciences et avenir 13/7/2015

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