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Lorsque les chats chassaient les chiens

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Les gros chats venus d'Asie et d'Europe, débarqués sur le nouveau monde il y a 25 millions d'années, auraient volé la pitance et l'habitat des ancêtres américains du chien. Et auraient ainsi provoqué l'extinction de nombreuses espèces de canidés. Le monde à l'envers !

Voilà deux familles d'espèces connues pour être ennemis héréditaires. Pourtant, si les molosses les plus gros font aujourd'hui décamper les minets, il n'en a pas toujours été de même. Originaire d'Amérique du nord, la famille des canidés était en effet jadis peuplée d'autres sous-familles aujourd'hui éteintes, comme les Borophaginae et les Hesperocyoninae. Une étude publiée dans Proceeding of the National Academy of the Science of United States of America (PNAS) cherche l'origine de leur disparition. 

La cause ? Au jeu des sept familles, les hasards des migrations géographiques des espèces ont tiré une carte inattendue: l'arrivée impromptue en Amérique... de lointains cousins du chat ! Ces gros chats, tout droit venus d'Europe et d'Asie, auraient ainsi progressivement débarqué sur le continent américain, avant de finalement entraîner le déclin des Borophaginés et Herperocyoninés. Comment ? En leur volant leur habitat et leurs proies. Ci-dessous, des vues d'artistes donnant un aperçu de ce à quoi ressemblaient ces gros chiens de l'époque.

 Bhorophagus / ©️ Charles Robert Knight


 Hesperocyon gregarius / ©️ Robert Bruce Horsfall


Pour en arriver là, l'équipe a étudié près de 1500 fossiles prélevés en Amérique du nord, appartenant à trois sous-familles : les borophaginés, herperocyoninés, et les caninés, regroupant les renards, chiens et loups contemporains. L'objectif : les inventorier sous toutes les coutures, et procéder à une analyse statistique pour comprendre les causes de l'extinction des deux premiers. "On s'attendait à ce que les changements climatiques soient la cause majeure de l'évolution de la biodiversité", explique Daniele Silvestro, auteur principal. " Mais au lieu de cela, on s'est rendu compte que c'est la compétition entre différentes espèces carnivores qui a joué le rôle le plus important". 

 Flanquer une raclée à un chien un peu trop envahissant ? Ce chat en est tout à fait capable ©️ Peretz Partensky

Comment sont-ils parvenus à de telles conclusions ? Les chercheurs ont tenté d'établir une corrélation entre le taux d'extinction des canidés disparus et l'évolution du climat d'une part, et leur masse corporelle d'autre part. Certains d'entre eux pesaient en effet plus de 30 kg, ce qui en faisait les plus gros carnivores de l'époque. Hypothèse invalidée : le poids ou le climat ne sont ainsi pas en cause (sauf pour les Bhorophaginés, qui ont souffert d'un épisode de glaciation). Mais plus encore, c'est la compétition avec d'autres prédateurs qui leur a été fatale.

Venus d'Eurasie, les barbourofelidés (aujourd'hui disparus, physiquement proches du tigre à dents de sabre) et les félidés (qui regroupent aujourd'hui les grands lions comme les petits chats) seraient arrivés sur le continent américain il y a respectivement 15 et 25 millions d'années, en témoignent la datation des fossiles retrouvés. Une arrivée qui coïncide avec le déclin des deux sous-familles éteintes de canidés. Or, félidés et canidés occupent la même place dans la chaîne alimentaire : celle d'un prédateur, s'attaquant à un nombre de proies limité. Visiblement, ces félidés archaïques étaient de meilleurs chasseurs que ces lointains cousins des loups dans l'écosystème nord-américain, concluent ainsi les chercheurs. De quoi donner de l'assurance au chat domestique (qui n'a déjà que trop de tendances à l'insolence), avec des aïeuls d'un tel prestige dans son arbre généalogique...


sCIENCES ET AVENIR 13/8/2015

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