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Une pénurie de traitements antivenin menace des milliers de personnes

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Le laboratoire français Sanofi Pasteur a cessé en 2014 la production de Fav-Afrique, le seul sérum antivenimeux "certifié sûr et efficace", alerte l'association Médecins sans frontières.

L'association Médecins sans frontières (MSF) a tiré la sonnette d'alarme face à l'épuisement des stocks de traitements antivenin produits par le laboratoire français Sanofi Pasteur, qui risque de mettre en danger des dizaines de milliers de personnes dans le monde. "Des dizaines de milliers de personnes continueront de mourir de morsures de serpent à moins que la communauté mondiale de la santé ne prenne des mesures immédiates pour assurer la production d’un traitement et d’un sérum antivenimeux", prévient MSF dans un communiqué diffusé à l'occasion d'un colloque organisé mardi 8 septembre 2015 à Bâle (Suisse) sur la médecine tropicale.

 Quelque 100.000 personnes décèdent chaque année à la suite de morsures de serpent. ©️ REX Shutterstock/SIPA

L'association rappelle que Sanofi a cessé la production de Fav-Afrique, le seul sérum antivenimeux "certifié sûr et efficace" en 2014 (voir encadré ci-dessous), que les stocks seront périmés d'ici à juin 2016 et "qu'aucun produit de remplacement ne sera disponible pendant au moins deux ans". Selon des estimations citées par MSF, quelque 100.000 personnes décèdent chaque année à la suite de morsures de serpent, dont 30.000 en Afrique sub-saharienne.

Les morsures se produisent principalement dans les zones rurales où les personnes mordues renoncent à se faire soigner en raison du coût élevé du traitement (250 à 500 dollars par personne, soit environ 223 à 441 euros) ou se tournent vers les guérisseurs traditionnels, note encore MSF, qui invite l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à jouer "un rôle de premier plan" pour améliorer l'accès des populations aux traitements antivenin. En ce qui concerne Sanofi, MSF espère que le laboratoire "va mettre à disposition les substances de base nécessaires à la production du Fav-Afrique" et trouvera "une capacité de production pour affiner ce produit en antivenin qui pourra à terme remplacer Fav-Afrique".

Le laboratoire a pour sa part indiqué qu'il avait pris la décision de stopper la production de son antivenin en 2010 en raison des prix affichés par des produits concurrents fabriqués en Asie, en Amérique latine et en Afrique et sur lesquels "Sanofi Pasteur ne pouvait s'aligner" et avait entrepris de se concentrer sur la production d'un antirabique pour lequel "la demande est croissante et planifiable", a précisé mardi 8 septembre Alain Bernal, son porte-parole.

Ce dernier souligne également que le laboratoire "regrette" d'avoir dû arrêter la production du Fav-Afrique et "sensibilise depuis plusieurs années les autorités internationales de santé" sur ce problème. "Cette situation, que l'on peut considérer comme une défaillance de marché, démontre clairement comment la pression sur les prix conduit à faire des choix au détriment de la durabilité et de la fiabilité de l'approvisionnement et, potentiellement, de la qualité, avec un impact sur la santé publique", conclut M. Bernal.


Le sérum antivenimeux FAV-Afrique présente l'avantage d'être polyvalent. Il est efficace contre les espèces de serpents africains les plus dangereuses : cobra (Naja), mamba (Dendroaspis), vipères (Bitis, Echis, ...), etc.



Sciences et avenir 9/9/2015

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