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30 ans après... Loups, sangliers, élans... Tchernobyl, le paradis des animaux

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30 ans après l'accident, une étude a recensé la faune sauvage dans la zone d'exclusion autour de la centrale nucléaire : les grands mammifères y prospèrent... mieux que dans les régions habitées par les humains.

Le 26 avril 1986 se produisait l'accident nucléaire le plus important de l'histoire dans la centrale de Tchernobyl, dans l'actuelle Ukraine. Ses conséquences (dont le fameux "nuage" dont on a tenté de nous faire croire qu'il s'était sagement arrêté à la frontière française) ne sont probablement pas encore toutes évaluées aujourd'hui.

  loup dans la zone d'exclusion de Tchernobyl. (Valeriy Yurko)

Autour de la centrale, il y a aujourd'hui une zone d'exclusion interdite aux humains. Les animaux, eux, semblent pourtant trouver les lieux accueillants et y retournent pour s'y multiplier, du moins les grands mammifères. C'est en tout cas le résultat d'une étude qui vient d'être publiée dans la revue "Current Biology".

L'équipe internationale, emmenée par Jim Smith, professeur en sciences de l'environnement à l'université de Portsmouth (Angleterre), a étudié les populations de mammifères dans une zone de 4.200 kilomètres carrés autour de Tchernobyl. 


Conclusion ? Les résultats démontrent pour la première fois que, sans tenir compte des effets potentiels des radiations sur les animaux à titre individuel, la zone d'exclusion de Tchernobyl permet à une communauté abondante de mammifères de survivre, après près de trois décennies d'exposition chronique aux radiations".

D'après les données historiques mises en avant par l'université de Portsmouth, les premiers six mois après l'accident auraient "affecté la santé des animaux de manière significative". En revanche, les populations de ces animaux se seraient remises des effets des radiations en quelques années. Les comptages d'élans, sangliers et cerfs effectués entre 1987 et 1996 montrent que leurs populations auraient déjà été multipliées plusieurs fois dans cette période. Les sangliers auraient même atteint un pic de population avant de décroître à nouveau... mais à cause de l'augmentation du nombre de loups et une épidémie non liée aux radiations.

 Carte indiquant l'état de la contamination au césium 137 en 1996 sur la Biélorussie, la Russie et l'Ukraine. Voir la légende des couleurs dans le cadre en surimpression sur la carte. Sting CCBY-SA2.5 / Wikipedia

D'après les décomptes effectués par ces scientifiques, le nombre de gros mammifères, dont les élans, chevreuils, cerfs, sangliers et loups, serait aujourd'hui similaire à celui de quatre réserves naturelles non contaminées de la région (en Biélorussie). Les données étudiées ne comprennent cependant pas d'éléments concernant la santé ou le taux de reproduction des animaux, mais les chercheurs ont exclu que les populations actuelles de mammifères soient influencées par d'éventuels afflux en provenance d'autres zones.

"Il est très probable que le nombre d'animaux sauvages à Tchernobyl est plus important que ce qu'il était avant l'accident", explique Jim Smith. Cela ne veut pas dire que les radiations sont bonnes pour la vie sauvage, juste que les effets des habitations humaines, y compris la chasse, l'agriculture et l'exploitation forestière, sont bien pires".

Pour Jim Beasley, de l'université de Georgie, co-auteur de l'étude, "ces données uniques montrant un large éventail d'animaux, qui prospèrent à quelques kilomètres d'un accident nucléaire majeur, illustrent la résistance des populations sauvages lorsqu'elles sont libérées de la pression des habitations humaines".

Il faut bien insister sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une étude sur les conséquences des radiations sur la santé des animaux à titre individuel, mais bien de la capacité d'espèces à s'installer et prospérer dans une zone ainsi contaminée.

On doit également signaler quelques bémols. Tim Mousseau, de l'université de Caroline du Sud, qui étudie les populations d'oiseaux dans la zone d'exclusion, explique ainsi à la BBC : "L'étude s'applique seulement aux grands mammifères qui sont soumis à la pression de la chasse plutôt que la grande majorité des animaux - la plupart des oiseaux, petits mammifères et insectes - qui ne sont pas influencés par la présence d'habitations humaines".

Pour lui, l'étude montre que "laissées sans contrôle, certaines populations animales vont croître exponentiellement et éventuellement surpeupler une région". S'il pense que cette étude est "un pas très positif pour la recherche sur les impacts potentiels d'accidents nucléaires sur la santé et l'environnement", il estime aussi qu'il faut davantage de recherches sur le sujetIl n'y a pas de preuve que les animaux de Tchernobyl atteignent les niveaux de croissance de population qui sont fréquemment constatés dans d'autres régions où ils sont protégés de la prédation et de la chasse".

Pour Tim Smith, en revanche, "la zone de Tchernobyl est une zone d'expériences fascinante car elle nous permet d'étudier les transferts et les effets de la radioactivité sur le long terme. Il y a eu beaucoup d'expériences de laboratoire sur les effets des radiations sur les animaux et les plantes, mais elles sont généralement à court terme. Tchernobyl nous permet d'étudier les effets sur les animaux après des années d'exposition aux radiations".

Nous savons que les radiations peuvent être nocives à très hautes doses, mais les recherches à Tchernobyl ont montré qu'elles ne sont pas aussi nocives que beaucoup de gens le pensent. Il y a eu de nombreux rapports sur une vie animale abondante à Tchernobyl, mais c'est la première étude à large échelle qui prouve à quel point elle est résistante".

Les auteurs espèrent également que les données engrangées par leur étude pourront aider à comprendre les impacts environnementaux à long terme de la catastrophe de Fukushima, le second accident nucléaire le plus important de l'histoire.



L'OBS 6/10/2015

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