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Des vaches sauvages sèment la panique dans les Pyrénées-Orientales

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Plusieurs centaines de vaches sauvages se promènent librement dans les Pyrénées-Orientales. Un problème ancien qui ressurgit suite à une succession d'attaques. Sciences et Avenir fait le point sur la situation.

Aux abords de la frontière franco-espagnole, ce sont plusieurs centaines de vaches qui sont retournées à l'état sauvage. Elles circulent sur les routes escarpées près du Perthus et de L'Albère (communes du massif des Albères)

 Une vache Massanaise de la race Albera. La Massanaise CCBY-SA3.0

Fin septembre 2015, les gendarmes ont dû intervenir neuf fois afin de disperser des groupes de vaches errantes sur la D900 et l'A9. Selon le journal régional L'Indépendant, deux accidents ont eu lieu à quelques jours d'intervalle : une femme d'une cinquantaine d'années a été chargée puis encornée, lui causant une fracture du col du fémur et un homme en voiture a percuté une vache qui se trouvait au milieu de la chaussée du Perthus. 

Le sous-préfet de Céret a alors autorisé l'abattage d'une vingtaine d'animaux  au cours d'une opération "d'urgence". Il avait également déclaré : "C'est une menace. Ces vaches sont revenues à l'état sauvage. Elles sont peureuses et foncent facilement sur les gens. Elles se reproduisent de façon anarchique et on estime ce troupeau sauvage entre 300 et 400 bêtes. Il faut agir pour protéger la population, protéger le Perthus et les Albères". Dernièrement, c'est une fillette qui a été attaquée. Dimanche 11 octobre 2015, alors que l'enfant pique-niquait avec ses parents, une vache l'a chargée. La fillette a été évacuée vers le centre hospitalier de Perpignan. Heureusement elle s'en tire seulement avec un hématome.

Après la décision du sous-préfet, la fondation Brigitte Bardot a réagi début octobre 2015 avec une lettre ouverte adressée à la préfète des Pyrénées-Orientales, Josiane Chevalier. Dans cette lettre que Sciences et Avenir a pu se procurer, Christophe Marie, le directeur du pôle animal de l'association dénonce l'abattage indiquant que la fondation Brigitte Bardot gère "depuis quelques mois et avec succès, une situation similaire dans les Bouches-du-Rhône". Il rappelle également que Brigitte Bardot était intervenue il y a sept ans alors qu'un arrêté autorisant l'abattage de ces mêmes vaches avait été pris déclarant que "sept ans après, les erreurs du passé n'ont visiblement servi à rien, elles se répètent et la situation reste la même".

Le problème remonte à une vingtaine d'années, lorsqu'un important éleveur espagnol a mis fin à ses activités. Totalement livrées à elles-mêmes, les vaches ont continué de se reproduire faisant parfois parler d'elles dans les journaux. Par exemple, La Dépêche titrait en nvovembre 2008 sur une action d'abattage clandestine menée par quelques chasseurs

Les vaches de race massanaise (du nom de la rivière qui coule dans les Albères) pourraient faire le bonheur d'un éleveur alors pourquoi restent-elles ainsi ? Car aujourd'hui elles ne sont pas recensées et aucune traçabilité de la viande n'est possible. Madame Chevalier s'était donc empressée de répondre à la lettre de la fondation Brigitte Bardot : "À mon arrivée, en septembre 2014, j'ai entrepris de mettre en place une politique de reconnaissance et de valorisation de cette race autochtone sur le modèle de ce qui se pratique en Espagne". Elle confie également vouloir solliciter une aide européenne en vue d'un partenariat transfrontalier pour l'exploitation du cheptel

Alors où en est-on aujourd'hui ?

Contacté par Sciences et Avenir, Gilles Giuliani, le sous-préfet de Céret nous a confié qu'à l'heure actuelle, 20 à 25 vaches avaient été abattues. "Il y a différentes démarches dans ce dossier : la démarche sur le long court, la démarche scientifique, la démarche contre l'errance et les mesures d'urgence. Actuellement, nous avons pris des mesures d'urgence".

Le jeudi 15 octobre 2015, M. Giuliani a rencontré plusieurs personnalités catalanes afin de "traiter le problème de fond" en avouant que "il y a 7 ans, il y a eu un abattage, mais rien ne s'est fait après"


Cette race est reconnue par un décret royal de l'autre côté de la frontière sous l'appellation de vache de l'Albera. Catalans et Français se sont alliés dans un projet de reconnaissance et de promotion de cette race. "Pour cela, un dossier de demande d'aide à la POCTEFA est en cours de préparation", explique le sous-préfet. Il pourrait permettre d'obtenir des subventions indispensables à l'exploitation du cheptel. Ces fonds permettraient aussi de construire des enclos, dépister les animaux pour d'éventuelles maladies et de les identifier

D'après Gilles Giuliani, il faudrait 4 à 5 ans pour que tout se mette en place, qualifiant le projet de "passionnant". Le dossier sera finalisé pour le printemps 2016, puis envoyé aux autorités compétentes. Jusque-là, le sous-préfet admet que les animaux qui divaguent devront être abattus.


Sciences et avenir 16/10/2015

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