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Admin-lane

Les #animaux pratiquent-ils l'#automédication ?

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De nombreux animaux ont recours aux plantes pour se soigner. Peut-on pour autant parler d'automédication ?

La médecine n'est pas le propre de l'homme, ni même de ses cousins primates
. Aristote notait déjà que chiens et chats se purgeaient en consommant des plantes

 Selon la primatologue Sabrina Krief, les chimpanzés se transmettent la connaissance des soins. ©️ Thomas Lersch ccbysa-2.5

Depuis, les éthologues ont constaté que :

- les porcs du Mexique recherchent les racines de grenade, qui contiennent un alcaloïde efficace contre le ténia

- Le tigre indien, lui, ingère des fruits qui éliminent les parasites présents dans les intestins des herbivores dévorés

- Et le loup d'Amérique du Sud consomme une solanacée contre les troubles gastriques.

C'est aussi le cas d'autres animaux tels que les oiseaux, les abeilles, les lézards, les éléphants... Ils partagent tous un trait commun : l'automédication ! Tous consomment des plantes pour se soulager ou prévenir les maladies ou pour se débarrasser ou se prémunier de parasites tels que vers plats, bactéries et virus.. ou tout simplement pour faciliter la digestion ! Même les créatures avec des cerveaux de la taille d'une tête d'épingle savent quelles plantes ingérer ou les utiliser de manière inhabituelle quand ils en ont besoin

En avril 2013, Mark Hunter, biologiste à l'université du Michigan (États-Unis), contestait pourtant dans la revue Science le terme d'automédication, car chez certaines espèces, il ne s'agit pas tant de se guérir soi-même que de soigner les autres.

- Les fourmis des bois incorporent ainsi à leurs nids une résine antimicrobienne tirée de conifères pour prévenir toute invasion microbienne

- Les papillons monarques infectés par des parasites protègent leurs œufs en choisissant pour pondre des plantes indemnes de pathogènes

S'agit-il de pratiques innées ou acquises ? Difficile de trancher. 

Cependant, "il y a un parallèle fort à établir avec l'épigénétique chez les humains. Nous comprenons désormais que les choix diététiques faits par les parents influencent la santé à long terme des enfants", s'étonne Mark Hunter. 

De son côté, après des années d'observation, la primatologue française Sabrina Krief, du Muséum national d'histoire naturelle et commissaire de l'exposition Sur la piste des grands singes, estime que chez les chimpanzé, une partie au moins de la connaissance des soins par les plantes est transmise par le groupe.


De nombreux animaux s'auto-prescrivent des plantes qu'ils trouvent autour d'eux quand ils ont besoin d'un remède.

Les ours, les cerfs, les wapitis, et divers carnivores, ainsi que les grands singes, sont connus pour consommer des plantes médicinales, apparemment liées à l'automédication.

Certains lézards se protégent d'une morsure d'un serpent venimeux en mangeant une certaine racine pour contrer le venin.

Les babouins en Ethiopie mangent les feuilles d'une plante pour lutter contre les vers plats qui causent la schistosomiase.

Les mouches des fruits pondent leurs œufs dans les plantes contenant des niveaux élevés d'éthanol quand elles détectent des guêpes parasitoïdes, une manière de protéger leur progéniture.

Les aras rouges et verts, et de nombreux autres animaux, mangent de la terre pour faciliter la digestion et tuer les bactéries.

Les femelles singes laineux et araignée du Brésil ajoutent des plantes à leur régime alimentaire pour augmenter ou diminuer leur fertilité.

Les femelles lémuriens gestantes à Madagascar grignotent des feuilles de tamarin et de figuier et de l'écorce pour favoriser la production de lait, tuer les parasites et augmenter les chances d'une naissance réussie.

Les éléphantes gestantes au Kenya mangent les feuilles de certains arbres pour faciliter la mise bas.

 Les bonobos ont été vus à plusieurs reprises avaler des feuilles de Manniophyton fulvum sans les mâcher. ©️ Ltshears ccby-sa3.0

• Le dernier exemple de l'automédication parmi les grands singes implique les bonobos. La chasse aux excréments d'une colonie observée, a permis de révéler comment les bonobos font face aux parasites... Les bonobos avalent sans les mâcher des feuilles de Manniophyton fulvum. Cette plante ne fait pas partie du régime alimentaire des bonobos, mais elle les aide à lutter contre les parasites.  

  Manniophyton fulvum est une plante grimpante vigoureuse qui peut produire des tiges de 30 mètres ou plus de long et jusqu'à 12 cm d'épaisseur. (c) tropicalthe ferns.info 

Barbara Fruth de l'Institut Max Planck pour l'anthropologie évolutionnaire à Leipzig, qui a dirigé l'étude, émet l'hypothèse que, outre de les débarrasser des parasites internes, cette plante pourrait guérir les blessures causées par ces parasites et avoir aussi des effets anti-inflammatoires . Source PNAS

En Afrique, les humains utilisent la plante sous diverses formes pour de multiples usages :

- Les tiges de Manniophyton fulvum sont utilisées en Afrique centrale pour fabriquer des pièges.

- Les tiges cassées sont utilisées dans la vannerie.

- L'intérieur de l'écorce est roulé en lignes étroites et noué dans les filets pour la chasse. L'écorce est également utilisée pour fabriquer de la corde et du fil. Elle fournit une fibre solide, résistant à la pourriture et est largement utilisée pour faire des lignes, des cordes et des filets par les pêcheurs et les chasseurs.

- Au Nigeria, les graines cuites sont consommées comme nourriture et les feuilles sont broutées par les moutons et les chèvres.
  
En médecine traditionnelle africaine : 

- la racine, la tige, l'écorce et les feuilles sont crédités de propriétés analgésiques
 et utilisés contre la diarrhée, les maux d'estomac, la toux et la bronchite.

- La sève rouge de la tige est créditée de propriétés hémostatiques et est utilisée pour guérir les blessures. Elle est également utilisée contre la dysenterie, les hémorroïdes, l'hémoptysie et la dysménorrhée.

- En Côte d'Ivoire la sève de la tige est utilisée contre les infections cutanées et les menstruations douloureuses. Des décoctions souches sont sensées guérir la gonorrhée.

- Le jus de feuilles ou de la poudre de feuilles sèches est saupoudré sur les plaies. Le jus de feuilles est également utilisé contre les problèmes cardiaques, des problèmes d'oreille, les caries et la folie.

- Les décoctions de feuilles sont utilisées en cas d'inflammations, et la feuille écrasée est appliqué pour le traitement de l'inflammation de la gorge.

- Les graines sont utilisées contre les hémorroïdes et des troubles sanguins.
Source prota4u.info

Sciences et avenir 7/12/2015

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