Invité Posté(e) le 19 février 2010 Docteur ès poissonsImage DRQuand il s'agit d'opérer une carpe koï, Ralph Knüsel laisse le bistouri à son père, vétérinaire pour petits animaux. La tâche du docteur ès poissons est tout aussi délicate: assurer la narcose.Le vétérinaire lucernois Ralph Knüsel soigne uniquement des poissons. Sur sa table d'opération: des carpes koï!Vincent Donzé - le 15 février 2010, 21h31Le MatinPoser un poisson sur la table d'opération, c'est un acte chirurgical devenu banal pour le vétérinaire lucernois Ralph Knüsel (36 ans). «Mes patients sont des poissons.» Pas une truite ni même un brochet. «Un pêcheur ou un éleveur n'est pas attaché à une truite en particulier et la valeur du poisson ne justifie pas une intervention.» Mais une carpe ornementale, c'est autre chose...«Certaines carpes koï mangent dans la main de leur maître», rapporte Ralph Knüsel. Encore plus fort: «Les plus domestiquées reconnaissent celui qui les nourrit par les vibrations de ses pas.»Un tel attachement explique pourquoi les propriétaires font appel au vétérinaire quand leur carpe se porte mal.Ralph Knüsel intervient à domicile pour éliminer des bactéries ou des parasites, principaux ennemis des poissons. Mais, quand il diagnostique un cancer sur une carpe japonaise valant des centaines voire des milliers de francs, il assure son transport jusqu'à Rain (LU), au siège de Fischdoc.«Ce qui différencie un poisson d'un chien en salle d'opération, c'est la narcose», indique le docteur ès poissons. Et pour cause: «Ce n'est pas l'air mais l'eau qui transporte l'oxygène...»Avant d'être posé sur la table d'opération, le poisson est endormi dans un bac pour une demi-heure. La tâche de Ralph Knüsel consiste à surveiller le rythme de la respiration et l'apport en eau, en humidifiant le patient, mais c'est son père qui tient le bistouri.Mode alémaniqueLes carpes koï sont surtout prisées dans les jardins alémaniques, comme animal de compagnie. Ralph Knüsel intervient parfois chez des passionnés romands, mais il les renvoie généralement chez Matthias Escher, vétérinaire à Ulmiz (FR).Une injection d'antibiotique, c'est un remède courant pour les spécimens rares. Mais, face à des bactéries ou à des parasites, c'est l'eau du bassin qui est traitée par le vétérinaire, qui intervient aussi dans les piscicultures. «L'agent pathogène est introduit quand on lâche de nouveaux poissons», précise le vétérinaire.Il mange du poissonS'il a opté pour les poissons pendant ses études universitaires, c'est au détour d'un doctorat axé sur les maladies des truites. Mais soigner les poissons ne l'empêche pas d'en manger: «Sauf des carpes koï, qui ne sont pas faites pour ça».Et si Ralph Knüsel ne va pas à la pêche, c'est uniquement parce que son métier ne lui en laisse pas le temps.Poisson rougeDiagnostic: «Le poisson peut se blesser en sautant hors de son bocal ou en se grattant contre un caillou, en cas de parasites. La blessure est visible à l'oeil nu, mais le problème s'aggrave quand la plaie est attaquée par un champignon.»Remède: «On dit que je pose un sparadrap, mais, en réalité, c'est d'un spray qu'il s'agit. Après avoir détaché les écailles touchées, il faut nettoyer et désinfecter la plaie. La poudre forme un gel qui tient quelques heures. C'est suffisant pour soigner les muqueuses.»Truite Diagnostic: «Je n'interviens pas dans les rivières, mais dans les piscicultures qui servent au repeuplement et à la consommation. Si une hécatombe est constatée, je procède à un prélèvement pour vérifier la présence d'une bactérie au microscope.»Remède: «Le traitement n'est pas individuel. Pour protéger les consommateurs, nous préférons la vaccination aux antibiotiques. Les alevins de 5 grammes baignent 30 secondes dans une solution, mais, pour un poisson de 25 grammes, le vaccin est mélangé à la nourriture.»CarpeDiagnostic: «Quand une femelle n'a pas frayé ses oeufs en été alors qu'elle a grossi, le risque d'une tumeur est grand. Idem si la prise de poids n'est pas symétrique. Un scanner est utilisé, même si un kyste est décelable par palpation.» Remède: «La tumeur est opérée et le ventre est recousu. La peau cicatrise rapidement et l'eau qui peut s'infiltrer entre les points de suture s'évacue naturellement. C'est la narcose qui est délicate, les tubes d'eau et d'anesthésiant étant reliés aux branchies.» Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites