Animal 0 Posté(e) le 22 mai 2005 La simplicité volontaire Courant dominant dans nos sociétés industrialisées, la surconsommation pourrait bien un jour nous conduire tout droit à la catastrophe. À moins de revoir dès maintenant nos façons de consommer, estiment les tenants de la “simplicité volontaire". Le constat est des plus inquiétants. “L’Amérique du Nord qui compte seulement 6 % de la population mondiale utilise à elle seule 40 % à 50 % des ressources naturelles mondiales pour répondre aux besoins de ses citoyens", explique Serge Mongeau, auteur de La simplicité volontaire, plus que jamais… (Éditions Écosociété, 1998) et fervent défenseur de cette philosophie depuis plus de 15 ans. “Le Canada fait partie de ce groupe de pays riches qui portent la plus grande responsabilité des problèmes de pollution atmosphérique, d’exploitation des habitants des pays en voie de développement, d’épuisement des ressources et de destruction des espèces animales et végétales!” écrit-il. Au cœur de ce “désastre", la quête très contemporaine du bonheur qui incite les individus à se tourner vers “les temples de l’ère actuelle, ces immenses centres commerciaux qui permettent de rendre régulièrement hommage au dieu consommation.” Car désormais, plus qu’une simple façon de répondre à nos besoins les plus primaires, l’acte de consommer est devenu un véritable style de vie, une activité compulsive et incontournable qui aide à s’intégrer, “à vivre avec les autres et en être acceptés", souligne l’ancien médecin aujourd’hui reconverti dans l’édition et l’eudémonisme. Or, pour consommer, il faut, en amont, produire. Et cette production, d’aliments, de téléviseurs, de voitures, de laveuses, de meubles ou encore de services financiers, a une influence directe sur notre environnement, sur l’économie comme sur la société. Pour le meilleur? Oui, affirment les entreprises qui associent, théoriquement, consommation à création d’emplois, à liberté individuelle ou encore à enrichissement des peuples. Faux, rétorque Serge Mongeau, qui tient pour sa part les visites régulières au centre commercial et la société du “prêt-à-consommer-jetable-après-usage” responsables de tous les maux de cette fin de siècle: endettement, chômage, exploitation du tiers-monde, destruction de l’environnement, dégradation de la santé et accroissement des inégalités sociales et économiques. Son analyse: pour satisfaire l’ensemble de ses besoins en énergie, en vêtements, en nourriture et en multiples autres biens, un Canadien nécessite en moyenne 4,3 hectares de terre. Le hic, c’est que la surface disponible par habitant sur la Terre est actuellement de 1,5 hectare! Et cette surutilisation de notre environnement n’est pas pour changer, bien au contraire. En effet, un accroissement de 3 % à 4 % de l’économie mondiale risque d’engendrer en 10 ans la multiplication par 2 de la consommation des Occidentaux. Dans ce contexte, croit M. Mongeau, “nous approchons du point critique où une légère détérioration risque de tout faire éclater.” Simplicité volontaire, mode d’emploi La voie est sans issue? Non, estiment les adeptes de la simplicité volontaire, à condition de prendre conscience du lien existant entre notre façon de vivre et la situation mondiale de manière à modifier nos comportements afin de ne plus entretenir ce “système” jugé inhumain. L’exercice est difficile, croit Gérard Verna, professeur de gestion à l’Université Laval, car les citoyens aujourd’hui souffrent d’un problème de vision globale, voire de schizophrénie. “Le pompiste qui a perdu son emploi à cause de l’apparition des pompes à essence automatiques a été le premier à les utiliser pour économiser 3 ¢ sur son litre d’essence, sans se douter un instant que ce type d’habitude de consommation avait contribué à le mettre au chômage", explique-t-il. Se sortir de l’emprise de la surconsommation nécessite toutefois de prendre plusieurs mesures concrètes, draconiennes diront certains: couper dans ses sorties, son panier d’épicerie, refuser les nombreuses options gadgets que nous offrent les compagnies de téléphone, vendre son automobile – “une source de pollution qui coûte cher à entretenir!” –, se débarrasser de son téléviseur, ou encore détruire ses cartes de crédit pour se contenter d’acheter en fonction de ses moyens et fuir le cercle infernal de l’endettement… À problème endémique, mesures radicales! Simplicité volontaire ne veut pas pour autant dire pauvreté. Loin de là. “Il ne faut pas rejeter les commodités qui nous sont offertes, dit Serge Mongeau. Mais plutôt les considérer avec un œil critique et se demander s’il n’existe pas d’autres façons pour répondre à nos besoins.” La modération devrait selon lui constituer le fondement éthique de la consommation: satisfaire nos envies qui le méritent vraiment, ni plus, ni moins, se questionner sur la réelle nécessité des produits qu’on souhaite acquérir, opter pour des aliments non transformés, des fruits et légumes frais, cultivés près de chez nous. Moins d’argent, plus de temps Si ces mesures visent à limiter le gaspillage des ressources naturelles ou encore l’exploitation des travailleurs dans le monde, elles transforment également en profondeur la vie de celui qui les adopte. Pour le mieux, paraît-il. En effet, si on limite volontairement sa consommation, le besoin d’argent nécessaire à soutenir un haut niveau de vie et à rembourser les dettes contractées se fait du même coup moins pressant. Conséquence: l’adepte de la simplicité volontaire peut alors se permettre de moins travailler et dispose alors de temps supplémentaire, d’ordinaire consacré au travail ou au magasinage, “pour renouer avec la vie", conclut Serge Mongeau. Fabien Deglise Source: Protegez-vous.qc.ca Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites