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Foie Gras: le débat


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Good PR exposé, citing research financed by the industry. If you
have an
opinion : forum@l...

FOIE GRAS : LE DÉBAT

La Presse 6 mars 2005

En septembre dernier, la Californie adoptait, sous la pression des
grouopes
de défense des animau, une loi interdisant la production et la vente
de foie
gras d'oie et de canard. La production de foie gras gagne en
importance au
Québec : faut-il s'inquiéter ?

Texte de Ariane Krol

Vous ne trouverez bientôt plus de foie gras à l'épicerie fine Les
Douceurs
du marché. Après avoir lu un article dénonçant les conditions de
gavage des
canards, le propriétaire a décidé de ne plus en commander. « Les
animaux
sont forcés à manger, ils souffrent, beaucoup meurent », raconte René
Lavallée, encore sous le choc.

Le débat sur le foie gras, qui est pratiquement inexistant ici, a
pris des
proportions spectaculaires en Californie. Appuyés par des vedettes
comme
Paul McCartney, les défenseurs des animaux ont exercé d'intenses
pressions
pour faire interdire la production et la vente de ce produit phare
de la
gastronomie. Le seul producteur de l'Etat, Sonoma Foie Gras, et un
restaurateur de San Francisco ont même été victimes d'intimidation
et de
vandalisme.

Le 29 septembre, le gouverneur Arnold Schwarzenegger s'est
finalement rendu
à leur argument en adoptant une loi interdisant non seulement de
gaver les
oiseaux, mais aussi de vendre tout produit obtenu à partir de
volatiles
gavés, même s'ils proviennent de l'extérieur de la Californie. La
mesure
s'appliquera en juillet 2012.

Pour les défenseurs du bien-être animal, c'est l'une des plus grandes
victoires législatives jamaisobtenues aux Etats-Unis, souligne le
président
de Farm Sanctuary, Gene Bauston. Des projets de loi antigavage sont à
l'étude dans au moins trois autres Etats (New York, Illinois,
Massachusetts)
et plus de 500 restaurants ont promis de ne jamais servir de foie
gras.

Les Canadiens, eux, sont de plus en plus friands de cet abat
onctueux. « Il
y a 10 ans, on en vendait au maximum cinq ou six kg par semaine.
Maintenant, çà monte parfois jusqu'à 200 ou 300 kg », témoigne Bruno
Marie,
propriétaire de Marché Transatlantique, un distributeur dusecteur de
la
restauration.

Le Québec, exportateur

Tous les producteurs canadiens de foie gras se trouvent au Québec.
Leurs
exportations, en grande partie destinées aux Etats-Unis, ont
augmenté de 34%
en quatre ans et frisaient les 2,5 millions de dollars l'an dernier,
calcule
Michel Marquis, économiste au ministère québécois de l'Agriculture
(MAPAQ).
Le précé.dent californien va-t-il leur couper l'herbe sous le pied?

« C'et sûr que ce n'est pas réjouissant », dit Francette Fleury, de
Palmex.
« Mais depuis que la loi a été adoptée en Californie, le téléphone
n'a
jamais autant sonné », souligne son mari Pascal, propriétaire de
cette
entreprise de Carignan.

Les ventes américaines se portent très bien, confirment les deux
autres
principaux producteurs québécois, Aux Champs d'Elisé et les Elevages
Périgord. Mais tous sont conscients que le gavage est devenu un sujet
délicat. Palmex est la seule des trois à avoir accepté d'en faire la
démonstration devant notre photographe.

Palmex utilise des canards mulards, race hybride considérée comme la
mieux
adaptée à cette production. Ils sont gavés à partir de 12 semaines,
âge
auquel ils auraient été envoyés à l'abattoir s'ils avaient été
élevés pour
leur chair. Au cours des deux semaines prjécédentes, ils ont été
soumis à
un prégavage : la nourriture auparavant offerte sans restriction est
mise à
leur disposition seulement deux, puis une fois par jour. Les
volatiles ont
ainsi tendance à faire des réserves dans leur jabot, ce qui favorise
l'extension de cette poche. Ils passeront les 14 derniers jours de
leur vie
dans une salle de gavage où ils recevront, directement dans leur
jabot, deux
rations quotidiennes de nourriture dont le poids augmentera
progressivement.

Les groupes de défense des animaux affirment que le gavage, qui rend
le foie
des volatiles jusqu'à 10 fois plus lourd, est cruel et inhumain. Mais
comment savoir ce que ressentent ces oiseaux dotés d'un système de
digestion
et d'assimilation des graisses for différent de celui de l'être
humain ?

« Avant de faire des expériences sur les palmipèdes au moment du
gavage,
j'étais persuadé que j'allais avoir des réponses de stress. Ma
première
expérience était construite pour le montrer », raconte Daniel
Guémené, de
l'Institut National la recherche agronomique (INRA) de Tours, en
France.

Il s'attendait à ce que le niveau de corticostérone dans le sang,
une mesure
classique du stress, augmente au moment du gavage, comme cela se
produit
lorsque les canards subissent une contrainte physique telle que la
capture
ou la contention. A sa grande surprise, les expériences menées sur
des
oiseaux en cages individuelles n'ont rien détecté. Une recherche
visant à
mesurer la sensation de douleur dans le jabot n'a pas été beaucoup
plus
concluante, seuls quelques canards ayant montré de légers symptômes
à la
toute fin de la période de gavage.


Une prédisposition naturelle

Une étude menée sur des canards en parc a constaté que ceux qui
étaient
gavés avaient moins tendance à se rendre volontairement dans l'aire
de
repas. Par contre, chez les animaux en cagte individuelle, la
réaction
d'évitement envers le gaveur diminue au fil des jours.

Les éleveurs rappellent constamment que les palmipèdes ont tendance à
stocker de l'énergie dans leur foie avant la migration. Selon eux,
le gavage
ne fait qu'exploiter cette prédisposition naturelle. Aucun canard ne
mangerait autant en si peu de temps, rétorquent les défenseurs des
animaux,
en soulignant que cet engraissement forcé provoque une maladie
appelée
stéatose hépatique. Et la réversibilité du phénomène – les canards
qu'on
cesse de gaver retrouvent un foie intact en quelques semaines – ne
le rend
pas moins grave à leurs yeux.

Les conditions d'hébergement durant le gavage suscitent aussi de vifs
débats. Les militants et certains producteurs montrent du doigt les
élevages qui utilisent des cages individuelles placées sur des
treillis dans
lesquelles les oiseaux ne peuvent ni marcher au sol ni déployer
leurs ailes.
Les éleveurs qui ont adopté cette méthode et certains chercheurs
affirment
que le gavage en parc augmente le stress et les risques de blessures
chez
les animaux.

Cela dit, la science manque cruellement de réponsees sur ce
qu'éprouvent les
volatiles soumis au gavage, d'autant plus que certaines études, dont
celle
de Daniel Guémené, ont bénéficié du soutien financier de la filière
française du foie gras. Et les images d'oiseaux morts ou blessés que
font
circuler les opposants au gavage ont beaucoup d'impact sur l'opinion
publique. « Si on veut des images-chocs, on aura toujour le moyen
d'en
faire. Dans un élevge de 10 000 poulets, on en trouvera toujours
plusieurs
de boiteux et de morts », objecte Daniel Guémené.

Les éleveurs québécois que nous avons interrogés assurent qu'ils
traitent
leurs canards le mieux possible puisque la qualité et donc le prix du
produit final en dépendent. Ils ont l'impression que le foie gras,
une
denrée de luxe produite et consommée à petite échelle en Amérique du
Nord, a
servi de cible facile aux défenseurs du bien-être animal, qui
n'auraient
jamais pu obtenir une telle victoire aux dépens des éleveurs de
poulet, de
porc ou de bœuf. « Le reste de l'industrie est très forte
financièrement.
Nous, on nous donne un petit coup sur la tête et on est mort. Aux
Etats-Unis, c'était facile de taper sur le gars (Sonoma Foie Gras)
qui était
tout seul et qui n'avait pas des millions pour se défendre », fait
valoir
Pascal Fleury.

Des humains « déconnectés »

Julien Dupont, enseignant retraité de la région de Québec, a choisi
de
limiter la taille de sa production pour garantir à ses canards les
meilleures conditions de vie possibles : il les nourrit de mais en
grain non
OGM sans pesticides, ne leur donne aucun médicament, les élève dehors
jusqu'au garave, les laisse ensuite circuler dans un enclos et les
gave
lui-même avec soin.

Pourtant, il est consterné par la tournure que prend le débat sur le
bien-être animal. « Le problème, c'erst qu'il est posé par des gens
qui ont
passé leur vie en ville à manger de la viande emballée carrée dans
des sacs
de plastique. Quand tu manges un steak, quand tu mets un homard
vivant dans
l'eau bouillante, est-ce cruel ? Je ne peux pas croire que des êtres
humains soient assez déconnectés de la terre pour ne pas comprendre
qu'ils
font partie d'un grand système écologique et qu'à un moment donné,
ce sont
eux qui seront morts et mangés par d'autres êtres vivants », dit le
propriétaire du Canard au Naturel.

LA RÉSISTANCE S'ORGANISE

« Ce sont les protestataires qui m'ont incité à mettre du foie gras
sur mon
menu » indique le chef Pascale Sauton, du bistrot Carafe, à Portland.
Lorsque des militants ont commencé à manifester devant les
restaurants de
l'Oregon pour qu'ils renoncent à servir du foie gras, Pascale Sauton
a
contacté tous les chefs qu'il connaissait pour organiser la riposte.

Lui qui n'avait jamais servi de foie gras dans son petite
établissement, de
crainte de ne pas avoir assez de volume, en vend aujourd'hui « en
quantité
industrielle ». « J'ai vendu environ 400 portions de foie gras en
décembre
et j'ai reçu à peu près 100 lettres de protestataires.

Le calcul est facile à faire, raconte-t-il avec amusement. Presque
tous les
restaurants de Portland qui avaient retiré ce produit controversé de
leur
carte ont recommencé à en sirvir, dit-il. « En génral, ils ne
remettent pas
le nom de foie gras, ils le servent en tant que duck liver. »

Les opposants au foie gras continuent tout de même à faire pression
sur les
grands noms de la gastronomie américaine, dont le chef Wolfgang Puck
et le
restaurant californien French Laundry de Thomas Keller.

LE FOIE GRAS DANS LE MONDE

Union Européenne : un comité scientifique a conclu en 1998 que le
gavage
nuit au bien-être des oiseaux et recommandé qu'ils ne soient plus
enfermés
dans des cages individuelles. Certains pays, dont l'Italie,
l'Angleterre et
la Pologne, ont interdit le gavage des palmipèdes, mais le foie gras
demeure
en vente libre partout.

France : ce pays est responsable d'environ 90% de la consommation et
de plus
de 80% de la production mondiales de foie gras, et les canards
constituent
la quasi-totalité du cheptel. La Belgique, l'Espagne et la Bulgarie
sont
les autres principaux producteurs de foie gras de canard, alors que
la
Hongrie et Israel se sont spécialisés dans l'oie. Mais Israel
pourrait
bientôt interdire le gavage.

Canada : aucune directive particulière ne s'applique au garave. En
1985, le
bureau de l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec s'est prononcé
contre
cette méthode de production, mais la question n'a pas été réexaminée
depuis.

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Wowwww C'est un article qu'on avait manqué ma belle Cé ! Il y a dedans plusieurs infos qui pourront nous être utiles ! thumleft

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