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Animal

Des visons qui deviendront des pantoufles

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19.09.2006

Le vison reprend du poil de la bête à Fontafie
L'élevage de visons de Beauregard va étendre son activité en collaborant avec un fabricant de charentaises de Montbron


Plusieurs heures par jour, Stéphane Goujon surveille ses visons qui deviendront bientôt des pantoufles • photo T. D.


Reproduction interdite
Thomas DUPRAT
Les charentaises prennent du poil… de vison. L'élevage Gonjon, créé en 1957 en Charente limousine, va fournir prochainement en peaux de ce petit mammifère carnivore venu des USA, la société du Relais de Montbron qui s'est récemment fait remarquer en commercialisant une charentaise réalisée en peau de ragondin, dont le cuir est fourni par des piégeurs locaux. Une innovation payante qui a donné des idées à Stéphane Goujon, responsable de l'élevage familial depuis 1984. Il y a quelques semaines le chef d'entreprise qui travaille avec de grandes maisons de couture, des marques de vêtements et beaucoup à l'export, a décroché son téléphone pour tenter de convaincre Julien Château, responsable de l'usine de confection de pantoufles, de se lancer dans l'aventure de la charentaise en peau de vison.
Ce dernier a immédiatement accepté: «J'ai été séduit par cette proposition, c'est original et en plus cela permet de faire tourner une économie purement locale.» Le lancement est prévu pour la collection automne hiver 2007-2008 avec une vraie nouveauté. «Elles pourront se porter aussi bien côté peau que côté poil. La réversibilité est quelque chose qui ne peut se trouver qu'en Europe. Et c'est sur cet aspect-là qu'il faut accentuer les efforts car sur la quantité les Chinois nous battent très largement», poursuit l'éleveur.
Cette contribution à la survie de la charentaise sera plus «symbolique» que primordiale sur le plan financier. L'élevage du vison est un métier difficile. Il n'y a plus que seize autres élevages dans l'Hexagone. «Notre seule chance par rapport à la production chinoise est de miser sur l'originalité de la teinte, la qualité du produit.» Illustration, Stéphane Goujon a récemment misé sur le vison «silver» à la robe argent très demandée sur le marché des grands fourreurs. [Publicité]


Dior, Chanel…
Des évolutions nécessaires pour cet élevage bientôt cinquantenaire qui a connu son apogée avec plusieurs sites d'élevage au début des années quatre-vingt. Avant une chute vertigineuse de la demande. Aujourd'hui, il ne reste plus qu'un site blotti dans une petite vallée, près du village de Fontafie : soixante mille visons répartis sous de petits hangars de tôle. «Nous avons à peu près 10.000 mères reproductrices et 2.000 géniteurs mâles. Chaque portée peut compter de cinq à six petits. A l'entrée de l'hiver, les effectifs culminent à 60.000 spécimens», explique Stéphane Goujon.
La plupart des visons sont abattus et dépouillés sur place. Les peaux sont ensuite envoyées dans des tanneries de la région parisienne avant d'être vendues à ses prestigieux clients qui n'ont besoin que de petites pièces de peaux, essentiellement pour effectuer de la «garniture».
«Nous travaillons avec Dior ou Chanel, mais 60 % de notre chiffre d'affaires s'effectue à l'étranger avec les marchés italiens ou allemands par exemple», explique le chef d'entreprise qui emploie une douzaine d'employés en Charente. Beaucoup plus en prenant en compte des emplois indirects.

http://www.charente.com/article.php?id_art...p;id_sequence=8

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