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Le premier médicament OGM autorisé en Europe

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Le premier médicament OGM autorisé en Europe

YVES MISEREY. Publié le 11 octobre 2006

La production annuelle d'une seule chèvre équivaut à celle de 90 000 prélèvements humains.
(P.Delort / Le Figaro)

L'ATryn contient une protéine anticoagulante présente dans le lait de chèvres transgéniques. Sa mise sur le marché a été décidée en août 2006.


L'INFORMATION est passée presque inaperçue dans la presse française. Une brève dans les Cahiers d'agriculture (septembre-octobre 2006), un article dans le numéro d'octobre du mensuel Biofutur. C'est pourtant une étape significative : en juin dernier, l'Agence européenne pour l'évaluation des médicaments (Emea) s'est déclarée favorable à la commercialisation du premier médicament transgénique. Il s'agit de l'ATryn, qui contient une protéine humaine anticoagulante présente dans du lait de chèvres génétiquement modifiées. Le 2 août dernier, la Commission de Bruxelles a confirmé l'avis de l'Emea. L'ATryn devrait être disponible sur le marché européen au début 2007.

L'ATryn est produit par GTC Biotherapeutics, une firme américaine basée dans le Massachusetts. Ce ne sera jamais un médicament de grande consommation. En effet, il est seulement destiné à des patients souffrant d'un déficit héréditaire d'antithrombine, une protéine anticoagulante présente normalement dans le sang humain. Cette maladie ne touche qu'une personne sur cinq mille. L'utilisation du mécidament sera limitée à des circonstances bien particulières: quand les patients subissent une intervention chirurgicale et ne peuvent plus prendre de molécules fluidifiantes, comme les héparines en raison des risques d'hémorragie.


Ce nouveau médicament n'a rien à voir avec une molécule chimique de synthèse. Il s'agit d'une copie de protéine humaine produite par une espèce animale. L'antithrombine contenu dans l'ATryn est présente dans du lait de chèvres transgéniques. La lignée d'animaux producteurs de ce « lait-médicament » a été obtenue en transférant le gène humain producteur de la protéine dans des embryons de chèvre. Ces derniers ont ensuite été implantés chez des femelles en gestation. Le taux de réussite de ce type d'opération très aléatoire est extrêmement faible, encore plus faible que celui du clonage. Si le transfert du gène est réussi on dit qu'il s'est recombiné. La nouvelle protéine est dite recombinante.


Manipulations très coûteuses« GTC a dû traiter des milliers d'embryons pour obtenir seulement un tout petit nombre de chèvres viables », souligne Louis-Marie Houdebine, de l'Inra (Institut national de recherche agronomique) qui travaille sur la même problématique, mais avec des lapins. GTC a ensuite été amenée à sélectionner la chèvre la plus performante, celle qui produisait le plus d'antithrombine dans son lait. La sélection classique a permis ensuite à la firme américaine d'obtenir une lignée qui génère désormais naturellement de l'antithrobine recombinante.


L'intérêt de toutes ces manipulations très coûteuses réside dans le fait que les quantités d'antithrombine recombinante sont beaucoup plus grandes dans le lait des chèvres transgénique (2 à 3 grammes par litre) que dans le sang humain (quelques microgrammes par litre). La production annuelle d'une seule chèvre équivaut à 90 000 prélèvements sanguins. De fait, l'ATryn se pose en concurrent de l'antithrombine issue des prélèvements sanguins.


Tout n'est pas parfait pour autant. En février 2006, l'agence européenne avait une première fois refusé l'autorisation de commercialisation de l'ATryn, estimant qu'il n'avait pas été essayé auprès d'un assez grand nombre de patients. En révisant son avis, l'Emea recommande d'ailleurs à la firme qui conditionne et commercialise l'ATryn de surveiller les personnes qui suivront le traitement.


Les protéines recombinantes sont encore au stade de la recherche. Les laboratoires butent encore sur plusieurs difficultés. L'antithrombine produite par les chèvres de GTC n'a pas tout à fait la même configuration que la protéine humaine naturelle. Du coup, elle est éliminée plus rapidement par l'organisme et donc moins efficace. Le risque de réactions imprévisibles du système immunitaire du patient reste actuellement encore une inconnue. Autre crainte : la transmission d'un agent infectieux comme le prion pour les bovins.


La décision de la Commission européenne d'autoriser l'ATryn apparaît aujourd'hui comme une forme de soutien à ce type de recherche. Depuis le mois d'août, la cote de GTC Biotherapeutics a fait un bond à la Bourse de New York.

http://www.lefigaro.fr/sciences/20061011.FIG000000056_le_premier_medicament_ogm_autorise_en_europe.html

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Lapins, souris, poules et vers à soie.
Publié le 11 octobre 2006


Trois entreprises travaillent dans le monde sur les protéines recombinantes produites dans du lait. GTC Biotherapeutics aux États-Unis, Pharming Group NV aux Pays-Bas et Bioprotein Technologies en France conduisent en priorité des recherches sur les lapins et les souris.

Les capacités des bactéries et des levures à produire des protéines recombinantes ont été explorées, mais avec un succès très mitigé. Les cultures de cellules animales constituent une ressource possible, mais beaucoup trop coûteuse à l'échelle industrielle.

Aujourd'hui, ce sont le lait (lapin, chèvre, souris, etc), le blanc d'oeuf d'oiseau (poule principalement) et les fils du ver à soie qui ont les faveurs des laboratoires de recherche pour une éventuelle production à grande échelle.

http://www.lefigaro.fr/sciences/20061011.FIG000000060_lapins_souris_poules_et_vers_a_soie.html

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