Animal 0 Posté(e) le 20 novembre 2006 Le suicide frappe fort chez les agriculteurs Le samedi 18 novembre 2006 Éric Langevin Le Nouvelliste Trois-Rivières "Dans le secteur Mékinac-Des Chenaux, le suicide a fait autant de ravage l'année dernière que les pires prédictions d'une pandémie de grippe aviaire." Cette image de Daniel Allard de l'Union des producteurs agricoles de Normandie campe bien la problématique du suicide chez les agriculteurs. En fait, les données montrent que quatre agriculteurs sur 125 ont passé à l'acte l'an dernier uniquement pour cette partie de la région. Le problème est sérieux. Tellement qu'un comité a été mis sur pied à l'UPA Mauricie pour trouver des solutions. Le premier défi est de briser l'isolement des producteurs. "On a de la difficulté à rejoindre les agriculteurs qui sont, de par leur nature, des gens solitaires, qui travaillent beaucoup et qui ne socialisent pas beaucoup", décrit M. Allard. "Les agriculteurs ne demandent pas d'aide pour eux. Ils vont tout donner pour leurs animaux, mais pour eux..." Lui-même à la tête d'une entreprise agricole, M. Allard est attristé de la situation mais pas surpris. "Je peux juste vous dire qu'on en a beaucoup dans le "pack sac". On est sous la loupe d'à peu près tous les ministères qui existent. On a des normes à respecter qui sont incroyablement difficiles. Et la réglementation, on n'en parle même pas. C'est sans compter le contexte de concurrence mondiale, les pressions financières des investisseurs et des institutions bancaires." "Les agriculteurs portent plusieurs chapeaux: chef d'entreprise, soutien financier, père de famille et tout ça c'est relié ensemble. S'il y a un aspect qui va mal, ça se sent partout!" mentionne Renée Quévillon du Centre de prévention suicide les Deux rives. "C'est sans compter aussi que plusieurs portent le poids des générations", ajoute l'intervenant qui vit aussi avec un agriculteur. Devant ce constat, le comité est à établir un ordre de priorité pour se mettre en action. "L'une des priorités comme intervenant, ça va être de se former pour comprendre la réalité des agriculteurs", indique Normand Lafrenière, intervenant au Centre de santé et de services sociaux Vallée-de-la-Batiscan. "On peut bien dire à un agriculteur de s'arrêter deux semaines pour reprendre le contrôle, mais c'est impossible." "On doit travailler aussi à démystifier la détresse psychologique", enchaîne Johanne Gauthier du CSSS Vallée-de-la-Batiscan. "Il faut faire comprendre aux agriculteurs que de demander de l'aide ce n'est pas un signe de faiblesse." Mais on part de très loin. Daniel Allard avoue que seulement d'amener le sujet à l'ordre du jour de l'UPA a demandé un grand effort. "Un moment donné, on s'est dit que ce n'est pas parce qu'on n'en parle pas que ça n'existe pas", maintient M. Allard. "Mon voisin me parlera probablement jamais de suicide, mais est-ce que ça se peut que je puisse déceler certains signes et lui offrir des références." Voilà la piste qu'entend suivre l'UPA. En collaboration avec les centres de prévention suicide les Deux-Rives et Centre-de-la-Mauricie/Mékinac, on veut créer un réseau Sentinelles. Il s'agit de former des gens qui côtoient régulièrement les agriculteurs - inséminateurs, vétérinaires, fournisseurs, etc - à reconnaître des signes de détresse psychologique. On souhaite que ces personnes soient aussi en mesure de guider les agriculteurs vers une ressource. Le comité met donc en branle des initiatives pour aider producteurs agricoles. Entre-temps, des textes sont publiés dans les journaux spécialisés. "Depuis qu'il y a publication des textes dans le journal, nous avons eu trois appels d'agriculteurs. En fait, un agriculteur et deux épouses pour nous demander de l'aide", indique Denise Rivard du Centre prévention suicide Centre-de-la-Mauricie/Mékinac pour démontrer que le besoin est réel. http://www.cyberpresse.ca/article/20061118/CPNOUVELLISTE/611181046/5407/CPNOUVELLISTE Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites