Animal 0 Posté(e) le 7 décembre 2006 Le jeudi 07 décembre 2006 L'époque où le chien devait, pour mériter sa pitance, effectuer divers travaux physiques semble bien loin quand on voit ce chihuahua. Photo Robert Skinner, La Presse ANIMAUX DE COMPAGNIE Vie de chien ou chienne de vie? François Lubrina La Presse Collaboration spéciale Aujourd'hui, vivre pleinement sa vie de chien (quand on est un toutou!) est autrement plus compliqué qu'autrefois. Jadis, la domestication canine (à l'exception de rares et très aristocratiques chiens de Cour totalement oisifs) se résumait à ce pacte non écrit : en échange de sa pitance, le meilleur ami de l'homme était chargé de missions précises et de travaux très physiques garder ou rassembler les troupeaux, chasser, tirer traîneaux ou petits chariots, protéger le logis... En 2006, nombre de chiens rongent leur frein (sinon les meubles), seuls à la maison, en attendant le retour du maître ou de la maîtresse. Ce désoeuvrement chronique, les longues et insupportables absences du chef de meute, sont pesantes à la fin. Causant, parfois, une sorte d'anxiété de séparation qui se manifeste par des hurlements à la mort, une destruction en règle du mobilier, des tapis, des portes... Mais le chien, depuis la révolution tranquille, s'est aussi trouvé une toute nouvelle vocation. Nourri comme un coq en pâte, Médor est de plus en plus utilisé de façon thérapeutique comme prothèse affective; comme anxiolytique aussi. Pour les couples qui ont des enfants tardivement, c'est, en effet, le parfait substitut infantile en attendant que le véritable bébé arrive. Ce qui explique le succès paradoxal de races au faciès franchement rébarbatif, mais aux proportions idéalement enfantines, comme le bouledogue anglais ou français avec sa grosse tête plantée sur un petit corps, à la manière d'un bébé! Lorsque les enfants ont grandi et quitté la maison, un chien arrive souvent à point pour combler le syndrome maternel dit du «nid vide». De la même manière, en cas de rupture, le chien remplira un immense vide affectif. Ses effets bénéfiques ont d'ailleurs été démontrés, lors du divorce des parents, sur les enfants de 6 à 11 ans. On constate, alors, moins d'angoisse et d'agressivité chez la mère et moins de stress aussi sur sa progéniture. Le malentendu et le malheur, par contre, c'est que cet animal qu'on humanise à outrance perd parfois tout sens des vraies valeurs canines. Un peu comme ces bambins tyranniques auxquels on passe tous les caprices. Car ce prétendu confort mobilier dont Pitou bénéficie n'est malheureusement pas ce qu'il recherche, ni par nature, ni par instinct. Animal de meute, en effet, il a surtout besoin d'autorité et de protection. La nature ayant horreur du vide, en cas de manque flagrant de leadership dans la famille, le meilleur ami de l'homme s'engouffrera très vite dans ce formidable créneau pour en devenir le chef. Voire pour se comporter en véritable tyran domestique. Quitte à se montrer hyper jaloux ou agressif envers le nouveau bébé ou le nouveau conjoint. Pour remettre le chien à sa juste place dans la hiérarchie familiale, il convient donc, et selon Didier Pondmer qui est éducateur canin, de poser des balises précises et de limiter son territoire: «Il faut lui interdire l'accès à la cuisine, au canapé; ne pas répondre à sa demande quand il veut s'amuser ou se promener, mais prendre soi-même l'initiative du jeu; refuser qu'il se mette à votre hauteur ou vienne poser les pattes sur vos épaules ...» Car le grand drame existentiel et le mal-être du chien, de nos jours, c'est de devoir se positionner à mi-chemin entre le monde des bêtes et celui des moins bêtes. Victor Hugo disait, en son temps, que le chien était un véritable «candidat à l'humanité». Aujourd'hui, ce fidèle domestique y est entré de plein pied. Au point de manger à table avec ses maîtres, et au risque d'en perdre la boule! http://www.cyberpresse.ca/article/20061207/CPACTUEL/61207027/1015/CPACTUEL Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites