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Le Canada défend la chasse au phoque (figaro)

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Le Canada défend la chasse au phoque

De notre envoyée spéciale aux îles de la Madeleine ISABELLE BRISSON. Publié le 10 février 2007Actualisé le 10 février 2007 : 22h20

L'année dernière, 350 000 phoques ont été « prélevés », pour certains à coup de hakapik, donnant ainsi une image négative de la chasse.

Photo DR


L'année dernière, 350 000 phoques ont été « prélevés », pour certains à coup de hakapik, donnant ainsi une image négative de la chasse.

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PUISQUE les quotas sont respectés et qu'il n'y a pas d'acte de cruauté gratuite perpétré sur les phoques, pourquoi empêcher la chasse ? Les ministères canadiens de la Pêche et des Affaires étrangères ont invité 8 représentants des médias européens (dont Le Figaro) dans le golfe du Saint-Laurent pour rencontrer les acteurs de cette chasse fortement réprouvée par les défenseurs du bien-être animal. Cette chasse de subsistance a commencé avec les Inuits il y a 3 000 ans et a pris de l'importance à la fin du XVIIIe siècle dans le golfe du Saint-Laurent.


Depuis 1983, la mise à mort des petits phoques du Groenland (Pagophilus groenlandicus) de moins de trois semaines, aussi nommés blanchons, a été interdite, tout comme celle des « dos bleus », petits des phoques à Capuchon (Cystrophora cristata). Aujourd'hui sont consommées au Canada la chair, la graisse et la peau des animaux de plus de trois semaines. L'Asie et la Russie sont les principaux importateurs, alors que les États-Unis, le Mexique et certains pays de l'Union européenne sont hostiles à cette chasse. La Belgique a été le premier pays à en interdire l'importation. Le Parlement européen a demandé un délai pour répondre à la demande d'interdiction de vendre des produits dérivés de phoque, le temps de produire une étude scientifique sur le caractère « humain » de cette chasse.


3 à 15 jours de chasse par an


À Cap-aux-Meules (îles de la Madeleine, Québec), comme à Twillingate qui dépend de la province de Terre-Neuve et du Labrador, la chasse est limitée à 3 à 15 jours par an, ce qui représente tout de même de 25 à 35 % des revenus de certains pêcheurs. De quoi payer l'entretien du bateau et les marins pour le reste de la saison.


Pour « récolter » des phoques (selon l'expression canadienne), les chasseurs sortent en mer même par - 40 °C. À Twillingate, ils utilisent majoritairement le fusil plutôt que le hakapik pour tuer les bêtes. Le hakapik est un bâton d'environ 1,50 m qui a contribué à donner une image négative de cette chasse. Muni d'une bague en acier, il est équipé d'un côté d'un petit percuteur, qui sert à frapper le crâne du phoque, et de l'autre d'un piolet. Ce piolet permet au chasseur de s'extirper rapidement de l'eau glacée en cas de besoin et de tirer le phoque mort sur la banquise. À Cap-aux-Meules, le hakapik est souvent utilisé, arme qui permet de tuer sans souffrance, parce que rapidement. « Le geste demande peu de force : un coup sec suffit à transpercer le fin crâne du loup de mer, comme on l'appelle ici, raconte Ghislain Cyr, un chasseur madelinot (des îles de la Madeleine) de 48 ans qui pratique cet exercice depuis trente ans. Le rude climat demande forme physique et connaissance de la glace. Nous repérons son épaisseur à sa couleur : quand elle est grise, elle est trop fine. » Et Jean-Claude Lapierre, président de l'Association des chasseurs rappelle qu'une blessure infectée par le contact avec le sang de la bête se gangrène facilement et peut mener à l'amputation. Voilà pourquoi ce n'est pas une partie de plaisir.


Aujourd'hui la chasse est strictement réglementée au Canada : le bateau doit posséder une licence à partir de 10 mètres et ne pas dépasser 20 mètres. Un quota annuel est attribué après études scientifiques en fonction de l'état du troupeau. L'année dernière 350 000 phoques ont été prélevés sur un troupeau estimé à 5,8 millions de têtes. Après avis scientifique, le gouvernement canadien devrait décider prochainement des quotas pour 2007. L'usage des armes, strictement réglementé, doit être immédiatement suivi d'une palpation destinée à vérifier si l'animal est mort. Des rondes de police sont effectuées régulièrement. Toutes ces recommandations sont enseignées aux jeunes chasseurs. C'est le réflexe natatoire post mortem qui a faussement fait croire aux amis des animaux que les phoques étaient dépecés vivants, expliquent les vétérinaires rencontrés sur place.


Mortalité élevée avant un an


Les phoques du Groenland migrent annuellement. Les populations de l'Atlantique Nord-Ouest passent l'été à l'est de l'Arctique canadien et au Groenland. Sevrés vers 12 ou 13 jours, les nouveau-nés se regroupent en mars sur la glace pour muer à l'âge de trois semaines. Vincent Ridoux et Cécile Vincent, de l'université de La Rochelle, confirment que les chiots (les petits) sont laissés à environ un mois par les adultes avec une réserve de graisse qui leur permet une certaine autonomie, le temps de découvrir comment trouver des proies. C'est seulement vers un an qu'ils parviennent à retrouver la taille qu'ils avaient au sevrage. Au cours de cette période, la mortalité est élevée. Les prises de la chasse s'ajoutent aux morts naturelles, même si certains des animaux seraient probablement morts lors de leur première année, puisque au moins 50 % des jeunes meurent avant d'atteindre l'âge adulte.
http://www.lefigaro.fr/sciences/20070210.FIG000001113_le_canada_defend_la_chasse_au_phoque.html

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